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“Shunk-Kender” L'art sous l'objectif, 1957-1983
au Centre Pompidou, galerie de photographies, Paris

du 27 mars au 5 août 2019



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 26 mars 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Shunk-Kender, Niki de Saint Phalle dans son atelier, impasse Ronsin, Paris, 1961. Don de la Fondation Roy Lichtenstein en mémoire d'Harry Shunk et de Janos Kender (2014). Photographie: Shunk-Kender . © J.Paul Getty Trust. Tous droits réservés. © Centre Pompidou/MNAM-CCI/Bibliothèque Kandinsky, Photothèque RMN-Grand Palais.
2/  Shunk-Kender, Christo et Jeanne-Claude, La Côté empaquetée, 90 000 mètres carrés, taken during the project's installation. Little Bay, Sydney, 1968-1969. Don de la Fondation Roy Lichtenstein en mémoire d'Harry Shunk et de Janos Kender (2014). Photographie: Shunk-Kender . © J.Paul Getty Trust. Tous droits réservés. © Centre Pompidou/MNAM-CCI/Bibliothèque Kandinsky, Photothèque RMN-Grand Palais.
3/  Shunk-Kender, Daniel Spoërri, Micro-tableau piège, intégrant un photomontage représentant Harry Shunk et Jànos Kender, vers 1965. Don de la Fondation Roy Lichtenstein en mémoire d'Harry Shunk et de Janos Kender (2014). Photographie: Shunk-Kender. © J.Paul Getty Trust. Tous droits réservés.. © Adagp, Paris 2019. © Centre Pompidou/MNAM-CCI/Bibliothèque.

 


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Interview de Julie Jones, attachée de conservation, Cabinet de la photographie, Musée national d'art moderne
et de Chloé Goualc’h, archiviste, pôle fonds et collections, Bibliothèque Kandinsky, commissaires de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 26 mars 2019, durée 22'21". © FranceFineArt.
(à gauche Chloé Goualc’h, à droite Julie Jones)

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Julie Jones, attachée de conservation, Cabinet de la photographie, Musée national d'art moderne
Stéphanie Rivoire, cheffe du pôle fonds et collections, Bibliothèque Kandinsky
Chloé Goualc’h, archiviste, pôle fonds et collections, Bibliothèque Kandinsky




À partir du 27 mars, la Galerie de photographies du Centre Pompidou accueille une exposition consacrée au travail commun des photographes Harry Shunk (1924 - 2006) et János Kender (1937– 2009). Les images capturées par les deux artistes entre Paris et New York offrent un témoignage inestimable sur l’art de la fin des années 1950 jusqu'au début des années 1970. Sources documentaires d’une grande richesse, ces photographies sont aussi de véritables oeuvres d'art portées par le regard singulier de Shunk et Kender. L'exposition permet de découvrir quelques-uns des 500 artistes photographiés par le duo dans des contextes inédits.

Harry Shunk et János Kender se rencontrent à Paris en 1957 et s’associent rapidement, travaillant sur commande pour les artistes et leurs galeristes. Le duo immortalise les évènements artistiques parisiens tels que les vernissages et les performances mais aussi les artistes au travail, dans leur atelier ou à leur domicile. Shunk et Kender développent en effet une étonnante proximité avec les artistes qu'ils côtoient, comme en témoignent tout au long de l’exposition les portraits d’Yves Klein, Jean Tinguely, Andy Warhol, Robert Rauschenberg qui les acceptent au plus près, dans leurs ateliers mais aussi partout où l’oeuvre naît et vit.

Très vite le duo devient proche de Pierre Restany et des Nouveaux réalistes, et se lie d’amitié avec Yves Klein. De cette relation naîtront des milliers de clichés : Klein et ses peintures de feu, Klein et les anthropométries, Klein dans la sphère privée... mais surtout, le célèbre photomontage du Saut dans le vide (1960) dont plusieurs éléments préparatoires sont ici présentés. Harry Shunk et János Kender capturent aussi en image les séances de tir de Niki de Saint-Phalle, les dîners de Daniel Spoerri et les récupérations d’objets de Jean Tinguely ou Arman. Les arrachages d’affiches de Jacques Villeglé ou Raymond Hains et les premiers jours d’Andy Warhol à Paris passent également par leur objectif, produisant ainsi des témoignages photographiques de moments rares.

Présents aux soirées, aux vernissages des Biennales de Venise ou de Paris, comme à ceux organisés par les galeries d’Ileana Sonnabend ou d’Iris Clert, c’est aussi tout un milieu social que les photographies de Shunk et Kender offrent à voir. À cette période, les galeristes construisent des identités d'artistes qui prennent une nouvelle place dans l'espace public, à laquelle les photographies du duo donnent de la visibilité et du crédit.

En 1967, Shunk et Kender suivent Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely à Montréal, avant de s'installer à New York où ils sont hébergés par Claes Oldenburg, rencontré à Paris lors de sa première exposition à la galerie Sonnabend en 1964. Ils fréquentent alors les milieux artistiques américains, travaillent pour la presse alternative de l’époque, telle que Other scenes, et documentent les grandes expositions pionnières de leur époque comme Software au Jewish Museum de New York (1970). Le duo photographie aussi les performances de Yayoi Kusama et Nam June Paik, les chorégraphies de Trisha Brown et Merce Cunningham ou encore les empaquetages de Christo et Jeanne-Claude.

Enfin, à une période où les artistes investissent les lieux industriels désaffectés pour vivre et travailler en commun, croisant les arts et multipliant les expériences artistiques, Willoughby Sharp (1936 - 2008), co-fondateur du magazine Avalanche, se tourne vers Shunk et Kender pour capter l'un de ses projets, Projects : Pier 18. Sur l’un des quais abandonnés de New-York, 27 artistes invités par Willoughby Sharp réalisent performances et installations durant l’hiver 1970-1971. Projects : Pier 18 est présenté au MOMA durant l’été 1971. Les photographies de Shunk et Kender y témoignent des oeuvres créées par John Baldessari, Dan Graham, Gordon Matta Clark, Vito Acconci, Lawrence Wiener, Mario Merz, Daniel Buren…

À Paris comme à New-York, les images produites par Shunk et Kender donnent à voir un contexte artistique foisonnant. De part et d’autre de l’Atlantique, les photographies du duo contribuent à la construction de la figure de l’artiste photographié et participent de la diffusion d’oeuvres éphémères. Cette exposition permet de retrouver l'esprit d'une époque : une génération préoccupée par la libération des corps et du geste artistique, toujours à l’affût de nouveaux espaces alternatifs de création et de diffusion, dans le sillage d’un duo au regard attentif et complice.

Les photographies du duo sont acquises en 2008 par la Fondation Roy Lichtenstein. En 2014, la Fondation Roy Lichtenstein en fait un don partagé entre le Centre Pompidou et plusieurs autres grandes institutions : le Getty Research Institute (Los Angeles), le Museum of Modern Art(New-York), la National Gallery of Art (Washington D.C.), et la Tate Modern (Londres).


Un catalogue accompagne l'exposition SHUNK-KENDER l'art sous l'objectif, 1957-1983, sous la direction de Chloé Goualc'h, Stéphanie Rivoire et Julie Jones, en coédition Éditions du Centre Pompidou / Editions Xavier Barral.