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“Picasso” obstinément méditerranéen
au Musée national Picasso, Paris

du 4 juin au 6 octobre 2019



www.museepicassoparis.fr

picasso-mediterranee.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 3 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pablo Picasso, La Flûte de Pan, Antibes, été 1923. Huile sur toile, 205 x 174 cm. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979. © RMN-Grand Palais / Adrien Didierjean. © Succession Picasso 2019.
2/  Dora Maar, Picasso, plage de Mougins. Centre Pompidou – Musée national d'art moderne © ADAGP, Paris © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Sucession Picasso 2019.
3/  Pablo Picasso, La Baie de Cannes, Cannes, 19 avril 1958 - 9 juin 1958. Huile sur toile, 130 x 195 cm. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979. © RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau. © Succession Picasso 2019.

 


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Interview de Émilie Bouvard, conservatrice du patrimoine au Musée national Picasso-Paris, coordinatrice scientifique du projet Picasso-Méditerranée
et de Camille Frasca, cheffe de projet Picasso-Méditerranée, chargée de mission au Musée national Picasso-Paris, commissaires de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 3 juin 2019, durée 16'14". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Émilie Bouvard, conservatrice du patrimoine au Musée national Picasso-Paris, coordinatrice scientifique du projet Picasso-Méditerranée
Camille Frasca, cheffe de projet Picasso-Méditerranée, chargée de mission au Musée national Picasso-Paris




Quels liens Pablo Picasso entretient-il avec l’espace méditerranéen ?

L’exposition met en perspective la vie et l’oeuvre de Pablo Picasso en Méditerranée en étudiant la richesse des liens unissant l’artiste à cet espace géographique.

Grâce à un parcours poétique et immersif, l’exposition permet d’aborder les Méditerranées de Picasso, depuis le paysage natal des ports espagnols jusqu’aux ateliers des dernières années de sa vie en passant par les villégiatures azuréennes et le Midi culminant d’Antibes, Vallauris et Cannes.

S’appuyant sur la richesse des collections du Musée national Picasso-Paris, notamment ses archives et photographies, ainsi que sur un ensemble d’oeuvres exceptionnelles présentées à Paris pour la première fois, l’exposition se veut un contrepoint à la manifestation « Picasso-Méditerranée » qui a réuni plus de soixante-dix institutions dans dix pays méditerranéens depuis le printemps 2017.






Parcours de l’exposition

S'appuyant sur les collections du Musée national Picasso-Paris et sur des prêts exceptionnels présentés à Paris pour la première fois, l'exposition « Picasso, obstinément méditerranéen » met en perspective la vie et l'oeuvre de Pablo Picasso en Méditerranéen en étudiant la richesse des liens unissant l'artiste à cet espace géographique. Grâce à un parcours poétique et immersif, elle se veut aussi une évocation de la manifestation « Picasso-Méditerranée », série d'expositions dans des lieux culturels variés, qui a débuté au printemps 2017 et qui se terminera à l'automne 2019.

« Picasso-Méditerranée » en chiffres : 70 institutions, 47 expositions, 2 600 000 visiteurs, 40 catalogues édités, 10 pays méditerranéens, 4 séminaires de recherche, 1 site internet dédié : picasso-mediterranee.org


« Son oeuvre immense et multiple échappe à toute limitation, absorbe tous les courants mais reste obstinément méditerranéenne malgré ses convulsions, par la naissance et le tempérament de son auteur, ses lieux de séjour, ses obsessions mythiques et sa syntaxe impérieuse. » Jean Leymarie, Picasso et la Méditerranée, 1983.


MÉDITERRANÉE(S)
La Méditerranée de Picasso est multiple, à la fois vécue et rêvée, depuis le paysage natal des ports espagnols jusqu'aux ateliers des dernières années de sa vie en passant par les villégiatures azuréennes et le Midi culminant d'Antibes, Vallauris et Cannes. Picasso, qui a peu voyagé, a néanmoins circulé sur la rive nord du bassin méditerranéen et a pu découvrir les cultures de cette région. C'est également dans les livres et les musées, au Prado ou au Louvre, et grâce aux nombreuses cartes postales et reproductions qu'il reçoit, qu'il se nourrit de la culture méditerranéenne. Très tôt, ces sources multiples viennent irriguer son travail.


ESPAGNE(S)
Il y a plusieurs Espagne dans la vie de Picasso, depuis sa naissance à Málaga en 1881, jusqu'à son dernier séjour de 1934, en passant par un voyage à Barcelone en 1917 avec sa fiancée Olga Khokhlova, et aux réminiscences tout au long de sa vie d'un pays dont il s'est exilé. Les paysages peints au cours de son adolescence, confrontés à des vues photographiques d'époque, témoignent d'un attrait pour la mer. L'oeuvre de Picasso s'inscrit dans une culture hispanique riche, allant de l'art ibérique ancien - comme en témoigne la série de petits bronzes antiques collectionnés par l'artiste - aux grands maîtres de la peinture espagnole découverts au Prado, en passant par le folklore des costumes traditionnels, du flamenco et de la corrida.


