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“Dora Maar” article 2738
au Centre Pompidou, Paris

du 5 juin au 29 juillet 2019



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, journée de tournage, le 3 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Dora Maar, Barcelone, [Vendeuses riant derrière leur étal de charcuterie, 1933]. Épreuve gélatino-argentique, 48,7 x 38,8 cm. Collection particulière. © Adagp, Paris 2019. Photo © Fotogasull.
2/  Rogi André, Dora Maar, vers 1937. Épreuve gélatino-argentique, 29,9 x 39,4 cm. Achat en 1983. Collection Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne, Centre de création industrielle. © DR. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-GP.
3/  Dora Maar, Étude publicitaire [Pétrole Hahn], 1934-1935. Négatif gélatino-argentique sur support souple en nitrate de cellulose, 17,6 x 24 cm. Achat en 2004. Collection Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne, Centre de création industrielle. © Adagp, Paris 2019. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP.

 


2738_Dora-Maar audio
Interview de Damarice Amao, assistante de conservation au Cabinet de la photographie
du Musée national d’art moderne - Centre Pompidou, et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 3 juin 2019, durée 18'09". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires :
Damarice Amao, Assistante de conservation, Cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne – Centre Pompidou
Karolina Ziebinska-Lewandowska, Conservatrice au Cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne – Centre Pompidou
Avec la collaboration scientifique d'Amanda Maddox, Conservatrice, J. Paul Getty Museum, Los Angeles, Department of Photographs




Du 5 juin au 29 juillet 2019, le Centre Pompidou présente la plus grande rétrospective jamais consacrée en France à l’oeuvre de Dora Maar (1907-1997). Photographe professionnelle et surréaliste puis peintre, Dora Maar jouit d’une incontestable reconnaissance alors même que certains aspects cruciaux de sa pratique artistique restent méconnus. L’exposition propose ainsi de montrer tous les volets de son travail afin de lui restituer son statut d’artiste, prévalant assurément sur celui de modèle, auquel sa relation intime avec Pablo Picasso la limite trop souvent.

À travers près de 400 oeuvres et documents, en provenance de 80 prêteurs, nourrie de recherches menées dans le fonds Dora Maar du Musée national d’art moderne et de sources inédites, l’exposition retrace le parcours fascinant d’une intellectuelle parisienne libre et indépendante : de l’ouverture de son studio et ses premières commandes de mode à ses engagements sociaux et politiques, dont témoignent ses photographies de rue, en passant par sa participation au mouvement surréaliste et sa rencontre avec Picasso à l’époque de Guernica, jusqu’à sa redécouverte de la peinture, un rêve de jeunesse auquel elle se dédie tardivement.


Une ambition artistique
Dora Maar appartient à cette génération de femmes aux ambitions artistiques qui s’émancipent professionnellement dans le métier de photographe, notamment grâce au développement du marché de la presse illustrée et de la réclame dans les années 1930. Issue d’un milieu bourgeois, fille d’un architecte ayant fait carrière en Argentine, Henriette Théodora Markovitch, dite Dora Maar, s’inscrit en 1923, à l’École des arts appliqués pour femmes, autrement appelée « Comité des dames », dépendant de l’Union centrale des arts décoratifs. Hésitant à poursuivre une carrière de peintre, elle suit des cours à l’Académie Julian et auprès d’André Lhote avant de compléter sa formation à l’École technique de photographie et de cinématographie de la Ville de Paris.

Affirmation photographique
En 1931, elle reçoit ses premières commandes et ouvre la même année un studio photographique avec le décorateur de cinéma Pierre Kéfer, au 45 bis boulevard Richard Wallace à Neuilly-sur-Seine. Portrait, mode, projets publicitaires sont leurs spécialités. Au cours de cette collaboration, ils publient dans une vingtaine de périodiques tels qu’Excelsior Modes, Heim, Le Figaro illustré, Femina ou encore Beauté Magazine. Sur la scène photographique parisienne, Dora Maar se distingue déjà à l’époque par son « style », comme le note l’historien d’art Jean Cassou et par sa manière « de jouer avec les lumières, [d']obliger les ombres à ne pas grimacer », comme le relève Jacques Guenne dans L’Art vivant, en 1934.

Engagement politique et suréalisme
Après l’ouverture de son propre studio au 29 rue d’Astorg à Paris en 1935, Dora Maar continue ses travaux de commande tout en se rapprochant du cercle des surréalistes dont elle partage l'engagement antifasciste et politique. La rencontre avec les surréalistes est aussi artistique. À l’instar de Man Ray et de Hans Bellmer, elle fait partie des rares photographes exposés lors des grands événements du mouvement tel qu'en 1936, l’International Surrealist Exhibition à la New Burlington Galleries de Londres ou encore à la Galerie Charles Ratton à Paris, pour « L’exposition surréaliste d’objets ». Les désormais célèbres Portrait d’Ubu [1936] et Le Simulateur [1935] sont, à ce titre, les oeuvres les plus régulièrement exposées.

