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“Lamarche – Ovize” La bouche d’ombre
à fabre, Paris

du 17 mai au 13 juillet 2019



www.lamarche-ovize.com

alexandrafau.com/fr

fabredeglantine.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 16 mai 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize, La maison enchantée, URDLA de Villeurbanne, 2014.
2/  Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize, La vague, 2019. Faience émaillée, 65x60x50cm. Courtesy Galerie Lefebvre & fils, Paris.
3/  Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize, Elisée, un herbier, 2018. Techniques mixtes sur papier, 18x30,5cm.

 


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Interview de Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 mai 2019, durée 14'15". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

curatrice : Alexandra Fau



FABRE est le fruit d’une collaboration inédite entre une amateur d’art, une commissaire d’exposition, une artiste et son galeriste. FABRE, une nouvelle adresse à proximité de la Place de la Nation à Paris présentera à intervalles réguliers un environnement artistique, au sens où l’on n’en voit plus ; dans son ajustement à l’espace, son attention portée au détail, son raffinement dans le rapport à l’autre. Dans un appartement haussmannien - à ses heures, cabinet de psychanalyse -, Annabelle Ponroy invitera régulièrement un créateur à renouer avec « l’esprit salon » d’antan dans sa dimension exclusive, mondaine et sociale.


La bouche d’ombre
Être heureux dans le travail - Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize

Au coeur de la pratique de ce couple d’artistes, dessinateurs, peintres et sculpteurs, la même impulsion ; produire avec joie. Ce plaisir de faire irradie dans les moindres recoins de l’environnement conçu pour Fabre. Les artistes nous livrent une « sorte de paysage de (leur) quotidien » peuplé de motifs, de références visuelles et littéraires, d’hommages, de portraits inspirants, dans une profusion truculente.

Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize ne boudent pas leur plaisir à jouer des éléments décoratifs du double salon, offerts en miroir ou en butée. L’intérieur s’en voit complètement chamboulé !

Ils tirent une pleine satisfaction à concevoir, dessiner, agencer des oeuvres avec lesquelles vivre. Leurs « sculptures domestiques » sont portées par ce moteur créatif que l’industrialisation a bien failli briser. Il a fallu toute la pugnacité des poètes, penseurs et artistes pour échapper au désoeuvrement qui menace au 19ème siècle. A la tête du mouvement Arts & Craft, John Ruskin considère dès 1851 qu’il faut réévaluer la relation de l’homme au travail : « Vous pouvez enseigner à un homme à tracer une ligne droite et à la couper (…) d’après des modèles donnés, et vous trouverez son travail parfait dans son genre : mais, demandez-lui de réfléchir sur quelqu’une de ces formes, (…) son travail deviendra hésitant ; il pensera et, neuf fois sur dix, dans son premier essai, cet être pensant commettra une erreur. Mais, malgré tout, vous en aurez fait un homme alors qu’il n’était qu’une machine, un outil animé » (La nature du gothique).

Avec la modernité, l’ornementation a été fustigée, reléguée au rang du superficiel, du futile et du vain. Tout ce qui empêchait d’accéder à la pure forme plastique authentique et intentionnelle est moqué par les architectes et designers du Style International, tentés par l’épure des volumes en matériaux bruts. Pour autant, les adeptes du modernisme n’ont pas toujours renié l’ornement ; Le Corbusier disposait souvent des poteries faites main dans ses maisons. Mies Van der Rohe sélectionnait soigneusement des marbres figurés, agencés avec des parois en onyx et du verre teinté (Pavillon de Barcelone, 1929). Adolf Loos avoue même que les artisans ne sont pas toujours heureux de l’abandon du décor même si cela leur fait gagner du temps.

Pourquoi donc chercher à infléchir cette tendance naturelle, partagée par tous les peuples, quelques soient leurs rites et leurs traditions ? Dans un texte pédagogique rédigé à l’attention de ses élèves, l’artiste Sophie Taeuber-Arp partage son étonnement : « Je me suis souvent demandé pourquoi nous réalisions ces broderies : pourquoi inventer des ornements et des compositions de couleurs, alors qu’il y a tant de choses plus pratiques et surtout plus utiles à faire ? » La question ne cesse de se poser. A travers ces gestes humbles, et la création d’objets à l’échelle domestique, les artistes Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize cultivent un autre rapport à la création.

