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“Florence Lazar” Tu crois que la terre est chose morte…
au Jeu de Paume, Paris

du 12 février au 2 juin 2019



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 11 février 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Florence Lazar, Jeune militant, 2008. Photographie. FMAC, Paris.
2/  Florence Lazar, 125 hectares, 2019. Vidéo, Sister Productions, avec le soutien du Jeu de Paume, de la FNAGP et du Cnap.
3/  Florence Lazar, Kamen (Les Pierres), 2014. Film, Production Sisters production, avec le soutien du Cnap et de la FNAGP.

 


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Interview de Florence Lazar,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 février 2019, durée 10'33". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires : Sandra Cattini et Dean Inkster.
Production Jeu de Paume




« Tu crois que la terre est chose morte... C'est tellement plus commode ! Morte, alors on la piétine... ». Une tempête d’Aimé Césaire, Éditions du Seuil, 1969.

Florence Lazar (née à Paris en 1966) est artiste, cinéaste et photographe. Elle s’attache dans son œuvre à faire surgir des récits minoritaires dans des contextes géographiques et sociaux particuliers. Le recoursà l’enquête et l'attention portée au processus de transmission de l'histoire sont au coeur de son travail.

L’exposition de Florence Lazar au Jeu de Paume propose une mise en perspective de son oeuvre à travers une sélection de films et de photographies datant de 2000 à aujourd’hui. À la fin des années 1990, au sortir des guerres d'ex-Yougoslavie, Florence Lazar se saisit d’une caméra vidéo et se rend sur place. Elle a besoin de comprendre ce qui vient d’avoir lieu sur ce territoire tout à la fois proche, par son histoire familiale, et étranger, parce qu’elle vit en France et n’en parle pas la langue. La forme documentaire fait ainsi irruption et s'impose durablement dans son oeuvre.
Elle a ainsi réalisé un ensemble de films sur différentes situations issues du conflit en ex-Yougoslavie (la fin de la guerre, la chute de Milošević, la création d’une cour spéciale à Belgrade pour juger les crimes de guerre, la réécriture de l’histoire en République serbe de Bosnie). Parallèlement, elle a exploré d'autres contextes géographiques et sociaux, en s'intéressant à la restructuration urbaine d’une ville de la banlieue parisienne, Montfermeil, ou plus récemment, aux conséquences de l’usage massif du pesticide chlordécone dans les bananeraies antillaises. L’ensemble de ces oeuvres propose une relecture des évènements et questionne la notion de transmission dans des contextes d’entravement ou d’effacement de la mémoire collective. Ces problématiques se poursuivent dans son travail photographique où sont réanimés les débats nationaux et transnationaux autour de la période de la décolonisation et des fragments de l’histoire de la gauche autogestionnaire française.

L’enjeu de l’exposition est de rendre perceptible ces positions minoritaires et leur acuité, aussi bien dans l'urgence de la crise ou de la lutte qu’au regard de l'histoire. Dans le film Les Paysans tourné en 2000 au sortir de la guerre, un paysan serbe livre sa vision du régime de Milošević. Kamen (Les Pierres, 2014) retrace la manière dont la falsification de l’histoire s’impose comme prolongement de l'épuration ethnique dans l’actuelle République serbe de Bosnie. Faisant entendre une voix dissidente et féministe, le groupe de parole des Femmes en noir (2002) montre un hors-champ de la guerre en ex-Yougoslavie. Dans Confessions d’un jeune militant (2008), le père de l’artiste présente sa bibliothèque et redessine un cheminement intellectuel et militant à travers la gauche française.

Conjointement à cette sélection d’oeuvres anciennes, l’exposition du Jeu de Paume dévoile 125 hectares (2019), la nouvelle création conçue pour l'occasion par Florence Lazar en Martinique. L’artiste y montre le combat d'une agricultrice pour un système qui favorise une agriculture de subsistance fondée sur la biodiversité qui s’oppose à la monoculture de bananes mise en place dans les années 1930, en substitution de celle de la canne à sucre.

La Série photographique au collège Aimé-Césaire (2016) réanime les débats nationaux et transnationaux autour de la période de la décolonisation, à travers couvertures de livres, revues, affiches et cartes saisies par de jeunes collégiens. Objets culturels et corps en devenir produisent un hiatus entre toucher et connaissance.

Le corpus d'oeuvres de l'artiste traduit aussi une expérience du regard et de l’attention pour parvenir à discerner et à construire un point de vue. Rien n’est donné d’emblée. Aucune réponse en tant que telle, mais des fragments à assembler et des liens à tisser à partir de faits et de récits subjectifs défiant l'autorité de l'histoire dominante.

Au cours de la dernière décennie, le travail de Florence Lazar a été montré dans un certain nombre de festivals de cinéma documentaire, notamment au FID Marseille, au Cinéma du réel de Paris et au Festival international des films de femmes de Barcelone. Elle a reçu le prix qualité du Centre national de la cinématographie pour son film Les Bosquets (2012) et le prix de l’Institut français Louis Marcorelles au festival Cinéma du réel pour son film Kamen (Les Pierres) (2014).

Florence Lazar a auparavant exposé au musée d’Art moderne de la Ville de Paris (2010). Ses oeuvres figurent dans les collections de nombreuses institutions publiques françaises,comme le Musée de Grenoble, le Centre national des artsplastiques (CNAP), le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le Musée national d’art moderne/Centre Pompidou de Paris.