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“Ciprian Muresan et Serban Savu” L’atelier sans fin
au Centre Pompidou - Atelier Brancusi, Paris

du 3 avril au 1er juillet 2019



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 2 avril 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Ciprian Muresan, Pif Park 1. © Ciprian Muresan.
2/  Atelier commun de Muresan et Savu, Cluj, mars 2019. Photo, © Paul Stoie.
3/  Serban Savu, Antechamber, 2016. © Serban Savu. Courtesy the artist and Plan B Cluj, Berlin.

 


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Interview de Frédéric Paul,
conservateur au Musée national d’art moderne et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 avril 2019, durée 20'07". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Frédéric Paul, conservateur, Musée national d'art moderne



Présentée en ouverture d’Une saison roumaine au Centre Pompidou, la première exposition réunissant Ciprian Muresan et Serban Savu, intitulée L’entretien infini, confrontait une approche narrative : Muresan y conviait les fantômes d’Yves Klein et d’André Cadere, tandis que de grands tableaux de Savu à caractère allégorique introduisaient l’iconographie religieuse ou le réalisme socialiste dans des vues d’atelier. Brancusi complétait la présentation par des dessins et des photos jouant le rôle de trait d’union entre les deux amis artistes. Pour ce nouveau rendez-vous, du 3 avril au 1er juillet, qui clôture la Saison roumaine au centre Pompidou, c'est le maître moderne lui-même qui accueille les deux compagnons dans son atelier. Baptisée l’Atelier sans fin, cette seconde exposition s’appuie sur deux autres corpus développés par Savu (des paysages désolés vus en contre plongée et des tableautins méditatifs rappelant parfois certains ex-voto), tandis que Muresan transforme l’atelier en musée avec un ensemble d'œuvres variées entre sculpture, photographie et vidéo.

Dans la bibliographie de l’écrivain Maurice Blanchot, L’entretien infini, 1969, précède L’amitié, 1971. Chez Muresan et Savu, il la prépare. La complicité qui lie ces deux artistes, nés respectivement en 1977 et 1978 et diplômés en 2001 de l’Université d’art et de design de Cluj, où ils vivent et partagent le même atelier, cette profonde complicité, ne se laisse pas deviner au premier coup d’oeil. Elle semble même s’entretenir par la différence.

Alors, si Muresan agit par accumulation, faut-il en déduire que Savu agit, lui, par soustraction ? Faut-il dissoudre la différence dans la complémentarité ? Faut-il opposer ce qui se distingue plus subtilement ? Un observateur qui les connaît bien tous les deux s’est laissé dire que Muresan incarnait l’artiste conceptuel et Savu le peintre figuratif. Cette opposition, encore, est absurde — à moins d’y voir un jeu de rôle : l’un jouerait à paraître ceci et l’autre cela. Mais cette partition des genres est infamante tant elle suppose de préjugés, en posant d’un côté la modernité et de l’autre, la tradition.

Les deux artistes se sont nourris de livres et d’images avant de pouvoir entrer en contact direct avec les oeuvres d’art qui les ont vraiment inspirés. Après son diplôme, Muresan devient coéditeur d’une revue d’art contemporain et Savu entend parfaire sa formation en étudiant deux ans à Venise. Les trajectoires sont apparemment divergentes. Mais ils se retrouvent à Cluj, où le premier empile fébrilement, jusqu’à la saturation, en des dessins palimpsestes, des images extraites de livres d’art et où l’autre les dégage patiemment des mêmes livres ou en regardant par la fenêtre.

Frédéric Paul, conservateur au Musée national d'art moderne et commissaire de l'exposition