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“Madame de Maintenon” Dans les allées du pouvoir
au Château de Versailles, Versailles

du 16 avril au 21 juillet 2019



www.chateauversailles.fr

 

© Sylvain Silleran, présentation presse, le 15 avril 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pierre Mignard (1612-1695), Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, en sainte Françoise Romaine. Huile sur toile H. 128 ; L. 97 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 3637. © Château de Versailles (dist. RMN-Grand Palais) / Christophe Fouin.
2/  Pierre Mignard (1612-1695), attribué à, Françoise Scarron et les deux premiers enfants du roi et de Mme de Montespan, XVII e siècle. Huile sur toile H. 128 ; L. 95 cm. Maintenon, château de Maintenon. © Christophe Fouin.
3/  Françoise d’Aubigné, épouse Scarron France, XVII e siècle, Vers 1670, Huile sur toile H. 66 ; L. 54 cm. Niort, musée Bernard d’Agesci, 2016.0.11/G.113. © Thomas Garnier.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Sur les murs tapissés de larges bandes verticales carmin alternées avec des motifs floraux sur fond crème, une petite galerie de portraits : un poète et trois belles dames, le grand-père de l'héroïne et les trois fées qui lui ouvriront les portes du monde. Cela ressemble à un décor de conte de fées, et quel meilleur écrin pour narrer l'extraordinaire destin de Françoise d'Aubigné que celui-ci ? Tombée dans la misère après une enfance modeste et aventureuse, introduite dans le monde par une bonne marraine, elle entre à la cour et finira par y épouser le roi. La réalité dépasse toutes les fictions, pas besoin ici de souris qui parlent ou de baguettes magiques pour écrire une histoire à faire rêver et soupirer les petites filles.

Le roman de Madame de Maintenon, mendiante devenue reine, débute avec la délicatesse d'une miniature sur émail, un petit bijou à offrir à son amour. Le mariage de Françoise d'Aubigné à 16 ans avec le poète Paul Scarron, de 25 ans son aîné la sort enfin de la misère. Deux rideaux blancs s'écartent sur le tableau d'une éblouissante jeune femme nue sortant du bain, sa beauté trop aveuglante même pour un petit cupidon devant se protéger les yeux de la main. Elle a le regard doux et la tranquillité de celle qui a foi dans son destin. Ce portrait présumé de Françoise d'Aubigné en fait une déesse, une Vénus naissant non pas d'un coquillage mais d'un drapé vaporeux de voile blanc, prête à conquérir le monde.

Le récit biographique illustré de lettres et de portraits se mêle à des évocations lyriques, des nymphes et des angelots. Les fils du réel et du mythe tissent ensemble une légende aussi romanesque que théâtrale. Le portrait ovale de notre désormais veuve, belle et pensive, tenant avec simplicité un bouquet de roses, côtoie une large toile la représentant présentant la Marquise d'Heudicourt à l'Amour. Une main chaste sur la poitrine, comme surprise par cette apparition, elle indique de l'autre à Cupidon, avec une infinie délicatesse, où décocher sa flèche.

Parvenue à la cour, Françoise d'Aubigné veuve Scarron s'occupe des deux enfants du roi et de Madame de Montespan. La voici en madone, couvant de son amour et de ses soins maternants deux enfants christiques qui jouent avec un agneau. L'image religieuse nous replonge dans la divine grâce de La Vierge à l'Enfant avec Sainte Anne de Léonard de Vinci, elle en reprend tous les codes et la composition.

Le merveilleux Apollon et Téthys, l'extravagance des poses théâtrales, les drapés roses et bleus sucrés, la nymphe tirant un drap constellé d'étoiles comme une nuit sur le soleil aveuglant nous approche des sommets. En épousant Louis XIV, Madame de Maintenon achève son ascension. Face aux intrigues, aux haines et aux jalousies qu'elle déchaîne, elle poursuit ses œuvres pieuses. Pamphlets et caricatures n'entament pas sa résolution, d'ailleurs la voilà d'après Mignard en Sainte Françoise Romaine, ramenant son manteau sur son sein, tenant un livre à la main. La presque reine fondera l'école de Saint Cyr pour y instruire des jeunes filles pauvres comme elle le fut. Ses vertus et son travail achèvent d'en faire une légende.

À travers les pièces de ces appartements, nous passons du document à l'allégorie, de l'élégance raffinée à l'onirisme. Ces changements d'échelle composent un rythme frais, vivant, alternant le grandiose, un tableau de la visite pompeuse de Pierre le Grand à l'intime, un petit billet tendre et sensible envoyé par Louis XIV. Quoi de plus simplement humain que ces quelques lignes d'écriture à la plume, celles non pas d'un roi mais d'un homme à sa bien aimée ?

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat de l’exposition :
Alexandre Maral, conservateur général du patrimoine et directeur du Centre de recherche du château de Versailles
Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles.