Rencontre avec la peinture
Le réseau surréaliste la met sur les pas de Pablo Picasso qu’elle rencontre au tournant des années 1935-1936. Leur complicité les conduit à collaborer autour de Guernica au printemps 1937. Révélant le processus de création de la fameuse toile, Dora Maar en photographie les diverses étapes. Cette fascination mutuelle menant à une liaison de plusieurs années conduit Dora Maar à progressivement se réinventer sur le plan artistique. Si elle expose encore des photographies en 1939, la peinture prend quant à elle de plus en plus le pas dans ses recherches. D’abord inspirée par Picasso, elle trouve peu à peu son style durant l’Occupation dans des peintures sombres, intimes et empreintes d’une gravité et d’un sentiment de solitude typique de la période, ceci avant de se consacrer à un travail sur le paysage, la menant vers l’abstraction dans les années 1950.

Une oeuvre aussi prolifique que partiellement méconnue
La dispersion de son atelier après son décès, en 1997, a révélé de manière éphémère un travail de création artistique quotidien et prolifique. Cependant, son retrait progressif de la scène artistique explique la méconnaissance actuelle de cette partie de son oeuvre et notamment, de son retour surprenant à la photographie au cours des années 1980. Cette fois-ci sans appareil, elle réalise des photogrammes avec ses gestes de peintre : cette union marquant la réconciliation par l’artiste des deux modes d’expression.

Une exposition inédite
L’activité photographique artistique et commerciale de Dora Maar des années 1930 est bien représentée dans la collection du Centre Pompidou, grâce aux tirages acquis depuis les débuts de la constitution de la collection, ceux rentrés avec la collection Bouqueret et grâce à l’achat, en 2004, du fonds de près de 1900 négatifs et 300 tirages contacts. Néanmoins, contrairement aux autres fonds d’atelier de la collection de photographies parmi lesquels Man Ray, Brancusi, Brassaï ou encore Eli Lotar, celui de Dora Maar n’avait jusqu’à ce jour jamais fait l’objet d’une présentation d’envergure. Cette rétrospective, la plus grande en France mais aussi la première dans un musée national, est donc l’occasion unique de rassembler une oeuvre dispersée dans plusieurs collections publiques et privées en France et à l’étranger, tout en proposant une nouvelle lecture. Elle est préparée en coproduction avec le J. Paul Getty Museum de Los Angeles et en collaboration avec la Tate Modern à Londres, qui l'accueilleront en 2019-2020.






Avant-propos du catalogue aux Éditions du Centre Pompidou, sous la direction de : Damarice Amao, Amanda Maddox et Karolina Ziebinska-Lewandowska.

L’oeuvre et la personnalité de Dora Maar (1907-1997) en font, à l’heure actuelle, un sujet d’étude et de recherche des plus féconds et des plus passionnants. Trop souvent simplement identifiée comme muse et compagne de Picasso, Dora Maar est celle « qui a toutes les images dans son jeu », comme l’écrivait dans une dédicace son ami, Paul Éluard.

Photographe professionnelle du monde de la mode des années 1930, intellectuelle engagée dans de multiples initiatives antifascistes, artiste surréaliste accomplie, partenaire artistique de Picasso et enfin peintre – un volet qui représente une véritable découverte tant pour le public que pour le monde de l’art –, Dora Maar traverse le siècle de sa présence énigmatique.

Son oeuvre, dispersée lors des diverses ventes aux enchères qui se sont tenues après son décès, se trouve aujourd’hui dans de nombreuses institutions, mais aussi et surtout dans des collections privées. Dora Maar était cependant présente dans les collections du Musée national d’art moderne avant même l’ouverture du Centre Pompidou en 1977 : Le Simulateur, célèbre photomontage surréaliste, est parmi les premières œuvres photographiques à avoir intégré ses collections en 1973. Au fil du temps, cette collection publique s’est enrichie, notamment grâce à une importante acquisition auprès du collectionneur Lucien Treillard en 1987 ou avec l’entrée de la Collection Christian Bouqueret en 2011, jusqu’à devenir l’une des plus importantes au niveau international.

