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“Le Musée Pouchkine” Cinq cents ans de dessins de maîtres
à la Fondation Custodia, Paris

du 2 février au 12 mai 2019



www.fondationcustodia.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 1er février 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jean-Honoré Fragonard (Grasse 1732-1806 Paris), L’Attaque, fin des années 1770. Encre brune à la pointe du pinceau et lavis brun sur un tracé à la pierre noire, 343x460 mm. Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou.
2/  Caspar David Friedrich (Greifswald 1774-1840 Dresde), Deux hommes au bord de la mer, 1830-1835. Pierre noire, plume et encre brune, lavis brun (sépia), 234x351 mm. Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou.
3/  Nikolaï Koupreyanov (Vlotslavsk 1894-1933 Moscou), Cheval rouge, 1924. Plume et encre noire, lavis gris, aquarelle, graphite, 265x343 mm. Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou.

 


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Interview de Marina Lochak, directrice du Musée Pouchkine,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 1er février 2019, durée 17'29". © FranceFineArt.
(avec l'aimable traduction de Souria Sadekova)

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires de l’exposition : Ger Luijten et Vitaly Mishin
L’exposition est conjointement organisée par le Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou et la Fondation Custodia à Paris.




La fondation Custodia propose en ce début d’année 2019 une exposition exceptionnelle autour des chefs-d’œuvre de la collection du Musée Pouchkine. Cette première grande rétrospective des œuvres graphiques du moscovite en France couvre les écoles européennes et russes, du XVe au XXe siècle.

À travers une sélection de plus de 200 œuvres, le public pourra saisir la richesse de cette remarquable collection. Dürer, Véronèse, Rubens, Fragonard, Tiepolo, Friedrich, Kandinsky, Picasso, Matisse, Modigliani, Chagall ou encore Malevitch sont mis à l’honneur aux côtés de grands noms de l’impressionnisme et du postimpressionnisme : Renoir, Degas, Toulouse-Lautrec et Van Gogh.

Présentée du 2 février au 12 mai 2019, l’exposition de le Fondation Custodia se déroule sur les deux niveaux de l’hôtel Lévis-Mirepoix, le premier étage étant consacré aux dessins anciens du XVe au XIXe siècle, tandis que les salons du bas accueillent les œuvres modernes du XXe siècle.

Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, poursuit ainsi sa volonté de proposer au public des œuvres rarement exposées en France : “Les dessins du Musée Pouchkine sont mondialement connus mais n’ont, pour certains, jamais été montrés en Europe, et je suis heureux d’accueillir ces trésors”.

Comme un écho, pour Marina Lochak, directrice du Musée Pouchkine, mue par le désir de diffuser les dessins du musée russe, “le choix de la Fondation Custodia à Paris sembla une évidence”. Elle considère “comme un rare privilège, la possibilité qui nous est offerte de présenter notre collection dans ses murs”.

Le Musée Pouchkine fut inauguré au début du XXe siècle. Ses collections furent fondées par le professeur Ivan Tsvetaev dès 1912, puis enrichies tout au long du siècle. Sa collection d’art graphique, qui comporte aujourd’hui plus de 350 000 gravures et 27 000 dessins, fut également construite grâce aux donations de collectionneurs privés russes, aux acquisitions et aux transferts d’œuvres, notamment depuis le Musée Roumiantsev, l’Ermitage, le Musée Russe et le Musée national d’Art moderne occidental.



Renaissances allemande et italienne

Les visiteurs seront plongés dans ce panorama de l’histoire de l’art du dessin en Europe avec les feuilles allemandes de l’extrême fin du Moyen-Âge et de la Renaissance, dont les Putti danseurs et musiciens d’Albrecht Dürer.

Ces œuvres allemandes seront entourées de dessins des maîtres italiens de la Renaissance et du maniérisme. Illustrant un thème de la culture humaniste, Vittore Carpaccio décrit un érudit dans son cabinet de travail (1502-1507), tandis que les profils délicats et la douceur du modelé des Études de têtes (1525-1527) de Parmigianino révèlent le talent du dessinateur parmesan.

Parmi les dessins du Cavalier d’Arpin présentés à la Fondation Custodia, deux furent réalisés pour un cycle décoratif sur la vie de saint Matthieu à la chapelle Contarelli de l’église Saint-Louis-des-Français à Rome. Ils sont les rares témoignages de la pensée de l’artiste en vue de toiles qui finalement ne furent jamais peintes.



Poussin, Rembrandt et Rubens, le XVIIe siècle

Parmi les dessins français du XVIIe siècle sont présentées trois feuilles de Nicolas Poussin, grand représentant de l’art classique, dont l’étude magistrale pour Zénobie trouvée sur les bords de l’Araxe (vers 1640).

Mais la section consacrée au XVIIe siècle de cette exposition est largement dominée par les dessins hollandais du Siècle d’or, parmi lesquels des paysages de Jan van Goyen, Allaert van Everdingen, Nicolaes Berchem, ainsi que des études de figures.

Les dessins de Rembrandt étaient souvent des notations faites sur le vif, lors de ses promenades. L’Étude d’une femme tenant un enfant dans les bras (vers 1650) du Musée Pouchkine est un bel exemple de ces rapides croquis à la plume, dans lesquels il préserve la pureté d’une impression.

