contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Yan Pei-Ming face à Courbet” article 2744
au Musée Gustave Courbet, Ornans

du 10 juin au 30 septembre 2019



www.musee-courbet.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, voyage presse et présentation de l'exposition par Yan Pei-Ming et Frédérique Thomas-Maurin, le 7 juin 2019.

2744_Yan-Pei-Ming2744_Yan-Pei-Ming2744_Yan-Pei-Ming
Légendes de gauche à droite :
1/  Gustave Courbet, Autoportrait au chien noir, 1842. Huile sur toile. Collection Musée municipal de Pontarlier – France. © Musée de Pontarlier.
2/  Yan Pei-Ming, L’artiste à 58 ans, Yan Pei-Ming, 2019. Huile sur toile, 400 x 300 cm. Photographie : André Morin. © Yan Pei-Ming, ADAGP, Paris, 2019.
3/  Yan Pei-Ming, L'artiste à 58 ans, Gustave Courbet, 2019. Huile sur toile, 120 x 150 cm. Photographie : André Morin. © Yan Pei-Ming, ADAGP, Paris, 2019.

 


2744_Yan-Pei-Ming audio
Interview de Frédérique Thomas-Maurin,
directrice du Musée Gustave Courbet et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Ornans, le 7 juin 2019, durée 10'19". © FranceFineArt.

 


2744_Yan-Pei-Ming audio
Interview de Yan Pei-Ming,
par Anne-Frédérique Fer, à Ornans, le 7 juin 2019, durée 5'00". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Frédérique Thomas-Maurin, directrice du Musée Gustave Courbet



Point d’orgue du Bicentenaire Courbet dans le Doubs, l’exposition Yan Pei-Ming face à Courbet est présentée du 10 juin au 30 septembre 2019 au musée Courbet à Ornans.

Labelisée « Exposition d'intérêt national » par le ministère de la Culture, elle met en regard d’une quinzaine de toiles de Yan Pei-Ming une vingtaine d’oeuvres de Gustave Courbet, illustrant ainsi les multiples connivences artistiques entre ces deux peintres, à quelque six générations d’écart. C’est d’ailleurs dans l’atelier de Gustave Courbet à Ornans que Ming a réalisé certaines des toiles qui viennent relever le défi de ce face-àface cet été. Peintre contemporain, Yan Pei-Ming a défendu tout au long de sa carrière la peinture «traditionnelle». Dans la continuité de son oeuvre, les toiles qu’il présente à Ornans mettent à l’honneur des sujets « classiques » - portraits, paysages, animaux - que l’on retrouve aussi chez Courbet. Avec cette exposition Yan Pei-Ming souhaite rendre hommage à Gustave Courbet tout d’abord dans sa région natale, le Doubs, avant de présenter deux autres projets dédiés à l’artiste en fin d’année à Paris.


Un face-à-face inédit au musée Courbet à Ornans

À travers un ensemble d’oeuvres créées spécifiquement pour l’exposition présentée au Musée Courbet à Ornans, l’artiste franco-chinois Yan Pei-Ming offre une variation autour des thèmes classiques de la peinture – portraits, nus, paysages et animaux – chers au peintre franc-comtois Gustave Courbet. En liant leurs histoires et trajectoires respectives, Yan Pei-Ming joue avec Courbet une partition à quatre mains.

La fascination de Yan Pei-Ming pour Gustave Courbet remonte à l’enfance, lorsqu’il découvrait les oeuvres du maître à travers des reproductions en noir et blanc publiées dans des journaux de propagande en Chine. Présenté alors comme un artiste révolutionnaire, notamment par son engagement politique lors de la Commune de Paris, c’est seulement à son arrivée en France que Yan Pei-Ming redécouvre l’oeuvre de l’artiste dans toute son ampleur. Au Louvre, où sont encore présentés les grands formats de Courbet avant leur transfert au musée d’Orsay, il est fasciné par L’atelier de l’artiste (1855) et Un enterrement à Ornans (1849-50), oeuvres desquelles se dégage une picturalité vivace et complexe, n’appartenant plus strictement à la peinture romantique de son époque mais à une conclusion hybridée de celle-ci.

S’expose alors devant lui sous un angle neuf, défait de toute considération sociale et politique, la multiplicité des possibilités qu’offre Courbet à travers sa peinture. Cette multiplicité, commune aux deux artistes, s’exprime par l’étendue notamment des sujets traités et constitue le point de départ d’un dialogue où la Colonne Vendôme (2011), déboulonnée, s’associe à l’Autoportrait à Sainte-Pélagie (1872), exposant ainsi de manière immédiate la cause et la conséquence de l’événement historique. Les paysages familiers du Doubs se juxtaposent à celui, tout autre, de Shanghai. Le Chêne de Flagey (1864) surplombe de toute sa majesté un sous-bois brulé par un soleil d'automne rouge sang. Les portraits des proches de l’artiste – grand-père en col mao, oncle adoré aux yeux éteints et mère adolescente – rejoignent le père et la jeune soeur de Gustave Courbet.

Un dialogue respectueux entre différentes figures familiales émerge, suivant la volonté commune aux deux artistes d’élever leurs proches, des gens ordinaires, au rang de personnages historiques. Dans les peintures animalières, les proies assistent aux parades amoureuses des prédateurs.

La violence sourde et la brutalité parfois immédiate des oeuvres de Yan Pei-Ming trouvent écho dans la chair détendue des nus de Courbet.

