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“Équi-libre - Stefania à la Biennale Internationale Design Saint-Étienne - 11eme édition
Site Manufacture - Cité du design, Saint-Étienne

du 21 mars au 22 avril 2019



biennale-design.com

 

© Liyu Yeo, voyage presse, le 20 et 21 mars 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Affiche, 11e édition de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne – 2019.
2/  Stefania, hyper centre de la ville, 2018. Concept scénographique, © Olivier Lellouche.
3/  Fan Zhe, commissaire de l’exposition Équi-libre. © Pierre Grasset.

 


texte de Liyu Yeo, rédacteur pour FranceFineArt.

 

La 11ème Biennale Internationale du design de Saint-Étienne vient d’ouvrir. Elle a pour thème designing common ground [ME - YOU - NOUS. Créons un terrain d’entente]. En hommage aux ateliers de rubans, qui firent la gloire de Saint-Étienne les visiteurs sont accueillis à la citée du design par des banderoles multicolores.

Cette année, la Chine est le pays invité et Fan Zhe est le commissaire de l’exposition Équi-libre. Suivant les principes de l’écrivain chinois Zhong Acheng “Il n’y a pas de liberté sans restrictions”, Fan estime que seules les contraintes mènent à la créativité et font partie de la liberté artistique. Découvrir la liberté dans ses limites est la base de cet équilibre et contribue à valoriser le design.

Équi-libre est divisée en 3 parties, le passé, le présent et le futur du design chinois.

Cela commence par une présentation panoramique de l’histoire du design chinois au XXéme siècle. Elle débute par une sélection d’objets du quotidien de la période républicaine (1911-1949) puis de l’ère Mao (1949-1976) lorsque la Chine était pratiquement fermée au monde extérieur, surtout pendant la révolution culturelle (1966-1976). Les pièces historiques produisent une forte impression visuelle. Il y a la très iconique bicyclette Yongjiu (longévité) produite à Shanghai dans les années 1940. Après 1949 et la création de la République populaire de Chine, l’entreprise a été nationalisée et est devenue la principale manufacture de bicyclette chinoise. Un autre objet nostalgique est le Thermos. Les chinois ont l’habitude de boire de l’eau chaude. La médecine chinoise préconise de ne rien boire de froid pour ne pas traumatiser l’organisme. L’usage du Thermos est devenu par conséquent un marqueur culturel. Dans les années 1940, le vieux Thermos est en verre et bambou tressé, puis est remplacé par du plastique et du métal. En 1962, les Thermos étaient produits par la marque le cerf. C’était souvent « le » cadeau offert aux officiels étrangers et était exporté. Dans les années 1970, il y a eu le fameux Thermos en aluminium imprimé et verre de la marque cheval volant produit à Tianjin. Objet de luxe, il était réservé à l’élite. Il y avait même une notice qui préconisait l’usage du vinaigre pour éliminer le calcaire. Ces objets évoquent une époque révolue et témoignent de l’évolution de la Chine depuis l’époque Mao.

La deuxième partie de l’exposition se concentre sur le développement du design en Chine aujourd’hui. Avec une conscience accrue de durabilité, on incorpore des matériaux recyclables. Une élégante bicyclette en bambou produite à Hangzhou par la marque Xingzu (nouveau bambou) tient la vedette, même si les voitures ont remplacé ce mode de transport traditionnel. Les jeunes designers prennent de plus en plus leur inspiration dans l’artisanat traditionnel. Zhang Junjie est un jeune désigner qui utilise le bambou pour des meubles contemporains. Zhang utilise le tressage de bambou artisanal et ses propriétés élastiques pour créer des chaises et des tabourets aux formes géométriques. Un autre design contemporain chinois s’inspire de la tradition de teinture de l’indigo pour la réalisation de carreaux de céramique. Le studio de design Rong a créé une collection de carreaux de céramique cuit à de très haute température avec des teintures naturelles et des pigments organiques. On assiste, en Chine, a une éclosion de nombreux designers originaux.Cependant cela aurait été plus intéressant de se concentrer sur des individus plutôt que de montrer un aperçu général basé sur des fonctions.

