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“Sonja Ferlov Mancoba” article 2758
au Centre Pompidou, Paris

du 26 juin au 23 septembre 2019



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 25 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sonja Ferlov Mancoba, Sans titre, vers 1935-36. Pastel sur papier, 32,5 x 28,5 cm. Collection N. Stockmarr. © SMK Photo/Jakob Skou-Hansen. © Adagp, Paris, 2019.
2/  Sonja Ferlov Mancoba, travaillant sur The Little Careful One dans son atelier à Gudhjem, sur l’île de Bornholm au Danemark, en 1951. © Adagp, Paris 2019. © Johnny Bonne / AFP Sources Extra.
3/  Sonja Ferlov Mancoba, Sans titre, 1974. Encre de Chine sur papier, 10,4 x 7,4 cm. MNAM inv. AM 2018-685. © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-GP. © Adagp, Paris, 2019.

 


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Interview de Jonas Storsve,
conservateur au Cabinet d’art graphique du Musée national d’art moderne et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 juin 2019, durée 16'03". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Jonas Storsve, conservateur du Cabinet d’art graphique du Centre Pompidou



Le Centre Pompidou poursuit son travail de mise en lumière d’artistes d’origine extra-occidentale souvent méconnus du grand public. Après les avant-gardes russes, après les polonais Katarzyna Kobro et Władysław Strzeminski, après l’artiste cubain Wifredo Lam, la danoise Sonja Ferlov Mancoba et le sud-africain Ernest Mancoba, exilés à Paris pendant la quasi-totalité de leurs parcours respectifs, sont exposés en Galerie d’art graphique et Galerie 0 du 26 juin au 23 septembre 2019. Mariés à la ville et partageant le même atelier parisien, Ernest Mancoba et Sonja Ferlov Mancoba sont mis à l'honneur par le Centre Pompidou dans deux espaces distincts, pour rendre hommage à l'envergure de leurs pratiques, indissociables comme singulières.

Le Centre Pompidou invite ainsi à découvrir la première rétrospective complète en France de Sonja Ferlov Mancoba (1911-1984). Conçue en collaboration avec la Galerie nationale du Danemark, à Copenhague, l’exposition présente 58 sculptures et 67 dessins de cette artiste danoise encore méconnue en France. Sonja Ferlov Mancoba propose dès les années trente un travail sculptural et pictural à la fois profondément personnel et lié aux mouvements artistiques danois et internationaux du 20ème siècle. À la croisée de formes abstraites et figuratives, ses sculptures et ses dessins sont créés à partir d’un faisceau de références, allant des arts africain et précolombien jusqu’au surréalisme. Anthropomorphes, ses oeuvres dévoilent une façon de penser l’individu comme un être en perpétuel devenir, elles redessinent les frontières du corps, à la fois sur les plans matériel et métaphysiques, formels et spirituels.

Sonja Ferlov Mancoba entreprend des études de peinture en 1931 et se lie avec la nouvelle génération des artistes danois (Richard Mortensen, Ejler Bille, Hans Øllgaard et Vilhem Bjerke-Petersen). Fondateurs du groupe Linien en 1934 et de la revue éponyme, ils défendent aux côtés de Sonja Ferlov un art émancipé et engagé, liant abstraction et surréalisme, et posent les linéaments de la conception spontanée abstraite, destinée à jouer un rôle majeur pour toute la vie artistique scandinave pendant et après la guerre. Une fois ses premières peintures réalisées, Sonja Ferlov se tourne vers la sculpture, expérimentant l’argile ou recourant à des objets trouvés dans la nature.

En 1936, l’artiste s’installe à Paris. Inscrite à l’École nationale des beaux-arts, elle loue un atelier à proximité de celui d’Alberto Giacometti, avec qui elle se lie d’amitié. Préparant avec ses compatriotes une exposition surréaliste à Copenhague, Sonja Ferlov rencontre Joan Miró, Max Ernst, Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp. Entre 1937 et 1940, elle crée un ensemble de sculptures aux formes organiques à la limite de l’abstraction, introduit le motif du masque dans son travail et commence une série de dessins construits à partir d’un système complexe de signes. Sonja Ferlov rencontre en 1939 l’artiste sud-africain Ernest Mancoba, qu’elle épouse en 1942. Au début de la guerre, elle s’installe au Danemark pour quelques mois, avant de revenir à Paris pour rejoindre Ernest Mancoba, bientôt interné dans le camp de prisonniers de guerre allemand de la Grande Caserne, à Saint-Denis. Durant la guerre, elle crée Sculpture (1940-1946), oeuvre phare dans son parcours, qui caractérise sa méthode de travail à la fois spontanée et ancrée dans un processus de métamorphose continuelle. Moulée en plâtre en 1946, Sculpture fera l’objet d’un nombre limité de tirages en bronze, dont un exemplaire a été acquis par le Musée national d’art moderne en 2018.

En 1947, un an après la naissance de leur fils Wonga, les époux Ferlov Mancoba s’installent au Danemark. Sonja expose avec ses anciens compagnons de Linien, mais aussi avec ceux qui défendent la méthode spontanée; ceux-ci créeront ensemble en 1948 le groupe international Cobra (Asger Jorn, Karel Appel ou Carl-Henning Pedersen). Subissant l’intolérance raciale au Danemark, la famille s’établit en 1952 dans le village d’Oigny-en-Valois, au nord-est de Paris. Sonja Ferlov crée peu, mais expérimente l’argile jaune et produit à partir de 1957 d’importantes sculptures qui se lisent comme une reconfiguration, une libération du corps humain. La famille emménage définitivement à Paris en 1961. L’artiste y entreprend une série de sculptures de plus grand format. Ses oeuvres se déclinent alors en figures renvoyant pour certaines au sacré, la forme s’y fond avec une idée de l’être pluriel et composite, dans une dynamique de circulation et de mouvement. Durant les dernières décennies de sa vie, Sonja Ferlov Mancoba expose régulièrement dans son pays d’origine et occasionnellement en France. Elle bénéficie également d’une grande reconnaissance au Danemark et reçoit en 1971 la médaille Thorvaldsen, l’une des plus hautes distinctions danoises pour les arts visuels. Elle ne cesse durant ces années de créer des oeuvres où le thème de la dualité prend les espèces du masque et du casque. Dans nombre de ses sculptures, le vide devient un élément central – à tous points de vue.

Jusqu’à son décès en 1984, elle développe une oeuvre faisant de l’individu un être transitoire, inscrit dans une communauté spirituelle et incarnant une volonté de contestation d’une certaine histoire occidentale, chère à la société bourgeoise de son temps.