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“Marc Pataut” De proche en proche
au Jeu de Paume, Paris

du 18 juin au 22 septembre 2019



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec Marc Pataut et Pia Viewing, le 17 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Marc Pataut, La salle de bains de Stéphane, Saint-Denis, lundi 15 août 1994, projet Le Cornillon – Grand Stade. © Marc Pataut.
2/  Marc Pataut, Yannick Venot, Scherwiller, Alsace, juillet 1993, projet Emmaüs. © Marc Pataut.
3/  Marc Pataut, Marie-Jo Noclain, Douchy-les-Mines, 16 juin 2011, projet Humaine. © Marc Pataut.

 


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Interview de Marc Pataut,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 juin 2019, durée 17'48". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Pia Viewing
Production : Jeu de Paume, Paris




L’exposition de Marc Pataut (né à Paris en 1952) présente un corpus d’une quinzaine de séries ainsi que des oeuvres inédites. Son travail traite du rapport des individus à eux-mêmes et à la société, faisant apparaître à l’image des visages, des corps, des appartenances, des parcours de vie. Ses projets sont élaborés sur une longue durée et au sein de territoires différents. L’accumulation d’expériences personnelles et collectives nourrit sa pratique photographique.

Constituée d’une sélection de ses essais photographiques réalisés de 1981 à aujourd’hui, cette exposition, loin d’être une rétrospective, est une proposition artistique qui montre des oeuvres dans la relation politique qu’elles développent au temps, à la société, à l’espace et au territoire. Son travail, souvent nourri de débats, d’échanges et de luttes, constitue une véritable réflexion sociale et politique. Les oeuvres qui en découlent prennent forme dans cette exposition – ainsi que dans l’édition qui l’accompagne – en proposant un autre rapport aux publics.

Le travail photographique de Marc Pataut porte la trace de son passage, au début des années 1970, par l’atelier du sculpteur Étienne-Martin à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (où il enseignera lui-même la photographie de 2001 à 2018). Dans les années 1980, après un court passage par l’agence Viva, il se consacre à des essais photographiques où la dimension humaine et politique s’inscrit au premier plan. Les formes d’expérimentation fondées sur la collaboration que Marc Pataut instaure avec les personnes qu’il associe à la conception de ses œuvres varient selon le contexte dans lequel il intervient. Son processus de travail demeure ainsi en lien étroit avec un domaine d’activité, avec une situation sociale, avec l’histoire des lieux et avec l’époque.


Les deux débuts
Le travail effectué à l’hôpital de jour d’Aubervilliers en 1981 est fondateur de cette démarche. Intervenant « infirmier-photographe » à mi-temps, il donne des appareils photo à un groupe d’enfants souffrant de troubles psychotiques. Marc Pataut découvre, dans la pratique photographique des enfants, un rapport au langage et au corps qui le bouleverse.
« J’ai compris qu’un portrait n’est pas seulement un visage, que la photographie passe par le corps et l’inconscient, par autre chose que l’oeil, l’intelligence et la virtuosité. De l’Hôpital de jour, je retiens qu’on peut photographier avec son ventre, que le portrait est un rapport de corps – comment je place mon corps dans l’espace face à un autre corps, à quelle distance. »
En 1986-1987, il entreprend une série de photographies de son propre corps. Il réalise un ensemble de onze cadrages en gros plan de son ventre pour exprimer la violence subie par d’autres corps. Il intitule ce travail Apartheid et le présente sous deux formes : en affiches sur des panneaux publicitaires de 3mx4m dans la ville du Blanc-Mesnil et en tirages argentiques encadrés, dans la mairie. Parallèlement, il réalise Mon corps, une série inédite composée d’une multitude de photographies. Ces trois séries ancrent l’engagement de l’artiste avec le médium photographique dans son rapport intime au corps et au portrait et composent une partie importante de l’exposition du Jeu de Paume.


Le portrait
En 1989, l’artiste commence à travailler le portrait. « Marc Pataut. de proche en proche » met cette pratique en évidence de manière non chronologique afin de confronter des oeuvres de différentes séries et formats les unes aux autres. Le visiteur découvre ainsi un large corpus du travail sous la forme de tirages argentiques, mais aussi de documents et de publications : Aulnay-sous-Quoi ? (1990-1991), un travail réalisé avec une classe d’élèves de seconde d’Aulnaysous-Bois à partir de lettres de lycéens résistants condamnés à mort en 1943 ; Emmaüs (1993-1994), des portraits pris à différentes distances de compagnons d’Emmaüs à Scherwiller en Alsace ; Humaine (2008-2012), des portraits de trois habitantes volontaires de la ville de Douchy-les-Mines ; enfin, une série de portraits réalisée avec six patients et deux soignantes du centre psychiatrique de jour Victor-Hugo, à Béziers, intitulée Figurez-vous… une ronde (2012-2016).


Ne Pas Plier
En 1990, il fonde avec Gérard Paris-Clavel, Ne Pas Plier, une association engagée dans une lutte contre la société néolibérale et sa culture publicitaire utilisant le rassemblement, l’image et la parole dans l’espace public. En 1996-1997, ils collaborent avec Médecins du Monde qui cherche à mettre en évidence la difficulté d’accès aux soins pour des personnes sans-abris. Intégrant la participation de SDF, vendeurs salariés d’un journal aujourd’hui disparu intitulé La Rue, le projet se concentre sur leur pratique de l’espace public en leur permettant de photographier cet environnement, puis de publier les images dans le journal. Ainsi naîtra une longue amitié avec l’un d’eux, Antonios Loupassis (1950-2017), un architecte d’origine grecque, dont la pratique photographique est exposée dans l'exposition.


Le territoire
De 1994 à 1995, Marc Pataut photographie les habitants du Cornillon, un terrain vague situé à l’emplacement du futur Stade de France à Saint-Denis.
« En novembre 1993, le site du Cornillon, dans la Plaine Saint-Denis, a été retenu pour être celui du Grand Stade où devait se dérouler la Coupe du monde de 1998. Avant de devenir le lieu médiatisé d’un événement mondial, ce terrain de vingt-cinq hectares était le territoire d’un petit nombre de personnes, que les expulsions ont peu à peu chassées avant que ne commence le chantier dont les cabanes ont été démolies lorsqu’il s’est ouvert. J’ai compris qu’ils étaient sauvés par leur rapport à l’espace, au ciel, aux plantes et à la nature. Ils entretenaient un rapport d’intimité avec un territoire très vaste. » Le Cornillon-Grand Stade a fait l’objet d’une publication (Ceux du terrain, Ne Pas Plier, 1997) et a par ailleurs été exposé à la documenta X de Cassel.


L’éducation populaire
À la demande de deux responsables de l’association Peuple et Culture Corrèze (2001-2002), Manée Teyssandier et Philippe Salle, il rencontre, photographie et filme des hommes et des femmes qui, chacun à leur manière, définissent le « pays de Tulle ». Cette enquête, intitulée Sortir la tête, est exposée dans des villages autour de Tulle, puis dans l’exposition intitulée « Des territoires » qui se tiendra à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2001. Cette oeuvre transmet l’intérêt que l’artiste porte à la question de l’éducation populaire. À ce propos, il explique :
« C’est se cultiver, mais aussi faire en sorte que les autres se cultivent, c’est produire de l’invention, c’est pour moi l’idéal de l’institution. C’est à la fois travailler pour soi et pour les autres, une interface entre moi et le monde. Cela pourrait être ma définition de la photographie. »


Pour accompagner l’exposition un catalogue est aux. Editions Jeu de Paume – Filigranes.