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“Lignes de vies” une exposition de légendes
au MAC VAL, musée d'art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine

du 30 mars au 25 août 2019



www.macval.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Frank Lamy, le 29 mars 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Edi Dubien, À 6h du matin l’hiver, 2017. Acrylique sur toile, 162 x 130 cm. Photo © Edi Dubien. © Adagp, Paris 2019.
2/  Simon Faithfull, 0º00 Navigation Part I: A Journey Across England, 2009. Vidéo et super8 transférés sur DVD, 51 min. Courtesy galerie Polaris.
3/  Michel Journiac, La Bourgeoise au musée, 1994. Tirage argentique sur papier, 23,8 x 17,8 cm. Photo © Eric Lamouroux, Galerie Christophe Gaillard, Paris. © Adagp, Paris 2019.

 


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Interview de Frank Lamy, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Vitry-sur-Seine, le 29 mars 2019, durée 12'55". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Frank Lamy assisté de Julien Blanpied et Ninon Duhamel



Avec les oeuvres de Soufiane Ababri, Paul Auster, Art Orienté Objet, Joël Bartoloméo, Pauline Bastard, Taysir Batniji, Sadie Benning, Karina Bisch, Christian Boltanski, Daniel Bosser, Édouard Boyer, Candice Breitz, Genesis Breyer P-Orridge, David Brognon & Stéphanie Rollin, Jean Brolly, Elina Brotherus, Émilie Brout & Maxime Marion, Sophie Calle, Philippe Cazal, Ludovic Chemarin ©, Leo Chiachio & Daniel Giannone, Claude Closky, Steven Cohen, Béatrice Cussol, Sépànd Danesh, Edi Dubien, Elsa & Johanna, Raphaël Fabre, Simon Faithfull, Esther Ferrer, Jakob Gautel, GRAND MAGASIN, Joseph Grigely, Joël Hubaut, Ilanit Illouz, Princia Itoua, Janez Janša, Lydie Jean-Dit-Pannel, Michel Journiac, Paul Kindersley, Arnaud Labelle-Rojoux, Matthieu Laurette, Leigh Ledare, Édouard Levé, Claude Lévêque, Ariane Loze, Kristin Lucas, MADEleINe ERIC, Roberta Marrero, Annette Messager, Aleksandra Mir, Pierre Moignard, Jacques Monory, Tania Mouraud, Valérie Mrejen, Zanele Muholi, Antoinette Ohannessian, ORLAN, Cécile Paris, Philippe Perrin, Grayson Perry, Françoise Pétrovitch, Abraham Poincheval, Laurent Prexl, Prinz Gholam, Hubert Renard, Santiago Reyes, Colin Roche, Damien Rouxel, Sandro, Jim Shaw, SMITH, Tsuneko Taniuchi, Philippe Thomas, Tatiana Trouvé, Unglee, Hélèna Villovitch….

Concevoir sa biographie comme force créatrice est le vecteur commun aux quatre-vingt artistes internationaux invités dans la prochaine exposition temporaire du MAC VAL. Sous l’intitulé « Lignes de vies – une exposition de légendes », du 30 mars au 25 août 2019, le nouveau temps fort du musée d’art contemporain du Val-de-Marne réunit les gestes d’artistes de générations et de pratiques différentes, allant de la photographie à la vidéo, en passant par la peinture, l’installation, la performance ou encore l’écriture. Il s’inscrit dans une ligne de programmation qui, depuis l’ouverture du musée en 2005, s’attache à questionner les modalités et instances de construction de l’identité, ou plus précisément, des identités. Avec les expositions « Détours » de Jacques Monory (2005) et « Le Grand Sommeil » de Claude Levêque (2006), le MAC VAL pose la question de la construction des identités. Avec le cycle « Zones de Productivités Concertées » (2006 - 2007) ou encore l’exposition collective « Emporte-moi / Sweep me off my feet » (2009-2010), il a été ensuite question d’analyser la place de l’économie ou de l’émotion dans nos existences ; puis, encore le genre (et plus précisément la masculinité) avec « Chercher le garçon » (2015) et l’idée même d’identité culturelle dans « Tous, des sang-mêlés » (2017).

Toutes les oeuvres données à voir dans le vaste espace d’exposition déconstruisent, analysent, critiquent ou interrogent les phénomènes et les processus qui façonnent et légitiment l’identité/les identités. Loin d’un geste narcissique ou autocentré, à travers elles les artistes reconstruisent et proposent, plus que de nouvelles identités, des identités choisies.






Texte de Frank Lamy, commissaire de l’exposition, chargé des expositions temporaires du MAC VAL

« … j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace… » Clément Rosset, Loin de moi, Minuit, 1999, p. 11.

