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“Royaumes oubliés” De l’empire hittite aux Araméens
au Louvre - Hall Napoléon, Paris

du 2 mai au 12 août 2019



www.louvre.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite presse, le 30 avril 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Tête de lion provenant de la base de la statue de Katuwas. Londres, The British Museum. © The Trustees of rhe British Museum.
2/  Découverte d’une statue funéraire. Fouille du site de Tell Halaf. © Fondation Max Freiherr von Oppenheim / Rheinisch-Westfälisches Wirtschaftsarchiv, Cologne.
3/  Riton en argent en forme de cerf. © New York, The Metropolitan-Museum of Art.

 


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Interview de Vincent Blanchard,
conservateur au département des Antiquités orientales du musée du Louvre et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 30 avril 2019, durée 14'58". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition :
Vincent Blanchard, conservateur au département des Antiquités orientales, musée du Louvre.




Cette exposition exceptionnelle invite à redécouvrir les sites mythiques des civilisations oubliées des états néo-hittites et araméens. L’empire hittite, grande puissance rivale de l’Égypte antique, domina l’Anatolie et étendit son influence sur le Levant, jusqu’aux alentours de 1200 av. J.-C. Sa chute donna lieu à l’émergence de royaumes néo-hittites et araméens dans les territoires de la Turquie et la Syrie modernes, héritiers des traditions politiques, culturelles et artistiques de l’empire hittite.

L’exposition présente, pour la première fois en France, les vestiges de Tell Halaf, site majeur du patrimoine syrien . Le baron allemand Max von Oppenheim fouilla ce site situé près de l’actuelle frontière turcosyrienne, entre 1911 et 1913 et y découvrit le palais du roi araméen Kapara. Les sculptures monumentales qui ornaient ce palais furent ramenées à Berlin et exposées en 1930. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elles connurent un destin tragique et furent très fortement endommagées dans les bombardement. Un incroyable travail de restauration mené par le Pergamon museum au début des années 2000 a permis de reconstituer ces sculptures à partir des 27.000 pièces retrouvées.

À l’entrée de l’exposition est présentée une oeuvre de l’artiste contemporain libanais Rayyane Tabet, intitulée ORTHOSTATES, 2017. Cet arrière-petit-fils de Faek Borkhoche, le secrétaire de Max von Oppenheim propose de découvrir les dessins de 32 des 194 orthostates, ces grandes dalles en calcaire ou en basalte aux décors fantastiques de génies, d’animaux, de divinités, de scènes de guerre ou de chasse découverts sur le palais ouest de Tell Halaf. Aujourd’hui, et après des événements historiques conflictuels, certains de ces décors ont été perdus, détruits ou dispersés.

L’histoire de cette collection est un témoignage saisissant des efforts continuels pour préserver le patrimoine en péril. Le Louvre s’est fortement engagé dans cette mission, notamment dans les pays en situation de conflit, en mobilisant la communauté internationale et, tout récemment, en participant à la création, en 2017, d’ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit).

En lien avec l’exposition, « un week-end avec Agatha Christie » est organisé à l’auditorium du Louvre, avec un spectacle, des visites guidées ou contées, une conférence et une projection. La célèbre romancière est moins connue pour la place pourtant importante qu’a tenue l’archéologie dans sa vie. En 1930, elle se rend à Ur (Irak actuel) où elle fait la connaissance de l’archéologue Max Mallowan, qu’elle épouse. Elle partagera dès lors son temps entre l’écriture et les chantiers de fouilles, qui inspireront plusieurs de ses romans dont Meurtre en Mésopotamie, Le Crime de l’Orient-Express et Rendez-vous à Bagdad.






L’exposition – le parcours :


Vie et mort de L’Empire hittite, la grande puissance rivale de l’Egypte

À son apogée à la fin du IIe millénaire avant notre ère, l’Empire hittite est une puissance considérable, capable de rivaliser avec la Babylonie ou l’Égypte. Le roi hittite Mursili Ier pille Babylone en 1595 avant notre ère et met fin au règne des derniers successeurs de Hammourabi. En 1274 avant J.-C., les Hittites affrontent Ramsès II lors de la célèbre bataille de Qadesh, relatée dans de grands cycles narratifs égyptiens et le poème de Pentaour, dont le Louvre possède un exemplaire sur papyrus. L’Empire hittite à son apogée est évoqué dans l’exposition grâce à des oeuvres majeures de l’époque impériale provenant du pays hittite et des colonies syriennes : Ougarit, Emar, etc. Enfin vient la chute de l’empire et les bouleversements qui mettent fin à la civilisation palatiale du Levant à la fin du bronze récent.


