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“Jean-Baptiste Huynh” Infinis d’Asie
au Musée Guimet, Paris

du 20 février au 20 mai 2019



www.guimet.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 19 février 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jean-Baptiste Huynh, Huyen 3, 1999. © Jean-Baptiste Huynh,
2/  Jean-Baptiste Huynh, Inde - Mains 3, 2004. © Jean-Baptiste Huynh,
3/  Jean-Baptiste Huynh, Nature – Aubergine, 1998. © Jean-Baptiste Huynh,

 


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Interview de Jean-Baptiste Huynh,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 février 2019, durée 10'58". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Sophie Makariou, Présidente du MNAAG, commissaire générale
Jean-Baptiste Huynh, Commissaire




Pour ce nouveau rendez-vous photographique, le MNAAG invite Jean- Baptiste Huynh et son regard singulier sur l’Asie. Dans une scénographie épurée et intemporelle, conçue par l’artiste lui-même, se décline un travail ordonné, intime et introspectif à travers le portrait, le nu, l’univers minéral et végétal, ou encore les symboles spirituels emblématiques des pays dont il est familier depuis plus de vingt ans. Le visage, le regard, l’image de soi, la lumière, l’intemporalité et la relation à l’infini forment les thèmes récurrents de son oeuvre.

La recherche photographique engagée par Jean-Baptiste Huynh au musée national des arts asiatiques – Guimet a commencé il y a plusieurs années autour de la collection de miroirs, devenus corps célestes sous son regard. L’aboutissement de son entreprise artistique, profondément liée à son expérience de l’Asie, devait naturellement se poursuivre et se transformer sur les lieux mêmes d’une de ses inspirations majeures, les oeuvres exposées au MNAAG.

Organisée en trois grandes séquences, la scénographie de l’exposition adopte un principe de vis-à-vis des oeuvres présentées dans un espace ramené à une géométrie épurée.

Dans les premières salles, des portraits côtoient des natures mortes réalisés en Asie (Vietnam, Inde, Japon, Chine, Cambodge…). En se concentrant intensément sur les visages sur lesquels il capte l’empreinte de l’âge – comme le montre son travail sur une jeune vietnamienne, Huyen, dont il a saisi avec régularité l’avancement vers la maturité – Jean-Baptiste Huynh traduit son obsession du temps qui s’écoule et des physionomies qui évoluent, se trahissent et se révèlent.

Comme une réponse à la fuite du temps, l’artiste aborde les oeuvres du musée qui défient de leur audace artistique l’éphémère : bols à thé devenus cartographie de mondes mystérieux, miroirs aux indéchiffrables reflets, divinités bouddhiques rencontrées lors de déambulations dans les salles mais aussi lors de moments privilégiés dans les réserves.

Jean-Baptiste Huynh se plaît à rappeler que « notre image ne nous appartient pas et n’existe que dans le regard de l’autre ». La dernière partie de l’exposition évoque ainsi, à travers une série inédite intitulée Reflection, l’éclat et la spiritualité des visages. Avec un éclairage conçu spécifiquement pour ce dernier espace, les portraits féminins semblent apparaître au milieu des constellations inventées tout autant par la technique photographique de l’artiste que par sa méditation sereine.

Jean-Baptiste Huynh offre au public, dans une forme de rétrospective de son oeuvre et de rencontre privilégiée avec le musée, une Asie intensément personnelle, empreinte de la grandeur et du rayonnement de tous les visages aperçus au cours d’une histoire de passion et de fascination.

Jean-Baptiste Huynh est né en France en 1966, de mère française et de père vietnamien. Autodidacte, il apprend les techniques photographiques, d’éclairage et de tirage. De 2006 à 2012, il réalise une étude sur la lumière à travers cinq séries rassemblées dans l’ouvrage « Lumière » qui accompagne l’exposition personnelle que le musée du Louvre lui consacre en 2012, rassemblant des images inspirées des collections du musée. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs, Jean-Baptiste Huynh expose dans différentes galeries et musées à travers le monde.






Présentation de l’exposition :

À la quête de mon visage

Vietnam, premier voyage. Jusqu’alors, le monde est blanc, comme la plupart des visages des amis de mon enfance et de ceux qui entourent ma vie. Six heures du matin, trente-cinq degrés, je suis dans ce train Hanoi-Saigon pour découvrir ma famille de ce pays. Le contrôleur vérifie mon billet, mon passeport et me montre fièrement le badge qu’il porte où figure son nom : Huynh. Mon nom également. Imaginez : vous êtes au bout du monde, entouré de visages, de mots, de sons différents à tous vos référents. Ils vous sont étrangers. Vous pensez que vous n’êtes pas le même mais vous l’êtes quand même. Chaque nouvel instant reproduit cette évidence et vous la confirme. La prise de conscience est telle une lame : le même tranchant que lorsque vous vous regardez dans le miroir ; l’image réfléchie, infailliblement : c’est vous. Pendant ce tête-à-tête avec vous-même, votre histoire, votre culture, vos aspirations, jusqu’à votre langue s’évanouissent – moment suspendu où le temps a disparu. Durant ce voyage, entre rêve et révélation, un projet intime, introspectif et infini est né : découvrir l’origine de mon visage. L’Inde : révélation des sens, des visions, des sons, des épices, et l’arrivée de la couleur dans mon travail. À nouveau, les marchés, les lieux publics ou très peuplés. Je cherche et observe les foules, les ruelles, pour trouver lui ou elle ; une errance qui trouve un sens dans le regard de l’autre, ou plus précisément le mien dans le sien.
Jean-Baptiste Huynh



