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“Takesada Matsutani” article 2759
au Centre Pompidou, Paris

du 26 juin au 23 septembre 2019



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 25 juin 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Takesada Matsutani, Resistance (Pressure), 1958. Pigments minéraux sur papier japonais collé sur panneau de contreplaqué, 115,2 x 89,4 cm. Photo © Kaoru Minamino. © Takesada Matsutani. Courtesy de l'artiste et Hauser & Wirth.
2/  Takesada Matsutani, Superposition 92-2, 1992. Crayon graphite et papier japonais sur toile, adhésif en acétate de polyvinyle, crayon graphite et cordon sur toile montée sur carton, 266 x 300 x 95 cm. © Takesada Matsutani. Courtesy de l'artiste et Hauser & Wirth.
3/  Takesada Matsutani, Circle Yellow-19, 2019. Adhésif vinylique, acrylique sur toile montée sur contreplaqué. Diamètre : 162 cm. Courtesy de l'artiste et Hauser & Wirth. Photo © Marc Domage.

 


2759_Takesada-Matsutani audio
Interview de Christine Macel, Conservatrice générale, cheffe du service création contemporaine
et prospective du Musée national d’art moderne et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 juin 2019, durée 13'34". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Christine Macel, Conservatrice générale, cheffe du service création contemporaine et prospective
Assistée de Loïc Le Gall, Attaché de conservation, service création contemporaine et prospective




Recouvrant soixante ans de la carrière de Takesada Matsutani (1937, Osaka, Japon), cette exposition est la première rétrospective majeure en France de l’oeuvre de cet artiste japonais vivant et travaillant à Paris depuis 1966. Présentée dans la Galerie du musée, l’exposition révèle une donation exceptionnelle faite par Matsutani au Centre Pompidou de vingt-deux de ses oeuvres, de la fin des années 1950 à nos jours. Elle permet plus largement de retracer un parcours riche et original, débutant avec une première période qui mêle, à la fin des années 1950, la peinture traditionnelle nihonga et une veine surréalisante, pour évoluer vers une abstraction informelle, puis vers Gutai au début des années 1960.

La fascination de Matsutani pour la matière organique et sa propagation, déjà sensible dès sa période Gutai, ainsi que le rapport de l’artiste à l’espace et au temps, marqué par la culture du bouddhisme, l’emmènent ensuite, dans les années 1970, vers une aventure aux accents hard-edge, puis vers une oeuvre « noire » très personnelle.

En 1963, à l’âge de 26 ans, Matsutani est accepté dans le groupe Gutai (nom évoquant le rapport concret de l’artiste à la matière) par son fondateur Jiro Yoshihara (1905-1972). Ses tableaux abstraits aux surfaces couvertes de cloques béantes, obtenues à partir d’un procédé de son invention utilisant de la colle vinylique, séduisent Yoshihara par leur nouveauté. Le critique Michel Tapié, promoteur de l’art informel au Japon à la fin des années 1950, salue également l’entrée de Matsutani dans Gutai. Ainsi s’engage un dialogue avec la matière organique, socle fondateur de l’oeuvre à venir, que Matsutani intitulera « Propagation » dans les années 1960. Le vivant et son expansion fascinent d’autant plus l’artiste qu’il a souffert durant son adolescence de la tuberculose. Sa découverte de cellules observées au microscope renforce cet intérêt, de même que les oeuvres abstraites de Kandinsky.

En 1966, en remportant le premier prix d’un concours artistique franco-japonais, il peut profiter d’un séjour de six mois en France où il décide finalement de s’installer. De 1967 à 1971, il s’adonne à la gravure à l’Atelier 17 de Stanley William Hayter, dont il devient l’assistant. Il découvre également la sérigraphie et épouse un nouveau style proche du hard-edge américain. Mais, pour lui, les notions de propagation, voire de développement dans les trois dimensions, prédominent toujours, sans réelle influence des théories américaines.

En France, Matsutani réexamine, à travers diverses lectures, sa réflexion spirituelle, marquée par le shinto et le bouddhisme qui ont bercé son enfance. Il évolue ainsi vers un style de plus en plus personnel, où l’expérience sur la matière organique se mêle à un travail sur la notion d’espace-temps.

À partir de 1977, il débute la série des Streams ou Courants, se concentrant sur l’usage du papier, du graphite et de l’encre sumi. Ces oeuvres réalisées sur de longues bandes de papier de près de dix mètres de long rendent visibles à la fois le geste patient de l’artiste, trait de graphite après trait, l’écoulement du temps nécessaire à la réalisation de l’oeuvre, ainsi que l’instant final où l’encre s’écoule en son extrémité par l’action de Matsutani. Ayant redécouvert son ancien matériau fétiche, la colle vinylique, il l’intègre au cours des années 1980 dans les Streams pour créer des surfaces bombées sur la toile ou le papier.

Il développe plus largement le travail in situ avec des installations toujours plus imposantes, souvent activées lors de performances (écoulement d’encre sur toile ou pierre). À partir de 2015, la couleur recommence à jouer un rôle important dans l’œuvre de Matsutani, avec des formats inhabituels tels ces tondos de couleurs vives, jaunes, bleus et verts, qui achèvent ici le parcours de l’exposition. L’un des rares artistes japonais à avoir effectué la plus grande partie de sa carrière en France, Matsutani reçoit ainsi un hommage mérité et tardif à son aventure artistique exceptionnelle qui l’a mené, à travers une expérimentation constante avec la matière organique reliée au spirituel, vers la quête de son « image intérieure ».