Plusieurs dessins de Rubens ont fait le voyage de Moscou à Paris, et plus particulièrement le Centaure vaincu par l’Amour (1605-1608). Cette grande feuille est une étude faite d’après un marbre du IIe siècle avant J.-C., aujourd’hui au Louvre. Comme dans les œuvres de Rubens, la statue antique, dépourvue de toute raideur, semble animée de vie.



Le Siècle des Lumières

Représentatif du goût galant de ce temps, un dessin d’Antoine Watteau introduit l’art français du XVIIIe siècle. Il trouve une réponse dans la pose gracieuse et relâchée de la Jeune femme endormie de François Boucher (vers 1758-1760), une académie à la facture soignée et achevée qui en fait une œuvre autonome.

Dans le vaste corpus graphique de Fragonard, L’Attaque du Musée Pouchkine est l’un des dessins les plus prodigieux. Le cadrage resserré et le mouvement fougueux du pinceau dans la pose du lavis confèrent à cet affrontement une intensité et une grande force plastique. Le même sentiment de monumentalité se dégage de l’Étude pour la figure d’Hersilie, un dessin de Jacques-Louis David préparatoire au personnage central du célèbre tableau des Sabines conservé au Louvre.



Le XIXe siècle

Caspar David Friedrich, sans doute la figure la plus importante du romantisme allemand, ouvre le XIXe siècle. Cet artiste fut très tôt apprécié et collectionné en Russie. Le dessin de Deux hommes au bord de la mer appartient aux œuvres tardives de l’artiste. Le caractère contemplatif de cette feuille est typique de l’art romantique.

Après Ingres, Corot et Delacroix, la découverte des dessins du Musée Pouchkine se poursuit avec les œuvres de Renoir, Toulouse-Lautrec, Degas, mais aussi avec Gustave Moreau et Odilon Redon.

Seul dessin de Van Gogh conservé dans les collections publiques russes, le Portrait d’une jeune femme est lié à La Mousmé, toile peinte en juillet 1888 et conservée à Washington. Reproduisant le tableau, dont les couleurs sont décrites en marge, le dessin était sans doute joint à une lettre adressée à son ami Émile Bernard.



Matisse, Picasso, Kandinsky, les avant-gardes européennes et russes

La seconde partie de l’exposition est consacrée aux mouvements des avant-gardes européennes et russes qui s’exprimèrent dans la première moitié du XXe siècle, depuis Matisse et Picasso, jusqu’à Delaunay, passant par Signac, Juan Gris, Fernand Léger (représenté par sept dessins), mais aussi Franz Marc, Paul Klee, Giorgio De Chirico ou Modigliani.

Le Musée Pouchkine conserve un fonds important de dessins de Matisse. La plupart de ces œuvres furent données par Lydia Delectorskaya, secrétaire, amie et collaboratrice de Matisse. Son Portrait est l’un des chefs-d’œuvre de l’exposition. Effaçant et travaillant sans cesse son motif, Matisse s’éloigne peu à peu de l’aspect descriptif initial pour atteindre un dessin aux lignes solides et pures.

Si le dessin de La Danse nous paraît si familier, c’est qu’il est lié au célèbre tableau homonyme de Matisse conservé au MoMA de New York. Découvrant cette œuvre en février 1909 à Paris, le fameux collectionneur russe Sergueï Chtchoukine souhaita obtenir un panneau similaire pour orner son hôtel particulier à Moscou.

Un cabinet est consacré dans l’exposition aux six feuilles de Picasso provenant de la collection moscovite. Parmi elles, l’étude préparatoire pour la Composition à la tête de mort (1908) est caractéristique de l’esthétique cubiste, dont Picasso fut le grand interprète : avec ses couleurs soutenues, le rythme des objets décomposés et insérés dans un espace abstrait.

Comme une exposition dans l’exposition, les dessins russes évoquent les principales évolutions de cette école, depuis les membres des groupes artistiques du tournant du siècle (Mir Iskousstva, Goloubaïa, Union des peintres russes), jusqu’à l’art soviétique, dont les sujets nouveaux et les formules plastiques originales traduisent une réalité profondément modifiée. Si certains d’entre eux eurent une grande renommée en Occident dès leur vivant – Chagall, Kandinsky, Tatline ou Malevitch –, d’autres constituent une véritable découverte pour le public, comme Deïneka.

La Composition E de Vassily Kandinsky illustre parfaitement les recherches de l’artiste au début des années 1910. Fasciné par l’art synthétique, il explora l’interaction entre la peinture et la musique, faisant le parallèle entre la couleur et le son, la ligne et le rythme. Cette aquarelle devient ainsi une véritable symphonie chromatique.

En 1964, l’historien de l’art et collectionneur à l’origine de la Fondation Custodia Frits Lugt (1884-1970) voyagea en Russie et visita le Cabinet des Arts graphiques du Musée Pouchkine. Celui-ci était selon lui la dernière grande collection de dessins qui lui restait à découvrir dans le monde. Le public français peut désormais lui aussi découvrir les chefs-d’œuvre de ce musée.