Pour « Lignes de vies - une exposition de légendes », c’est vers des territoires plus intimes et personnels que l’on se tourne. En effet, les oeuvres (au masculin comme au féminin) réuni-e-s dans l’exposition, font de l’autobiographie et de la biographie une matière première, plastique, générant une réflexion autour des identités, de la mise en scène et de la construction de soi. Il s’agit d’interroger les relations entre l’art et la vie, et à terme, de questionner l’effectivité de l’art, son inscription dans le réel, au travers de postures artistiques diverses qui, toutes, mettent en oeuvre (entre illustration et activation) la dissolution de cette supposée frontière.
vConsidérant que l’identité est une fiction qui se performe, un récit multiple et fragmenté, se raconter, faire de sa biographie - de sa geste - une matière première est donc un acte de déconstruction, d’affirmation, d’ « empuissancement », de révolution moléculaire. Un geste politique de reprise en main de la narration de sa propre légende.

Le moi est une « fiction politique » (Paul B. Preciado entre autres), un « puzzle social » qui vient « tenir lieu d’identité aussi bariolé qu’est inexistante l’imaginaire unité qui en serait le socle » (Clément Rosset), une légende.

Suivant le parallèle entre personne et personnage romanesque établi par Clément Rosset, il est possible d’affirmer que le moi « ne constitue pas l’unité d’une identité personnelle mais l’agrégat de qualités qui lui sont reconnues ou pas au hasard de l’humeur de son entourage. » (Loin de moi, Minuit, 1999, p. 88). Ou, pour le dire autrement : « Le “je” tire toute sa substance du “tu” qui la lui alloue.e », Op. cit, p. 50.

Moi, une légende ?

Les oeuvres réunies dans cette exposition déconstruisent, analysent, critiquent, mettent en questions les phénomènes, les processus, les instances de construction et de légitimation de l’identité/des identités. Loin d’un geste narcissique, autocentré, ces artistes et ces oeuvres reconstruisent et proposent non pas tant de nouvelles identités que des identités choisies.

Le Sujet, le capitalisme, l’autoportrait se développent historiquement en parallèle et constituent autant d’éléments d’un système de domination et de contrôle global. Déconstruire l’autoportrait, la représentation de soi, participe peut-être d’une entreprise de lutte généralisée. Écrire (quels que soient les moyens choisis de cette écriture) son autobiographie revient très certainement, et par essence, à écrire sa propre vie, à l’inventer. Autoportraits, journaux intimes, mémoires, cartographies émotionnelles, bio art et modifications corporelles, art d’attitude, autofictions, mise en scène de soi, infiltration des systèmes de représentation (T.V., cinéma, YouTube, Facebook, littérature...) et de légitimation (auteur, état civil...) autant de fictions multiples mises en actes par les artistes, autant d’outils. Cette réflexion s’inscrit dans une mise en perspective critique du narcissisme et de l’exhibitionnisme contemporain, mais également la promesse de réalisation de soi par la consommation exaltée par les forces marketing. Il s’agit ici non pas tant de se représenter que de se construire, de s’inventer, de choisir, de refuser les assignations.

Quelle place laisser à la famille, à l’Histoire, à la transmission, à l’héritage ? Au nom propre ? Aux relations avec le vivant, avec le cosmos ? Qu’est-ce qu’une vie ? Un événement ? Quid de la destinée? Quels rôles performer ? Quels masques adopter ? Comment faire avec les autres, le genre, l’économie, le souvenir, le temps qui passe, les identités fluides, multiples, mouvantes, le morcellement, le travestissement, l’hybridation, la mise en scène, les masques, les personnages… ?

Des oeuvres situées, entre le je et le jeu

Au coeur de la salle d’exposition se déploie un espace de lecture. Y sont rassemblés des livres de diverses natures (catalogues, livres d’artistes, romans, ouvrages théoriques...) ayant tous en commun d’être écrits à la première personne du singulier par des artistes plasticiens. Ce cabinet de lecture pointe l’origine et la dynamique littéraire de ce projet qui propose aux visiteurs et visiteuses un temps suspendu.

Tout au long de l’exposition, en partenariat avec Synesthésie ¬ MMAINTENANT, est également activé le projet HERstory initié par Julie Crenn et Pascal Lièvre. Véritable collecte de paroles féministes et activistes et archive en mouvement, ce protocole invite des personnalités à témoigner devant la caméra et en public (les 6 et 7 avril, 4 et 5 mai, 1er et 2 juin, 7 et 8 juillet au MAC VAL, du 13 au 20 mai à Synesthésie ¬ MMAINTENANT)

Pour prolonger cette exploration, une publication accompagne le projet. Réunissant une dizaine de prises de paroles à la première personne du singulier, elle ouvre les perspectives vers la recherche, le cinéma, le post-féminisme, la pop, la littérature ou encore l’histoire de l’art avec des textes de Noémie Aulombard, Érik Bullot, Julie Crenn et Pascal Lièvre, Éric Fassin, Agnès Gayraud, Yannick Haenel, Sophie Orlando, Philippe Vasset…

« Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman » Roland Barthes par Roland Barthes, Seuil, 1975.