D’ailleurs, il n’est qu’à voir leurs mégots de cigarettes grand format en céramique, moqueurs de l’attitude réflexive du peintre face à sa toile ! Après une longue éclipse suite au mouvement « Pattern and décoration » dans les années 60-70, il semble donc à nouveau permis de « braconner » sur d’autres terres ; celles du folklore, des productions artisanales et des arts mineurs, d’explorer des techniques variées propres à diverses cultures. Le duo est capable de débusquer des motifs Pop au coeur des chapiteaux de l’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe. Ainsi, l’oeuvre de Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize est en éveil permanent face au foisonnement iconographique, et à la richesse d’une adéquation possible entre l’esprit et la main. Tous les objets produits - vases, pots de fleurs ou lampes pataudes -, s’ils se conforment à une certaine fonctionnalité, restent inadaptés par leurs formes, leurs poids, ou leurs matières. Les productions sont le fruit de rencontres surréalistes : Une banane en faïence émaillée sert de vase solifleur à un hortensia en tissu (Vase, (banane), 2013). D’une vasque jaillit un personnage cartoonesque au sein d’un ensemble d’algues marines (Les travailleurs de la mer (pattes), 2019). Les candélabres (Surtout, 2016) disposés en miroir sur les deux cheminées du salon de l’appartement Fabre semblent produit selon la logique d’un cadavre exquis.

Comme les artistes et artisans d’antan, le duo élabore ses projets à partir d’un vocabulaire ornemental nourri, compilé patiemment dans de petits albums dessinés, agrandis par moments dans un désir de « tout montrer, la pensée, le processus, les références ». De grands rouleaux calques se dévident ainsi comme autant de motifs assoupis prêts à reprendre vie dans une sculpture. Un peu à l’image de ces personnages (Dante Gabriel Rossetti, Ecce Ancilla Domini, 1850) des tableaux préraphaélites en état de sidération. Leur gymnastique du moment est de s’essayer à produire des objets sculpturaux à partir de deux motifs seulement extraits du carnet. A la manière de William Morris qui s’engage malgré tout à simplifier la présence d’un décoratif outrancier, de le débarrasser de l’inutile ornement.

Pourtant, depuis leurs débuts en duo (2006), les artistes ne cessent de faire grandir les territoires autour d’eux. Il faut déjà pouvoir s’apprivoiser au sein d’un mode créatif qui repose sur l’altérité. De l’avis de Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize, les premières pièces laissent entrevoir ce côté bicéphale par les ajouts et les successions de plans, en attente d’une recherche unifiée à venir. Leurs objets agrègent par ailleurs des formes, des savoir-faire sans s’aliéner à la maîtrise de la fabrication. S’est imposé l’univers de la céramique qu’ils pratiquent en « amateurs » et non en spécialistes campés sur des techniques et des recettes ancestrales. Leurs pièces repoussent les limites dans le choix du format souvent inadapté, de matériaux (terres chamottées) inappropriés, l’acceptation de l’erreur ou de la maladresse. Enfin, les artistes s’entourent de grandes figures inspirantes que sont Victor Hugo (projet pour la maison Victor Hugo (Paris) – en collaboration avec nema architectes - inspiré de Guernesey des Travailleurs de la mer, 1866) et Elisée Reclus, géographe, communard, anarchiste, et révolutionnaire, plusieurs fois exilé. Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize ont tiré un herbier des plantes endémiques de chaque lieu visité par l’auteur d’Histoire d’un ruisseau (1869). Avec l’auteur de Walden, Henry David Thoreau, Elisée Reclus développe une conscience écologique avant l’heure, du point de vue de la beauté. N’écrit-il pas en 1864 : « (…) la nature a besoin de centaine et de milliers d’années pour fournir la sève nécessaire à ces plantes énormes et l’humanité, trop impatience de jouir, trop indifférentes aux sorts des générations futures, n’a pas encore le sentiment de sa durée pour qu’elle songe à conserver précieusement la beauté de la terre » ? En convoquant ces hommes complets préoccupés d’agir dans leur monde immédiat, avec les autres, de manière juste et belle, Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize nourrissent de grandes aspirations pour l’art.

Alexandra Fau






Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize (1978 et 1980) vivent et travaillent à Aubervilliers.
Leur pratique mêle dessin et céramique sous la forme d’un langage visuel qui réinvente et interroge les sujets académiques de l’art et ses genres. Leur travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles : Le grand café, Saint-Nazaire, 2017, le parc saint léger de Pougues-les-eaux, 2017, la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris, 2017, la galerie Luis Adelantado, Valencia, 2017, Galerie Aeroplastics, Brussels 2018, Galerie Lefebvre&fils, Paris 2019, etc…et collectives : Drawing center, New York, 2016-2017. Ils préparent actuellement un projet autour du géographe Elisée Reclus qui sera montré au Drawinglab Paris en octobre 2019.


Pour visiter l’exposition, uniquement sur rendez-vous via le mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Adresse : 20 rue Fabre d'Eglantine - 75012 paris