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“En tête à tête” Installation éphémère dans la Galerie de l’Homme
au Musée de l’Homme, Paris

du 12 juin au 23 septembre 2019



www.museedelhomme.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 11 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Balkenhol Stephan (né en 1957), Memento Mori, 2009. © ADAGP, Paris . Localisation : Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost.
2/  Raysse Martial (né en 1936), Une forme en liberté, 1969. © ADAGP, Paris. Localisation : Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat.
3/  Le Corbusier (dit), Jeanneret Charles-Edouard (1887-1965), Le Modulor, 1950. Collage original. © F.L.C. / ADAGP. Localisation : Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian.

 


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Interview de Magdalena Ruiz Marmolejo,
conservatrice du patrimoine au Musée de l’Homme et commissaire de l'installation,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 juin 2019, durée 15'17". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire de l'installation :
Magdalena Ruiz Marmolejo, Conservatrice du patrimoine, Musée de l’Homme.




Le temps d’un été, le Musée de l’Homme accueille, au sein de son parcours permanent, une installation éphémère d’oeuvres d’art moderne et contemporain.

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Questions d’anthropologues ou d’archéologues, questions d’artistes aussi : les oeuvres de Giacometti, Le Corbusier, Stephan Balkenhol, Martial Raysse et Oto Hudec entrent en résonance avec les collections de préhistoire, d’ethnographie, d’anthropologie et les travaux des scientifiques du Musée de l’Homme.

Nos origines et notre rapport à celles-ci sont par exemple mis en lumière par la Tête-crâne d’Alberto Giacometti face au crâne de Cro-Magnon (moulage), tandis qu’Oto Hudec, avec Nomadia, propose un éclairage sur les perspectives face aux changements climatiques, l’oeuvre de Balkenhol explore notre rapport à la mort…

Cette installation éphémère, respiration artistique au sein de la Galerie de l’Homme, permet de poser un autre regard sur notre identité, les futurs que nous pouvons envisager et nos origines, à la croisée des arts et des sciences.

En tête à tête fait écho à l’exposition du Centre Pompidou Préhistoire, une énigme moderne. Pour cette exposition, le Musée de l’Homme prête quelques-unes de ses pièces phares habituellement exposées dans la Galerie de l’Homme, telles que la Vénus de Lespugue ou le crâne de Cro-Magnon (collection du Muséum national d’Histoire naturelle).



La Galerie de l’Homme

Spectaculaire galerie de 2 500 m2, ouverte sur la Seine avec une vue exceptionnelle sur Paris et la Tour Eiffel, la Galerie de l’Homme propose un voyage au coeur de l’aventure humaine à la découverte des trésors de l’histoire de l’humanité et invite le visiteur à s’interroger sur son identité à travers les trois parties du parcours : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?

La première partie du parcours explore les contours de l’être humain : qu’est-ce qui nous différencie mais aussi nous rapproche des millions d’autres espèces ? Le visiteur découvre que l’humanité se démarque singulièrement non pas tant par son anatomie mais par le fait qu’elle se pense et pense le monde tout en ayant conscience de sa mort.

À partir des traces du passé, le deuxième temps du parcours raconte l’histoire du buissonnement des lignées humaines jusqu’au bouleversement néolithique (à partir de -10 000 ans). À la rencontre de Lucy, Néandertal ou Cro-Magnon le visiteur découvre leurs innovations technologiques et culturelles.

La dernière partie du parcours est ancrée dans le contemporain mais questionne aussi l’avenir de notre espèce dans un environnement que nous avons transformé et qui continue de nous transformer en retour. Notre monde globalisé laissera-t-il une place à la diversité des cultures ? Comment vivre ensemble sur une planète aux ressources limitées ? Pour la première fois de son histoire, l’Homme moderne est confronté à la question de la compatibilité entre le mode de développement qu’il a lui-même induit et l’avenir de nos sociétés.

