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“Sally Mann” Mille et un passages
au Jeu de Paume, Paris

du 18 juin au 22 septembre 2019



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 17 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sally Mann, Cherry Tomatoes, 1991. Tirage gélatino-argentique, Washington, National Gallery of Art, Corcoran Collection, don de David M. Malcolm en mémoire de Peter T. Malcolm, 2015. © Sally Mann.
2/  Sally Mann, Deep South, Untitled (Scarred Tree), 1998. Tirage gélatinoargentique. Washington, National Gallery of Art, Fonds Alfred H. Moses et Fern M. Schad. © Sally Mann.
3/  Sally Mann, Was Ever Love, 2009. Ferrotype, Houston, Museum of Fine Arts, acquisition du musée financée par le S. I. Morris Photography Endowment, 2010. © Sally Mann.

 


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Interview de Sarah Kennel, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 juin 2019, durée 18'24". © FranceFineArt.
(avec l'aimable traduction de Marguerite Capelle)

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires : Sarah Greenough et Sarah Kennel



Depuis plus de quarante ans, Sally Mann (née en 1951) réalise des photographies expérimentales à la beauté obsédante qui explorent les thèmes essentiels de l’existence : mémoire, désir, mort, liens familiaux, magistrale indifférence de la nature envers les hommes. L’unité de ce vaste corpus – portraits, natures mortes, paysages et études diverses –, repose sur l'évocation d’un lieu, le Sud des États-Unis.

Sally Mann, originaire de Lexington (Virginie), a écrit voici bien longtemps sur ce que signifie vivre dans le Sud des États-Unis.. S’appuyant sur un amour profond pour sa terre natale et sur une bonne connaissance de son héritage historique complexe, elle pose des questions fortes et provocantes, sur l’histoire, l’identité, la race et la religion, qui transcendent les frontières géographiques et nationales. Cette exposition, la première rétrospective majeure de cette artiste reconnue, traite de la façon dont sa relation avec sa terre d’origine a façonné son oeuvre.

Organisée en cinq parties et dotée de nombreuses œuvres inconnues du public ou inédites, cette rétrospective constitue à la fois une vue d’ensemble de l’oeuvre de l’artiste sur quatre décennies et une fine analyse de la manière dont le legs du Sud, à la fois patrie et cimetière, refuge et champ de bataille, transparaît dans son travail comme une force puissante et troublante qui continue de modeler l’identité et le vécu de tout un pays.

L’exposition s’ouvre avec des oeuvres des années 1980, lorsque Sally Mann commence à photographier ses trois enfants se livrant à leurs occupations dans la résidence d’été de la famille à Lexington. D’une beauté sensuelle, traversées de sourdes allusions à la violence, à la sexualité et à la détresse, ces images réfutent les stéréotypes de l’enfance et lui préfèrent des visions dérangeantes.

L’exposition se poursuit par des photographies de marécages suffocants, de champs et de propriétés en ruine que Sally Mann a découverts en sillonnant la Virginie, la Géorgie et le Mississippi. Cherchant à capter ce qu’elle appelle « la lumière radicale du Sud américain », elle a rapporté de Virginie des images comme vues par un somnambule, tandis que celles de Géorgie et du Mississippi sont désolées et austères. Dans ces photographies étrangement statiques, ainsi que dans celles de la troisième section dédiée aux champs de bataille de la guerre de Sécession, Sally Mann a opté pour des formats bien supérieurs et fait appel à des objectifs anciens et au procédé des plaques au collodion humide en usage au XIXe siècle. En puisant dans des techniques anciennes, elle obtient une large palette d’effets photographiques, dont le « flare » (taches lumineuses parasites), la brume, les raies et les flous qui font du Sud le lieu de la mémoire, de la défaite, de la ruine et de la renaissance.

La quatrième section explore en quatre séries le paysage racial de la Virginie. Sally Mann réalise entre 2006 et 2015 une série de ferrotypes sur le Great Dismal Swamp (« grand marais lugubre ») et les cours d’eau voisins du sudest de la Virginie. Ce marais a accueilli avant la guerre de Sécession de nombreux esclaves en fuite. Là, l’emploi du procédé ferrotype – émulsion au collodion sur feuille de tôle – offre à Mann une surface d’aspect liquide et restituent la géographie locale, indissociable de son statut de terre d’esclavage. Parallèlement, Sally Mann photographie près de chez elle, à Lexington, de petites églises afro-américaines du XIXe siècle. Ces images sont ponctuées de portraits de Virginia « Gee-Gee » Carter, cette femme noire qui demeura cinquante ans au service des parents de Sally Mann et qui les aida à l'élever. Cette section se complète d’un groupe de portraits d’hommes noirs tirés en grand format à partir de négatifs au collodion.

Dans la dernière partie, l’exposition revient à son point de départ en se concentrant sur Sally Mann et sa famille pour traiter du temps qui passe et de la mort. La fascination persistante de la photographe pour les altérations, notamment corporelles, est manifeste dans une série de portraits fantomatiques de ses enfants et de photographies intimes montrant en détail la transformation physique de son mari qui souffre d'une maladie dégénérative. L’exposition se termine par une série d’autoportraits de l’artiste réalisés au lendemain d’un grave accident de cheval.


Pour accompagner l’exposition un catalogue est publié aux éditions Jeu de Paume et Xavier Barral.