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“Henry Wessel” A Dark Thread
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 5 juin au 25 août 2019



www.mep-fr.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 4 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Henry Wessel, Incident No.6, De la série Incidents, 2012. © Henry Wessel ; courtesy Pace/MacGill Gallery, New York.
2/  Henry Wessel, Pasadena, California, 1974 . © Henry Wessel ; courtesy Pace/MacGill Gallery, New York.
3/  Henry Wessel, Incidents No.27, De la série Incidents, 2012. © Henry Wessel ; courtesy Pace/MacGill Gallery, New York.

 


2735_Henry-Wessel audio
Interview de Pascal Hoël,
responsable de la collection de photographies de la Mep et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 juin 2019, durée 8'57". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires :
Simon Baker, directeur de la Maison Européenne de la Photographie
Pascal Hoël, Responsable de la collection de photographies et chargé d’exposition
Frédérique Dolivet, Adjointe du Responsable de la collection de photographies




« A Dark Thread » est la première grande exposition en France d’Henry Wessel, l’une des figures emblématiques de la génération associée à l’exposition collective « New Topographics: Photographs of a Man-Altered Landscape » (1975).

Photographe célébre depuis 50 ans, Henry Wessel aimait passer en revue ses archives de planches-contacts, revisiter son travail et mettre en perspective des photographies prises à des décennies d’écart. Pour ce grand amateur de films noirs, ces rapprochements visuels, réels ou fantasmés, constituaient les débuts possibles d’un scénario d’intrigues et amplifiaient l’étrangeté déjà inhérente à chacune de ses images. Ces dernieres années Henry Wessel s’est particulièrement démarqué par ce procédé, créant un univers unique et mystérieux autour des lieux qu’il a visités, un « fil noir » liant ses photographies les unes aux autres, que la MEP a voulu faire découvrir à travers cette exposition. C’est également l’occasion pour l’institution de redonner sa place à l’un des artistes de la grande exposition de 1975 « New Topographics: Photographs of a Man-Altered Landscape » et qui, bien que figurant à l’époque aux côtés de Lewis Baltz, Robert Adams ou encore Stephen Shore, était sans doute resté d’avantage confidentiel en France.

En 1969, après avoir longtemps voyagé à travers les États-Unis, Henry Wessel découvre et tombe sous le charme de la lumière de Californie. Il s’installe à San Francisco avec le désir de tout photographier, tout le temps. Prolifique, il travaille principalement en noir et blanc et réalise ses propres tirages avec un léger ton argenté caractéristique. En plus de présenter et publier des séries célébres telles que California and the West, Odd Photos, Las Vegas, Real Estate Photographs et Night Walk, il imprime également des centaines de planches-contacts qu’il conserve au fil des ans dans son studio. Des années plus tard, il les passe au crible, à la recherche de celles qui attirent son regard. Comme un voyage qui se jouerait de l’élasticité du temps, il crée des correspondances. À chacun d’imaginer le fil qui relie une photographie prise en 1968 et une autre de 2009. À chacun d’imaginer une histoire.

Trois séries sont présentées à la MEP. La première, Incidents, constituée de 27 photographies, suit un ordre précis comme une séquence d’images ou un storyboard, selon son fameux procédé de correspondances. La seconde intitulée Sunset Park, est une sélection de 50 images prises de nuit, invitant à une plongée dans l’ambiance mystérieuse des nuits californiennes d’Henry Wessel. Enfin, c’est encore selon cette même approche qu’Henry Wessel avait commencé, avec l’équipe de la MEP, à reconstituer la troisième série de 50 tirages montrée dans l’exposition : A Dark Thread, présentée pour la première fois.

Henry Wessel est décédé le 20 septembre dernier, en laissant en suspens la dernière histoire qu’il avait imaginée.

« Ça peut arriver n’importe quand, n’importe où. Inutile de se poster devant ce qui fera une bonne photo. Ça peut surgir à tout moment et en tout lieu ! » certifiait Henry Wessel, qui semblait néanmoins toujours au bon endroit, au bon moment.

Son processus consistait à trouver de l’intrigue en tout ; Avec sa série A Dark Thread Henry Wessel avait mis « au défi » des écrivains d’imaginer une nouvelle (short story) à partir d’une de ses images au cadrage étrange. Ces nouvelles sont présentées de façon inédite au sein de l’exposition et font l’objet d’une publication rédigée avec Michael Mack et la Artworkers Retirement Society.






Biographie :

Originaire du New Jersey, né en 1942, Henry Wessel a étudié la psychologie avant d’être happé par la photographie en découvrant en 1966 le catalogue de l’exposition « The Photographer’s Eye » au MoMA de New York. Lorsqu’il visite Los Angeles en 1969, il est immédiatement frappé par la présence physique de la lumière si intense et particulière en Californie. Il décide de s’installer dans la baie de San Francisco en 1971 dès l’obtention de sa première bourse Guggenheim et y poursuivra son oeuvre jusqu’à sa disparition en septembre 2018.

Wessel est révélé par le légendaire commissaire John Szarkowski qui lui consacre une première exposition monographique au MoMA de New York en 1972, et l’inclut dans son ouvrage de 1973 devenu une référence : Looking at Photographs, 100 Pictures from the Collection of The Museum of Modern Art.

ll s’inscrit dans une nouvelle mouvance apparue au début des années 1970 autour de l’exposition « New Topographics », qui marque un changement radical dans la façon d’envisager le paysage : passant de l’approche classique et contemplative d’une nature sublime et vierge à un traitement beaucoup plus neutre de paysages ordinaires, modifiés par l’activité humaine. Wessel s’intéresse aux scènes banales du paysage social américain - en particulier dans l’Ouest - créant des images prises sur le vif de façon instinctive en cherchant à retranscrire avant tout le caractère palpable de la lumière. Il était proche de Lee Friedlander et Gary Winogrand, et incarnait une figure majeure de la scène américaine.

Professeur émérite au San Francisco Art Institute, il y a enseigné de 1973 à 2014 et influencé des générations de photographes.

Son travail est inclus dans les collections de nombreux musées, en particulier le SFMOMA de San Francisco qui a présenté une rétrospective de son travail en 2007, mais aussi l’Art Institute of Chicago, le MoMA et le Metropolitan Museum à New York, le J. Paul Getty Museum et le Museum of Contemporary Art à Los Angeles, le Tokyo Metropolitan Museum of Photography, le Victoria and Albert Museum et la Tate Modern à Londres où Incidents a été exposée en 2014.