Le visiteur est invité tout au long du parcours à vivre des expériences ludiques : tirer des langues pour écouter les langages du monde, marcher dans les pas d’un australopithèque, se voir sous les traits de Néandertal, monter dans un car rapide sénégalais et voir défiler les rues de Dakar, s’installer dans une yourte mongole, sentir l’odeur de plats à base de riz des quatre coins du monde…



Tête-Crâne 1934-1936, Alberto Giacometti (1901-1966) Terre cuite
À côté du crâne de Cro-Magnon (moulage), la Têtecrâne de Giacometti évoque immédiatement nos origines. Giacometti a fait plusieurs versions de cette Tête-crâne : six en plâtre, deux en marbre, une en bronze, deux en terre cuite. Celle multitude montre l’importance de cette oeuvre pour Giacometti qui l’a retravaillée à de nombreuses reprises. Elle répondait également à une forte demande commerciale, significative de l’importance de cette pièce dans l’évolution de l’art de Giacometti. Cette création intervient à un moment où l’artiste a été confronté à la mort de deux de ses amis, Van M. (mort à laquelle il assiste en 1921) et Robert Jordan (1932) mais aussi à celle de son père qui décède en 1933. La conscience de la mort est une des caractéristiques de l’Homme que développe la Galerie de l’Homme dans sa partie Qui sommes-nous ?

Le Modulor, 1950, Le Corbusier (1887-1965)
La théorie du Modulor, présentée par Le Corbusier pour la première fois en 1947, est un système de mesure centré sur les proportions du corps humain. Le Corbusier, architecte, urbaniste, peintre et écrivain, développe cette théorie dans deux ouvrages (1950 et 1955). Il y établit une grille des proportions entre les dimensions du corps humain et de son environnement qui lui permet d’établir les mesures de l’ensemble de ses projets architecturaux dont la Cité radieuse à Marseille. Pour Le Corbusier, ce nouveau système est amené à insuffler dans l’architecture la même harmonie que celle qui émane de la nature. Dans son oeuvre présentée au Musée de l’Homme, Le Corbusier donne une pleine dimension poétique à son concept architectural et livre une allégorie de son système de proportions. Entre dessin primitif et référence aux collages de Matisse, il affirme une totale liberté de création dans un ordre rationnel primitif.

Cro-magnon dit le vieillard, France, vers - 28 000 ANS
Ce crâne appartient à un homme d’environ 40 ans ayant vécu il y a 28 000 ans, de grande taille et malade. Découvert en 1868, la sépulture fit instantanément parler d’elle : des Hommes préhistoriques semblables aux Hommes modernes avaient été trouvés ! Premier fossile d’homme moderne découvert en Europe, il servit de base à la définition de Cro-Magnon par les anthropologues Armand de Quatrefages et Ernest-Théodore Hamy en 1874.

Memento Mori, 2009, Stephan Balkenhol (1957)
Appuyée sur le sol, cette structure en forme d’accordéon montre deux faces : sur chacune d’elles un crâne fait le contrepoint d’un visage : un autoportrait de l’artiste d’un côté, un portrait d’une femme mélancolique offre le contrepoint. Comme dans beaucoup des oeuvres de Stephan Balkenhol, les personnages n’expriment quasiment pas d’affect et le volume de la structure joue avec l’image. Ainsi, ce que voit le visiteur dépend d’où il regarde la structure. « J’ai interféré deux images dans le relief, ce qui trouble l’oeil du spectateur et qui rend l’œuvre abstraite et réelle en même temps », explique-t-il. Dans Memento Mori, Balkenhol reprend le thème de la mort « La mort fait partie de notre vie. Or la fragilité de nos existences est trop souvent négligée dans nos vies quotidiennes. Je tenais à le rappeler […] dans une volonté de célébrer la vie ».

Nomadia, 2012-2014, Oto Hudec (1981)
Nomadia est un pays imaginaire dans lequel Oto Hudec a imaginé des populations nomades, vivant dans des tentes avec le strict minimum. Inspiré par les Indignados en Espagne et Occupy movement aux États-Unis, l’artiste questionne nos modes de vie et notre rapport à la consommation. Cette oeuvre composée de plusieurs tentes rappelle la yourte mongole présentée dans le parcours permanent qui montre le dialogue entre mode de vie traditionnel et moderne.

Une forme en liberté, 1969, Martial Raysse (1936)
Dans les années 60, Martial Raysse épure progressivement la forme de ses visages féminins dont il élimine tous les aspects anecdotiques. Dans Une forme en liberté, il ne reste plus qu’un contour élémentaire, une forme archétypale. La forme est projetée sur un mur « J’ai fait sortir la forme de son support. (…) Le public n’aura plus besoin de posséder cette forme, il se contentera d’en saisir l’idée » souligne l’artiste. En ne cherchant plus l’esthétisme, l’artiste met l’accent sur ce qui lui semble plus important que la beauté : notre essence.