Les états néo-hittites et araméens
Les Etats néo-hittites et araméens sont des entités politiques nées des ruines de l’empire en Anatolie et en Syrie, dont les plus proches, politiquement, de l’ancien pouvoir sont Karkemish et Malatya. La ville de Karkemish était la plus importante colonie hittite en pays syrien. C’était avec Alep l’un des deux sièges de vice-royauté de l’empire. Au début de l’âge du fer, les anciens gouverneurs deviennent des rois dont les magnifiques décors urbains seront évoqués par un choix de sculptures et des moulages. Grâce à des prêts exceptionnels accordés par le British Museum, l’exposition présente quelques très beaux moulages des reliefs monumentaux qui rythmaient la voie processionnelle de Karkémish, une cité de première importance dès le IIIe millénaire, jusqu’à sa destruction en 605 avant notre ère par le roi babylonien Nabuchodonosor. Malatya est une ville néo-hittite, dépendante de Karkemish, elle possède des décors sculptés (dont le style est proche de la période impériale), qu’ont révélés notamment les fouilles de l’archéologue français Louis-Joseph Delaporte (1874-1944). Nous poursuivons sur le territoire anatolien avec le Tabal (l’héritier de l’ancien royaume hourrite du Kizzuwatna), Gurgum (situé à l’emplacement de l’actuelle Marash, où ont été retrouvées de nombreuses stèles funéraires, dont la très belle stèle de Tarhunpiya) et Tell Tayinat (la ville antique de Kunuluwa). L’écriture louvite hiéroglyphique est l’écriture privilégiée des grands reliefs syroanatoliens. Le louvite provient du nom d’un peuple vivant à l’ouest du Hatti. L’origine de ce système d’écriture élaboré entre la fin du IIIe et le début du IIe millénaire qui demeure encore à ce jour une énigme, car il ne présente aucun lien avec l’écriture hiéroglyphique des Égyptiens. Plus au sud, on trouve les royaumes gouvernés par des souverains araméens qui se sédentarisent à cette époque et s’approprient l’héritage des hittites et des syriens de l’âge du bronze. Les sites majeurs sont Zincirli, dont l’impressionnante forteresse a livré un grand nombre de reliefs, aujourd’hui conservés à Istanbul et à Berlin. Le royaume prospère de Til Barsib, dont la stèle au dieu de l’orage est conservée au Louvre et enfin Hama où la culture hittite a perduré à l’époque araméenne et où ont été retrouvés les premières inscriptions en hiéroglyphes louvites.


La découverte du site exceptionnel de Tell Halaf par le Baron Max von Oppenheim
Le Pergamon museum de Berlin a consenti aux prêts exceptionnels de sculptures d’un palais de la ville antique de Guzana, capitale du royaume du Bit-Bahiani, appelé aussi Palê. Guzana a probablement été fondée au XIe siècle. C’est à ce moment qu’on y trouve les premières traces d’urbanisation mais la période de son épanouissement advient pendant le règne du roi Kapara, vers 890-870 av. J.-C.. Celui-ci a fait construire ou rénover une citadelle au nord du site, qui compte deux palais. C’est le palais ouest qui était décoré des impressionnantes sculptures découvertes par Max von Oppenheim. Des chambres funéraires installées près de la porte sud de la citadelle ont également livré de magnifiques vestiges comme la grande statue d’ancêtre que Max von Oppenheim surnommait sa « vénus ». Par ailleurs, il y découvrit 194 orthostates, dont la fonction première est de protéger la base des murs en briques crues des édifices. Leur décor fantastique extrêmement riche est hérité de l’art syro-anatolien et mésopotamiences qui présentait une alternance de dalles en calcaire peintes en rouge et en basalte noire.


Les puissances voisines
Les puissances voisines des états néo-hittites et araméens : l’Urartu, la Phénicie, etc. présentèrent des traits culturels et artistiques communs. L’Assyrie tout en étant aussi l’héritière de ces royaumes, en causa la disparation. Les Assyriens ont conquis un par un les Etats néo-hittites et araméens et les ont absorbés dans leur empire. La culture assyrienne est alors marquée par celle des états néohittites et araméens. Cette influence marque aussi bien l’art monumental que les décors de meubles précieux. La langue araméenne se répand également dans tout l’empire et devient la langue la plus courante au Proche-Orient à partir de cette époque et pour les siècles à venir. Les grands orthostates assyriens des palais de Nimrud, Khorsabad ou Ninive sont les héritiers de la sculpture monumentale syro-anatolienne qu’ils ont en outre influencée stylistiquement dans les derniers siècles avant la conquête assyrienne et la destruction de ces royaumes.