À l’occasion du tricentenaire de la mort de Madame de Maintenon (1635-1719), le château de Versailles met en lumière la destinée exceptionnelle de cette femme qui naquit dans une prison puis devint l’épouse du roi le plus puissant du monde. Présentée dans l’appartement que Mme de Maintenon occupa au premier étage du palais, à proximité de l’appartement du Roi, cette exposition retrace en une soixantaine d’œuvres et documents la vie de cette figure essentielle de la cour. Grâce à une scénographie évocatrice, les visiteurs pourront également redécouvrir un décor emblématique du XVIIe siècle dont aucun exemple ne subsiste à Versailles.

Après une enfance difficile et pauvre, Françoise d’Aubigné épouse à 16 ans le célèbre poète Scarron qui l’introduit dans les cercles précieux de la capitale. Devenue veuve, elle se voit confier la mission d’élever les enfants illégitimes nés des amours de Louis XIV et de Madame de Montespan. Après la légitimation des premiers enfants en 1673, Françoise d’Aubigné s’établit à la cour, et se fait apprécier du souverain. Devenue Madame de Maintenon, elle épouse Louis XIV à la suite de la disgrâce de la précédente favorite et de la mort de la reine Marie-Thérèse. En 1686, aboutissement de son œuvre d’éducatrice, elle est à l’origine de la maison royale d’éducation de Saint-Louis à Saint-Cyr qui accueille les jeunes filles pauvres de la noblesse de France et leur délivre un programme pédagogique d’une grande modernité. Qu’elle fût décriée ou admirée, Madame de Maintenon continue aujourd’hui à fasciner.


Une scénographie évocatrice pour un appartement à redécouvrir

L’exposition est l’occasion d’ouvrir au public l’appartement de Madame de Maintenon et d’y présenter une évocation de ce qui fut son environnement lorsqu’elle occupa les lieux de 1680 à 1715.

Relativement modeste au regard des appartements royaux et princiers, le logement est situé à un emplacement prisé et exceptionnel, au premier étage du corps central du palais, tout proche de l’appartement du Roi. L’espace a subi de nombreuses métamorphoses pour les occupants postérieurs à Madame de Maintenon, et surtout à cause des travaux de transformation du palais en musée dédié à toutes les gloires de la France, par Louis-Philippe au XIXe siècle. Pour cette exposition, tableaux, dessins, gravures, livres, sculptures, médailles et documents inédits sont présentés dans les différentes pièces de l’appartement et retracent la destinée de Madame de Maintenon.

La scénographie, particulièrement évocatrice grâce à la restitution des tentures murales, permet de recréer l’ambiance colorée de cette suite de pièces, discrètes mais raffinées, à l’image de leur occupante. Le tissage a été réalisé par Tassinari et Chatel - la plus ancienne manufacture de soieries fondée à Lyon par Louis XIV - à partir de la description figurant dans l’inventaire de 1708 du Garde-Meuble de la Couronne. à cette date, les murs de l’appartement de Madame de Maintenon étaient richement tendus de soieries, réparties en lés alternés dans la plupart des pièces : rouge et brocatelle de Venise pour la première antichambre, rouge et or pour la chambre et le grand cabinet.

Ce type de décor emblématique du XVIIe siècle ayant aujourd’hui disparu à Versailles, l’exposition est l’occasion unique pour les visiteurs de pouvoir admirer l’intérieur d’un appartement de courtisan au Grand Siècle.






À partir du 16 avril 2019 au Château : réouverture après retauration…

Le Grand Appartement de la Reine

Dès le 16 avril, le Grand Appartement de la Reine - constitué de la chambre de la Reine, du salon des Nobles, de l’antichambre du Grand Couvert et de la salle des Gardes - sera de nouveau accessible au public. Fermé depuis janvier 2016, dans le cadre d’un grand chantier, il dévoilera ainsi toute la magnificence retrouvée du décor rocaille de la chambre de Marie-Antoinette ou encore celui de la salle des Gardes restauré grâce au mécénat des American Friends of Versailles et de la Société des Amis de Versailles. http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/domaine/chateau/grand-appartement-reine



Appartement de la Dauphine – avec l’exposition Le Goût de Marie Leszczyńska
Ces appartements de rez-de-chaussée qui donnent sur le parterre du Midi étaient réservés aux membres de la famille royale. Leur distribution actuelle correspond à l’époque où ils étaient habités par le fils de Louis XV, Louis, Dauphin de France, et par la seconde épouse de ce dernier, Marie-Josèphe de Saxe, c’est-à-dire entre 1747 et 1765. À la veille de la Révolution, ils étaient occupés par le Dauphin, fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et par le duc d’Harcourt, son gouverneur. http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/domaine/chateau/appartements-dauphin-dauphine#la-premiere-antichambre-de-la-dauphine