Au-delà du sensible
Un voyage se profile à travers le continent asiatique ; mais l’Asie envisagée au sens large. Chaque région est incarnée par des visages d’aujourd’hui et ceux-ci dialoguent avec un ensemble d’objets précieux et anciens, souvent liés à un rite ou une religion. On pourrait relever la dimension anthropologique du projet photographique, s’arrêter sur la morphologie des visages, sur leurs différentes beautés. Mais ce qui retient ici notre attention et peut intriguer, c’est le lien qu’entretiennent en fin de compte toutes ces images entre elles, en deçà ou au-delà de ce qui est physiquement représenté : le style, sans aucun doute, en ce qu’il est l’expression de l’homme, selon une formule bien connue. La pensée de Jean-Baptiste Huynh semble se construire à partir de la quête d’une forme. Une quête qui maintient sans cesse l’artiste en éveil et l’emmène d’un point à un autre de l’Asie. Un voyage « infini », pour reprendre un élément du titre de l’exposition. Un voyage dans l’infini, car au terme de son parcours, des images nous montrent des visages qui se perdent dans le cosmos.
Gabriel Bauret (extrait du catalogue de l’exposition)



Huyen
Pendant vingt ans, Huynh a voyagé dans le monde entier – Japon, Inde, Mali, Éthiopie, Pérou, Bolivie, Suède et États-Unis entre autres –, travaillant sans relâche sur plusieurs projets de livres et d’expositions. En dépit de ses voyages presque incessants, il n’a cessé de retourner encore et toujours à Hanoi pour réaliser de nouveaux portraits de Huyen. Modèle immuable, elle a cependant commencé à changer peu à peu. La série d’images retraçant son évolution recoupe naturellement le propre développement du photographe, inscrivant leur progression mutuelle au fil du temps, comme les années se suivent dans un album de famille. Huyen est ainsi devenue une sorte d’avatar de Huynh, voire même son alter ego asiatique. Sa sérénité imperturbable, sa présence authentique et son assurance dénuée de toute forme de gêne incarnent une essence à laquelle l’artiste tient énormément.
Maria Morris Hambourg (extrait du catalogue de l’exposition)



Mains
La Société des Francs Bibliophiles a donné carte blanche à Jean- Baptiste Huynh pour imaginer un livre d’artiste imprimé en héliogravure. Sa rencontre et ses échanges avec Fanny, artisan héliograveur, lui ont révélé que cette technique offrait une grande richesse de nuances dans les basses lumières et les noirs profonds. L’interprétation mystérieuse, intemporelle et pérenne de ses tirages noir et blanc l’a séduit. Ce procédé d’impression manuel a inspiré le choix du thème – la main – ainsi que de la femme photographiée – Dorcite, originaire du Bénin.



Un écho dans le sang : l’Asie en Jean-Baptiste Huynh
Dans la dernière série de Huynh, il s’est emparé d’une fascination pour les reflets qui lui vient de l’enfance. Chaque fois que les imperfections venaient brouiller la vision escomptée, il s’émerveillait de l’effet onirique ainsi produit. Désireux de faire sienne cette magie, il s’est rendu à Murano pour découvrir les secrets de fabrication des miroirs. Il a également fréquenté l’atelier d’un spécialiste parisien des vieux miroirs au mercure, qu’il a utilisés dans sa série Reflection. Cette série peut aussi être vue comme un hommage à l’éternel féminin, ou comme l’incarnation de l’identité asiatique, que l’artiste associe à la fluidité du mouvement, à l’harmonie des formes et à une économie de moyens absolue. Ces images peuvent aussi prendre un tour plus abstrait. Les figures flottent dans un espace où les fines particules de mercure, qui ont migré depuis le dos du verre, flottent également. L’obscurité environnante évoque le ciel nocturne, tandis que les particules s’apparentent à de la poussière cosmique ou aux rayons lumineux des étoiles les plus éloignées. Huynh nous rappelle que nous sommes en permanence plongés dans l’immensité de l’espace. La voûte étoilée qu’il vénérait dans sa jeunesse n’est tout simplement pas visible dans la journée.
Maria Morris Hambourg (extrait du catalogue de l’exposition)