La troisième partie de l’exposition se concentre sur le futur design chinois dans les principales grandes villes. C’est la partie faible de l’exposition. Le visiteur est confronté à un labyrinthe de propositions des diverses villes et leur supposée avance technologique respective. Les vidéos et les affiches ressemblent à des panneaux touristiques et n’ont aucun rapport avec le reste de l’exposition. C’est dommage car l’exposition commençait d’une façon prometteuse avec le thème poétique d’équilibre inspiré du Confucianisme.

L’école régionale des Beaux Arts de Saint-Étienne (Escade) propose une exposition unique et expérimentale nommée Stefania. Elle montre la collaboration de plus de 30 écoles européennes (surtout françaises) avec des écoles chinoises de design. Il y a plus de 50 projets d’étudiants résultant de ces collaborations. Un des clous de la biennale de cette année, cette exposition ambitieuse est présentée comme une ville faite de pavillons de bois. Chaque pavillon représente une entité comme un restaurant, un hôpital, une école, une mairie, etc. Le visiteur est plongé dans cette ville imaginaire rayonnante d’énergie. Les étudiants sont présents pour expliquer leurs projets et leurs expériences. Les projets sont extrêmement variés. Le pavillon Serre montre : Moon Forest, fruit de la collaboration d’enfants français et chinois et d’étudiants à l’école d’architecture de Grenoble, composés de 180 morceaux de lune réfléchissante. Présenté dans la Serre la structure se déploie d’une manière organique.

Les villes chinoises accueillent les expériences sociales et collectives dans leurs espaces publics. Dans un atelier à Wuhan, des étudiants de l’école de design de Dijon et de l’université de Hubei ont dessinés du mobilier d’extérieur avec des chaises en plastique et du bambou. Ces meubles sont testés dans les rues de Wuhan pour être confrontés à la réalité des villes chinoises ! Ce brassage culturel produit de nombreux projets très originaux. D’ailleurs au cœur de l’exposition se dresse une grande horloge fictive qui parcourt 30 ans pendant les 30 jours de la biennale. Cela donne une idée de la notion du temps en Chine, un jour en Chine est comme une année en Europe !

Pendant la biennale il y a d’autres expositions à Saint-Étienne. Au musée de la mine, monument historique depuis 1973, date de la fermeture de la dernière mine de charbon, il y a une exposition temporaire de Florence Bruyas. Artiste plasticienne, elle a effectué une résidence artistique à Dehua et à Jindenzhen en 2017/2018. L’artiste s’intéresse à des formes cellulaires et organiques évoquant la chair, les fluides corporels et la peau. Elle se sert de la sensualité de la terre pour créer des sculptures de céramique à partir d’empreintes de fruits chinois. L’installation de céramiques aux couleurs de chair est présentée dans la salle des énergies. La palette évoque la chair et le sang, cela rappelle les accidents dont ont été témoins les mineurs au temps de la mine.

La biennale internationale de St Etienne reste ouverte jusqu’au 22 avril 2019. L’exposition sur le thème designing common ground [ME - YOU - NOUS. Créons un terrain d’entente] a été réalisée par Lisa White, commissaire principale, par le graphiste John Maeda et par la philosophe Cynthia Fleury.


Liyu Yeo




Pour plus d’informations :


La Chine, invitée d’honneur – exposition Équi-libre
Commissariat : Fan Zhe
Commissariat adjoint : Lei Si Yin
Scénographie : He Zhiyong

https://www.biennale-design.com/saint-etienne/2019/fr/programmation/?event=equi-libre-8


Toutes les expositions de la 11e édition de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne
https://www.biennale-design.com/saint-etienne/2019/fr/programmation/