VILLÉGIATURES
Alors que Picasso habite à Paris, il se rend ponctuellement dès la fin des années 1910 dans le sud de la France, en bord de mer, pour travailler ou pour des moments de détente. Le séjour à Sorgues (1912), avec Georges Braque, témoigne de l'attirance de l'artiste pour la lumière de Provence et pour la douceur de vivre locale. Il est l'occasion d'expérimentations cubistes et d'accrochages en plein air. Les rives françaises de la Méditerranée deviennent progressivement un lieu privilégié de déplacement pour Picasso, par ailleurs très sédentaire. Le voyage en Italie en 1917 fait figure d'exception : une escapade d'environ deux mois, il y rencontre sa première épouse, Olga Khokhlova, danseuse des Ballets russes, et s'imprègne du folklore italien mêlé au classicisme grécoromain. Dans les années 1920, le couple retourne ensuite ensemble passer les mois d'été sur la Côte d'Azur, moments qui se traduisent dans l'oeuvre de l'artiste par de nombreux thèmes liés à la mer et à la baignade. La Côte d'Azur devient peu à peu un haut lieu de mondanité, et la plage un lieu où se montrer.


ANTIBES ET VALLAURIS : UN QUOTIDIEN SOLAIRE
À l'automne 1946, Picasso quitte Paris pour installer pendant quelques semaines son atelier au Château Grimaldi à Antibes, à l'invitation du conservateur Romuald Dor de la Souchère. Accompagné de Françoise Gilot dont il partage la vie depuis 1944, il y crée une série d'oeuvres sur des thèmes typiquement méditerranéens : Ulysse et les sirènes, faunes musiciens, pêcheurs et mangeurs d'oursins prennent vie au coeur des collections du château alors composées d'antiques marbres, de céramiques archaïques et de jarres phéniciennes. En 1948, Picasso s'installe à Vallauris, village de potiers. Il collabore avec Suzanne et Georges Ramié, propriétaires de l'atelier Madoura. Débute alors une intense période de création centrée sur la production de céramiques, qui lui offre de nouvelles perspectives plastiques, ainsi que la linogravure. Picasso façonne et dessine dans la glaise, faunes et nymphes, poissons et taureux, chèvres et chouettes, utilisant les supports les plus imprévus - fragments de pignates, gazettes de four servant à la cuisson des pièces d'argile, ou briques cassées. Picasso réalise au total quatre mille oeuvres originales. Il crée également une sculpture monumentale en bronze, L'Homme au mouton, érigée sur la place du Marché à Vallauris, et un ensemble de peintures murales dans la chapelle renommée « Temple de la Paix ». C'est une période de grande célébrité pour Picasso, qui devient très médiatisé : la fameuse marinière devient désormais un attribut caractéristique de l'artiste.


L'ATELIER DE LA CALIFORNIE
En 1955, Picasso quitte Vallauris pour s'installer à quelques kilomètres seulement, dans un quartier résidentiel entre Cannes et Golfe-Juan, à la villa La Californie. Il y emménage accompagné de Jacqueline Roque, sa nouvelle compagne qu'il épousera en 1961. La villa, qui possède un beau parc, est typique du style Riviera de la Belle Époque. Le balcon du dernier étage surplombe la baie cannoise et les îles de Lérins, inspirant la vue de La Baie de Cannes présentée dans cette salle. Picasso s'approprie rapidement le lieu en installant son atelier dans le salon, qui se remplit peu à peu des divers objets de sa collection personnelle. Maison et atelier s'entremêlent alors, Picasso mettant en scène dans ses toiles les éléments décoratifs qui l'entourent. La Californie devient alors à la fois un modèle de représentation, un espace de création et d'accrochage mettant en perspective les oeuvres ainsi créées. Aux antipodes du tumulte de la Croisette et des médias qui le sollicitent, Picasso fait de cette maison un lieu de quiétude. Cela n'empêche pas les touristes curieux d'affluer tous les étés aux grilles de la villa. Beaucoup d'amis et visiteurs de passage y sont accueillis par le couple, mais c'est surtout David Douglas Duncan, reporter-photographe américain, qui réussit à capturer de nombreux moments de leur intimité, en partageant leur quotidien entre 1956 et 1957.


