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“Georges Dorignac” Corps et âmes
au Musée de Montmartre, Paris

du 15 mars au 8 septembre 2019



www.museedemontmartre.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Saskia Ooms, le 19 avril 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Georges Dorignac (1879-1925), Femme assise, 1913. Sanguine et pierre noire sur papier préparé, 62x48 cm. Courtesy Galerie Malaquais. © Galerie Malaquais, Paris. © Photographe Laurent Lecat.
2/  Georges Dorignac (1879-1925), Les Haleuses, 1912. Pierre noire et fusain sur papier blanc, 76 x 92 cm. Collection Saint-Emilion. © Gaelle Deleflie.
3/  Georges Dorignac (1879-1925), Portrait de jeune fille (Geneviève) (non daté). Sanguine et pierre noire sur papier filigrané, 44 x 33,5 cm. Courtesy Galerie Malaquais. © Galerie Malaquais, Paris. © Photographe Laurent Lecat.

 


2693_Georges-Dorignac audio
Interview de Saskia Ooms,
responsable de la conservation du Musée de Montmartre et co-commissaire de l'exposition,
et à 12'46" lecture d'une lettre de Georges Dorignac à Gaston Meunier du Houssoy
par Fanny de Lépinau, directrice du Musée de Montmartre,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 avril 2019, durée 30'58". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Marie-Claire MANSENCAL, présidente du Comité Dorignac, auteur de Georges Dorignac, le maître des figures noires, Le Passage, 2016
Saskia OOMS, responsable de la conservation du Musée de Montmartre




Singulière, captivante, contrastée, telle est l’oeuvre de Georges Dorignac !

Le Musée de Montmartre–Jardins Renoir consacre une importante exposition à Georges Dorignac (1879-1925) dont l’oeuvre singulière et captivante révèle un artiste libre qui, en perpétuelle recherche, a emprunté une voie indépendante et personnelle, explorant les techniques, les sujets, les inspirations…

Après une première présentation monographique qui lui a été consacrée en 2016-2017 à la Piscine, Musée d’art et d’Industrie André Diligent de Roubaix et ensuite au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, le Musée de Montmartre poursuit cette volonté de restituer à Dorignac sa juste place dans l’histoire de l’art moderne.

Dessinateur avant tout, sa production la plus marquante est celle de ses saisissantes feuilles « au noir ». D’une puissance expressive remarquable, cette série de dessins, au modelé contrasté, à la matière dense et profonde, résonne et surprend les artistes, la critique et les collectionneurs de l’époque. Dorignac sculpte ses dessins déclara Rodin. On les dirait sortis d’un bloc de précieuse matière noire s’étonne-t-on à la galerie Marcel Bernheim.

Au-delà de cet ensemble qui fit sa réputation, l’oeuvre de Dorignac est surprenante car marquée de singularité et de ruptures : artiste en perpétuelle recherche, Georges Dorignac explore les techniques, les sujets, les inspirations…, si bien que son art est quasiment inclassable. Son oeuvre révèle un artiste libre, empruntant une voie indépendante, personnelle, rare, qui le distingue des courants à la mode et de l’Ecole de Paris, dont il est pour autant très proche par les liens qu’il tisse à La Ruche notamment.

L’exposition organisée par le Musée de Montmartre réunit 85 oeuvres (peintures, aquarelles, sanguines, fusains) réalisées entre 1901 et 1924, dont près de la moitié sont inédites. Le corpus rassemblé provient en partie de mains privées et de galeries - dont un magnifique fonds de la galerie Malaquais – mais également des collections publiques (Centre Pompidou, Musées des beaux-arts de Reims, de Grenoble et de Bordeaux).

L’ensemble est enrichi de plusieurs correspondances mettant en regard les oeuvres de Georges Dorignac et avec une oeuvre des maîtres qui l’ont inspirés, parmi lesquels Carrière, Signac, Rodin et Millet.

Suivant un parcours chronologique, l’exposition présente l’oeuvre de l’artiste en trois sections, depuis ses débuts en 1901 – date de son installation à Montmartre, rue du Chevalier de la Barre – et suit la transformation de son art jusqu’à sa mort en 1925.

La première section, intitulée Peintre et père, influences impressionnistes, rassemble les peintures, dessins et études de recherche des débuts du peintre (1902-1910).

La deuxième, Le Maître des figures noires, est la plus importante et la plus significative de l’oeuvre de l’artiste. Elle regroupe près de 50 oeuvres, fusains et sanguines, dont les étonnantes et remarquables feuilles « au noir ». En 1912, Georges Dorignac renonce au prestige de la couleur pour se limiter aux seules ressources du noir ; austérité voulue comme un nouveau point de départ en rupture avec ce qu’il a produit jusque-là.

La dernière section, Décorations et art sacré : vivre du trésor de ses rêves, dévoile les projets de décoration (tapisserie, céramique, vitrail, mosaïque) que Georges Dorignac entreprend dès 1913 et jusqu’au début des années 1920, tout en poursuivant son travail sur les figures et les corps.






Georges Dorignac, quelques repères


« Dorignac a horreur de l’art facile » écrivait Jean-Gabriel Lemoine, conservateur du musée des Beaux-Arts de Bordeaux en 1920.

Fier, généreux, nourri du trésor de ses rêves, Georges Dorignac disparut prématurément en 1925 alors que la reconnaissance de son génie et de sa profonde singularité lui ouvrait les portes de la gloire. Oublié, occulté par presque tous, son oeuvre immense réapparait en 1998, exactement cent ans après son arrivée à Paris sur les cimaises du Salon du dessin de la capitale où l’on découvre un monumental portrait de femme, vu en position frontale, exécuté en des variations de noir. On assiste à une découverte majeure de l’histoire de l’art car le chemin des oubliés est un bien long sentier à parcourir… De son regard profond, Dorignac ausculte, observe, et sur la découpe de formes éternelles, propose des agencements inédits, des expressions nouvelles : portraits étonnants de caractère, corps mis à nu et dévoilés, travailleurs marqués par l’effort…
(…)
Dorignac est un artiste sans complaisance, sans compromis mais dont l’oeuvre est d’une grande cohérence. Il a pour maîtres Rembrandt, où « il y a tout » disait-il, il admire son métier, sa couleur, sa lumière ; Millet, qui a su ennoblir les attitudes des paysans des plaines de Chailly ou de Barbizon ; et surtout Seurat, pour sa parfaite maitrise du dessin où ombre et clarté équilibrent les masses. Son parcours a été jalonné d’embuches mais rien n’est venu le détourner de son art, sauf la maladie qui brisa prématurément sa carrière.
(…)
Des portraits de ses débuts jusqu’à ses derniers nus aux tonalités nacrées, jamais son oeuvre ne laissa insensible. D’une exigence totale, ce défenseur du Beau a mis sa vie au service d’une grandeur qui l’habite et dont il sent l’impérieuse nécessité de l’exprimer. Dorignac professe que « l’art bien fait est éternel ». C’est cet idéal qui permet de saisir la conception que Dorignac se faisait de son art.

Texte de Marie-Claire Mansencal, extrait de l’album de l’exposition