Avec l’exposition Yan Pei-Ming face à Courbet, l’artiste s’éloigne momentanément des images médiatiques et donne à voir un répertoire iconographique resserré sur l’intime. Le peintre d’Histoire rejoint le peintre d’une histoire familière et quotidienne chère à Courbet. Au-delà du dialogue entre les deux artistes, tous deux témoins de leur temps, se dessine une réflexion sur le souvenir et sa survivance. Les oeuvres deviennent alors des vaisseaux émotionnels, affranchis du temps, qui véhiculent à travers la peinture, la mémoire des êtres.






Un volet dans l'atelier Courbet à Ornans

Au début du mois d’avril 2019, Yan Pei-Ming est arrivé à Ornans et s’est installé en résidence dans l’atelier ayant appartenu jadis à Gustave Courbet. Situé non loin du musée Courbet, cet atelier a été acquis en 2008 par le Département du Doubs et a fait récemment l’objet d’une première phase de travaux. Resté quasiment en l'état depuis 1873, il comporte encore des peintures murales de la main de Courbet, en particulier des hirondelles virevoltantes au plafond et deux paysages.

C’est au sein de ce lieu chargé d’histoire que Yan Pei-Ming s’est consacré pendant quelques semaines à la réalisation de plusieurs peintures – des huiles sur toile de grandes dimensions – qui sont dévoilées au public à partir du 11 juin 2019 – au lendemain de la date anniversaire de la naissance de Gustave Courbet – dans le cadre de l’exposition Yan Pei-Ming face à Courbet au Musée Courbet à Ornans.

« Je suis honoré d’avoir été invité par le musée Courbet et le Département du Doubs à faire une résidence au coeur d’un lieu aussi chargé d'histoire. Je n’aurais jamais imaginé avoir la chance de travailler dans le dernier atelier de Courbet. C’est une expérience unique » a affirmé Yan Pei-Ming à son arrivée à Ornans. L’artiste n’a pas caché son enthousiasme à l’idée de passer du temps au sein de ce lieu unique où la présence de Courbet est encore très forte. C’est un espace qu'il a tout de suite jugé très propice à la création, non seulement pour son aménagement à taille humaine - celui d’un atelier-maison - mais aussi sa lumière naturelle, si particulière dans le Doubs. Cette résidence lui a permis de vivre au rythme de Courbet, en s’imprégnant des vues d’Ornans, sorte de décor immuable dont chaque recoin ramène aux oeuvres de Courbet. Elle trouve son prolongement dans la présentation des oeuvres créées lors de cette résidence. Deux autres oeuvres seront par ailleurs exposées au sein même de l’atelier.






Biographie de Yan Pei-Ming :

Né à Shanghai en 1960, Yan Pei-Ming vit et travaille à Dijon. Diplômé de l’ENSA de Dijon en 1986, il entre, de 1988 à 1989, à l’Institut des Hautes Études en Arts Plastiques, dirigé par Pontus Hultén. En 1993, il est pensionnaire à la Villa Médicis à Rome, où il met en place son projet : Les 108 brigands. Sa participation remarquée à la Biennale de Venise en 2003 le consacre sur la scène internationale. Six ans après, le Louvre l’accueille pour une confrontation avec La Joconde déclinée dans une suite de tableaux intitulées Les Funérailles de Monna Lisa. Au cours des dernières années l’artiste a eu des expositions monographiques dans plusieurs institutions à travers le monde (Des Moines Art Center, 2008 ; Beijing Center for the Arts, Pékin, 2014 ; CAC Málaga, 2015 ; Villa Médicis, Rome, 2016 ; Musée du Belvédère, Vienne, 2016). Ses dernières expositions reflètent son intérêt pour la peinture d’histoire, évoquant des scènes intemporelles où se lit le destin tragique de l’humanité. En mai 2019, il ouvrira L’Homme qui pleure, exposition qui inaugure le programme d’art contemporain du Musée des Beaux-Arts de Dijon, avant de présenter plusieurs expositions dans le cadre du Bicentenaire Courbet (au Musée Courbet à Ornans en juin, au Petit Palais et au Musée d’Orsay à Paris en octobre 2019).






L’atelier Courbet à Ornans

En 2008, le Département du Doubs a eu l’opportunité d’acquérir l’ancien atelier de Gustave Courbet, appelé communément la Villa Courbet, à Ornans. Après une campagne de restauration aboutie début 2019, ce lieu sera destiné à accueillir des artistes en résidence et accessible ponctuellement au grand public lors de manifestations.

Jusqu’en 1860, date à laquelle il entre dans son nouvel atelier, Courbet travaille dans le grenier de la maison des grands-parents maternels, les Oudot. Situé au 24 place des Îles Basses (actuelle place Courbet), l’atelier est aménagé dans un bâtiment existant, l’ancienne fonderie Bastide. Courbet y fait agrandir une fenêtre qu’il fait peindre « en vert-jaune sombre, relevé de rouge sombre » et le plafond très haut est peint d’un ciel bleu parsemé de nuages et d’hirondelles, bordé de méplats peints. On y voit L’Escaut se jetant dans la mer, et la Seine à Bougival avec de beaux arbres se mirant dans l’eau. Il fait poser du papier peint « brut », du tissu tendu entre des baguettes créant des lambris. Meubles et rideaux intérieurs viennent compléter la décoration de l’atelier. Courbet viendra régulièrement dans cet atelier qui lui sert aussi de domicile. Il y peignera entre autres Une après-dînée à Ornans, L’Hallali du cerf et L’Enterrement (Lille, Palais des Beaux-Arts).