PAYSAGES DU MIDI
En septembre 1958, Picasso acquiert le château de Vauvenargues, près d'Aix-en-Provence. Situé dans un paysage solitaire et sauvage, sur le flanc de la montagne Sainte-Victoire chère à Paul Cézanne, le château tient lieu de demeure et d'atelier pour les séjours qu'il y effectue entre début 1959 et juin 1961. Picasso s'installe ensuite au mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins, où il demeurera jusqu'à sa mort le 8 avril 1973. L'ensemble présenté ici témoigne d'une réflexion sur le paysage méditerranéen et son décor chez trois peintres du Midi, à la fin de leur carrière : Paul Cézanne d'abord avec La Mer à l'Estaque et son traitement par formes simplifiées préfigurant le cubisme, Henri Matisse et son papier découpé en forme de feuillage luxuriant et, enfin, Pablo Picasso et son Paysage aux palmiers marqués par les ombres d'un soleil de plomb.


HORIZONS
Le Vieil Homme assis peut être perçu comme une image miroir de Picasso lui-même, qui peint cette oeuvre alors qu'il est âgé de 91 ans. Les couleurs crépusculaires évoquent Van Gogh. Le chapeau comme le fauteuil d'extérieur font figures d'attributs méditerranéens. Que regarde ce vieil homme, au loin ? Peut-être les derniers horizons de sa vie et de son oeuvre, ici symbolisés par la série de peintures de l'artiste contemporain Jean-Christophe Norman. Au cours d'une performance intitulée Terres à tierra, réalisée en 2018, ce dernier a parcouru les lieux méditerranéens où Picasso a vécu : Málaga, la ville natale, Barcelone, la ville de la jeunesse, Madrid, la ville des peintres admirés, mais aussi Marseille, port ouvert sur l'Orient, Rome, terre tout à la fois antique et baroque, et la Côte d'Azur des baignades et des ateliers.

« Tu domines le siècle.
Si de haut tu laisses glisser tes yeux,
De cette haute colline où tu vis aujourd'hui
Tu verras la mer, la mer par toi créée,
Déferler sur toi monter vers toi en constante,
Perpétuelle pleine mer illimitée.
 »
Rafael Alberti sur Pablo Picasso, Je ne dis plus de ce que je ne dis, 1978


Invité dans le cadre du projet « Picasso-Méditerranée », l'artiste français Jean-Christophe Norman a proposé de réécrire de façon exhaustive sur le sol, à l'aide de craies blanches, le livre de l'historien Pierre Daix La Vie de peintre de Pablo Picasso, dans sept villes - Marseille, Nice, Paris, Rome, Barcelone, Madrid et Malaga. Intitulée Terres à Tierra, cette longue performance a été ponctuée d'enregistrements vidéo qui captent à la fois le geste, le contexte et le déploiement géographique du texte dans les lieux où Picasso est passé. Au cours de cette performance, l'artiste a réalisé plusieurs oeuvres, comme autant de traces de son geste : l'artiste a par exemple collecté les journaux des lieux méditerranéens où Picasso a vécu et les a recouverts de stylo Bic bleu, dessinant une ligne maritime tout à la fois graphique et évocatrice des déplacements de l'artiste. À cette occasion, Jean-Christophe Norman a recomposé, par la marche, l'Autoportrait de Pablo Picasso réalisé à Mougins le 30 juin 1972 (collection privée). Seule une partie des contours de l'oeuvre a été reproduite dans chacune des villes et c'est l'addition de ces sept parties qui forme un tout, telle une cartographie conceptuelle de la vie et de l'œuvre de Picasso.


La saison « Picasso-Méditerranée » est une initiative du Musée national Picasso-Paris, qui a souhaité mettre en valeur la richesse des liens unissant Picasso et la Méditerranée en programmant, de l'année 2017 - date du centenaire du voyage de Picasso en Italie – à l'année 2019, un cycle dynamique, multiforme et pluridisciplinaire. Cette manifestation s'est avant tout définie comme un projet scientifique et culturel, dont l'ambition a été de créer une synergie entre institutions, dans une démarche fédératrice, autour du bassin méditerranéen. Le parcours dans l'oeuvre de l'artiste et dans les lieux qui l'ont inspiré a offert une expérience inédite, souhaitant resserrer les liens entre toutes les rives. Plus de quarante-sept expositions ont été programmées : monographiques, thématiques, en dialogue avec des contemporains de Picasso ou des artistes d'aujourd'hui, se concentrant sur une technique, une période, un lieu de vie ou de création. Elles ont toutes offert une approche singulière et renouvelée de l'oeuvre picassienne sous le prisme méditerranéen. La manifestation a été ponctuée par des séminaires de recherche : à la fondation Cini à Venise, à l'Académie de France-villa Médicis à Rome, au musée Fabre à Montpellier et à l'abbaye Frontfroide à Narbonne. Le réseau comprend aujourd'hui soixante-dix institutions dans dix pays et l'intégralité du projet est à retrouver sur picasso-mediterranee.org. Cette saison fera l'objet d'un ouvrage, sous la forme d'un atlas, à paraître en septembre 2019.