Si les travaux de Dora Maar sont aujourd’hui identifiés, c’est notamment grâce à l’accueil que lui a réservé Marcel Fleiss dans sa galerie 1900-2000, mais aussi grâce à Mary Daniel Hobson, qui a rédigé le premier mémoire sur son travail photographique ou encore Michèle Chomette, qui a catalogué son oeuvre de photographe. Victoria Combalía a organisé les premières expositions monographiques sur Dora Maar qui se sont tenues à Munich, Marseille et Barcelone dans les années 2000. Enfin, Mary Ann Caws et Louise Baring ont travaillé à la publication d’ouvrages monographiques et Anne Baldassari a étudié les relations artistiques de Dora Maar et Picasso.

Le Centre Pompidou a déjà consacré des expositions monographiques d’ampleur aux photographes attachés au surréalisme dont les fonds sont conservés au Musée national d’art moderne : Man Ray, Brassaï ou Eli Lotar pour ne citer que quelques-uns des protagonistes du mouvement. Il ne manquait que Dora Maar, dont le fonds du Musée, constitué d’environ 1 900 négatifs et 300 planches contacts, ouvre la possibilité de découvertes inédites.

Le Centre Pompidou a déjà consacré des expositions monographiques d’ampleur aux photographes attachés au surréalisme dont les fonds sont conservés au Musée national d’art moderne : Man Ray, Brassaï ou Eli Lotar pour ne citer que quelques-uns des protagonistes du mouvement. Il ne manquait que Dora Maar, dont le fonds du Musée, constitué d’environ 1 900 négatifs et 300 planches contacts, ouvre la possibilité de découvertes inédites.

En 1984, l’année de sa fondation, le Département de la photographie du Getty Museum a fait l’acquisition de trois œuvres majeures de Dora Maar auprès du collectionneur Samuel J. Wagstaff Jr. Ces trois photographies – Le Simulateur, Lise Deharme et un modèle vêtu d’un maillot de bain pour Le Figaro illustré – constituent la pierre angulaire des oeuvres de la photographe que conserve le musée et représentent tout particulièrement le caractère éclectique, mais cohérent, de sa pratique artistique. Réalisées à l’apogée de sa carrière de photographe en 1935 et 1936, ces images témoignent de la manière dont Dora Maar est parvenue avec succès à travailler simultanément dans les univers de la mode, du portrait, de la photographie de rue et du surréalisme.

C’est à cette époque que Dora Maar rencontre Picasso. Au cours des huit années suivantes, leur relation sera marquée par l’échange intellectuel. Dora Maar stimule la conscience politique du peintre et lui apprend la photographie.

Picasso effectue de nombreux portraits de la jeune femme, dont une peinture et deux oeuvres sur papier, aujourd’hui conservées à la Tate Modern. En 1990, peu après l’acquisition de La Femme qui pleure (1937), Frances Morris s’était entretenue avec Dora Maar à propos de cette toile ainsi que de sa participation à la réalisation de Guernica et à son travail de documentation de ce chef-d’oeuvre. Cet entretien fut le point de départ de la volonté de reconnaître Dora Maar comme une artiste singulière à part entière, qui trouve son aboutissement dans la présente exposition.

C’est un nouveau regard sur l’oeuvre de Dora Maar que proposent aujourd’hui le Centre Pompidou, le J. Paul Getty Museum et la Tate Modern. Cette rétrospective, la plus grande exposition monographique jamais consacrée à l’oeuvre de Dora Maar, résulte d’un projet scientifique mené par les équipes des départements de photographie du Centre Pompidou et du J. Paul Getty Museum, en particulier par Damarice Amao, Karolina Ziebinska-Lewandowska et Amanda Maddox, en collaboration avec Emma Lewis (pour la Tate Modern).

Que toutes et tous en soient ici remerciés chaleureusement. La coopération que ces institutions muséales majeures ont su développer est un bel exemple d’un dialogue remarquable et enrichissant qui dépasse les frontières et dont nous espérons qu’il portera encore de nombreux fruits dans l’avenir. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce travail accompli en parfaite complicité.

Cette exposition, inaugurée au Centre Pompidou, qui sera ensuite présentée à la Tate Modern puis au J. Paul Getty Museum, rassemble des pièces provenant de 80 institutions et collectionneurs. Nous les en remercions chaleureusement. Sans leur générosité et leur coopération, ce projet n’aurait pu prendre cette forme et cette ampleur. À travers plus de 400 œuvres et documents, présentés en sept sections thématiques organisées par ordre chronologique, l’exposition rend hommage aux multiples facettes de l’oeuvre et de la personnalité de Dora Maar.

Serge Lasvignes, Président du Centre Pompidou
Bernard Blistène, Directeur du Musée national d’art moderne Centre de création industrielle
Frances Morris, Directrice de la Tate modern
Timothy Potts, Directeur du J. Paul Getty Museum