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“Prix Découverte Louis Roederer” article 2786
aux Ground Control, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 1er juillet au 22 septembre 2019



www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite des expositions du Prix Découverte, le 6 juillet 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Hanako Murakami, The Immaculate #D1. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Taka Ishii Gallery.
2/  David De Beyter, Event Reconstruction I. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Galerie Cédric Bacqueville.
3/  Laure Tiberghien, Filtre #4, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Lumière des roses.

 


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Interview de Laure Tiberghien, co-lauréate du Prix Découverte Louis Roederer 2019,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 6 juillet 2019, durée 8'25". © FranceFineArt.

 


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Interview de David De Beyter,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 6 juillet 2019, durée 7'41". © FranceFineArt.

 


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Interview de Hanako Murakami,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 6 juillet 2019, durée 8'48". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Depuis leur création, les rencontres d’Arles défendent la photographie et l’ensemble de ses acteurs. Les galeries trouvent naturellement leur place au sein du festival. En effet, par leur travail de défricheur, elles sont souvent les premières à repérer les talents de demain. Sur les 200 propositions reçues, 10 projets ont été sélectionnés. Ils font chacun l’objet d’une exposition. Pendant le semaine d’ouverture, un jury récompense un artiste et sa galerie à travers une acquisition d’un montant de 15 000 euros, tandis que le public désigne son lauréat à travers une acquisition d’un montant de 5 000 euros.


Cette année pour la 50e édition des Rencontres d’Arles, le jury du Pris Découverte Louis Roederer, présidé par Agnès b., a exceptionnellement récompensé deux Lauréats, Máté Bartha proposé par la Galerie Tobe à Budapest, Hongrie et Laure Tiberghien accompagnée par la Galerie Lumière des roses à Montreuil, France, pour leurs travaux actuellement exposées aux Rencontres d’Arles.





Máté Bartha / Kontakt
Lauréat Prix Découverte Louis Roederer 2019
Galerie Tobe, Budapest, Hongrie
Commissaire de l’exposition : Flóra Mészáros.

La série Kontakt est une découverte visuelle du camp d’été organisé autour de la thématique militaire par l’ONG hongroise « École de la Défense ». Des enfants âgés de 10 à 18 ans y apprennent la discipline, le patriotisme et l’utilisation d’armes de poing Airsoft, une version de loisir des véritables armes à feu, tout en expérimentant les difficultés de la survie dans la nature sauvage. Bartha a passé un an et demi avec eux, ce qui l’a conduit au fil du temps à se poser des questions sur notre attitude à l’égard de la violence, de la guerre et de leur place dans notre société, sur nos principes et les limites de notre tolérance. L’exposition raconte l’histoire d’une communauté d’un point de vue à la fois personnel et distant. L’ambivalence de l’interprétation de chaque image aide à explorer la complexité d’un ensemble de notions apparemment contradictoires autour d’un sujet délicat. Flóra Mészáros



Steeve Bauras
/ White Dreams extended
Ycos-Project, Paris, France
Commissaire de l’exposition : Yves Chatap.

Pour l’installation White Dreams Extended, la surface noire de chaque image est pensée comme le réceptacle de nos émotions dans le but d’interpeller le spectateur sur l’infinie variabilité de nos perceptions. Dans sa démarche, Steeve Bauras exploite l’image afin de montrer la capacité de celle-ci à se réinventer en fonction du contexte qu’on lui assigne. Par les procédés de distorsion des captures d’images documentaires relatives à la Seconde Guerre mondiale, l’artiste réveille ces archives de l’oubli et nous confronte à notre tendance constante à consommer les images sans en prendre la mesure. Refaire, réinterpréter, deviennent les enjeux d’une démarche qui cherche à interroger notre relation au réel. En faisant se côtoyer l’inimaginable horreur et le récit de soi, l’artiste confronte le spectateur à la quête d’une vérité à partir de laquelle il entamera cette transformation de la réalité traumatique contenue dans les images. Yves Chatap



David De Beyter
/ The Skeptics, Relics of Technological Goddess
Galerie Cédric Bacqueville, Lille, France
Commissaires de l’exposition : Anna Planas et Pierre Hourquet.

The Skeptics, Relics of Technological Goddess est un projet en cours mêlant film, photographie et objets. Il s’appuie sur une pratique amateure dérivée de l’ufologie, l’ufologie scientifique, communauté marginale de penseurs regroupant une centaine de passionnés en Espagne. La beauté de leur approche de la réalité et de la perception réside dans une volonté utopique de rendre factice le mythe moderne des ovnis. Une esthétique de la disparition et de la cécité des images où la photographie et sa physicalité deviennent un objet spéculatif, servant ici à déconstruire un grand récit contemporain. Par son approche documentaire, sociologique et réflexive autour de l’image, l’exposition The Skeptics s’appréhende comme un espace immersif nous donnant à méditer sur l’obsolescence d’une croyance. Ces paysages de l'ailleurs, ces pensées obsolètes et ces outils scientifiques désuets sont autant de reliques d’un imaginaire en ruine qui interroge l’humeur de notre temps, celle de la post-vérité.



Stacy Kranitz / Tel qu'on me l'a raconté
Galerie Tracey Morgan, Asheville, Etats-Unis

À partir de la fin du XIXe siècle, la région des Appalaches fut dévastée par une industrie de l’extraction qui s’appropriait les ressources précieuses de la terre et offrait en retour peu, sinon rien, aux populations locales. En 1964, le gouvernement américain choisit cette région pour en faire la figure emblématique de son programme de « guerre contre la pauvreté ». Des photographes se rendirent dans le Appalaches et réalisèrent des images censées aider les Américains à s’unir pour améliorer les conditions de vie de cette population défavorisée. Le résultat fut tout autre : il offrait une image simpliste et superficielle de la pauvreté qui hante encore les populations appalachiennes. Tandis que je commençai à travailler dans la région, je compris que je m’inscrivais dans une tradition de photographes dont l’utilisation du médium participait à la perpétuation du problème. Représenter un endroit est une négociation compliquée. Dans une région où le médium a échoué à aider les gens, comment le photographe peut-il démystifier les stéréotypes, représenter la culture, résumer l’expérience, interpréter la mémoire et l’histoire ? Stacy Kranitz



JJ Levine
/ Famille
Galerie La Castiglione, Montréal, Canada

J’ai consacré les dix dernières années de ma vie à photographier mes amis, mes amants et mes frères et soeurs de la communauté LGBTQ de Montréal. Chaque portrait a été réalisé dans un environnement domestique particulier, caractérisé par des couleurs saturées et des arrière-plans discursifs. En utilisant un éclairage professionnel et un appareil photo moyen ou grand format, j’ai créé un studio photo dans chaque intérieur et ai placé les objets contenus dans le cadre avec délibération. Ces mises en scène ont pour but d’interroger l’espace privé en tant que lieu de développement d’une communauté et d’expression de genres et de sexualités le plus souvent relégués aux marges de la sphère publique. Alors que ma communauté d’amis LGBTQ est entrée dans une nouvelle phase de vie – la plupart d’entre nous sommes à présent trentenaires –, plusieurs d’entre nous sont devenus parents. Mes images ont suivi cette trajectoire et j’ai ainsi commencé à rendre compte des différentes manières dont les enfants s’inscrivent dans nos vies et nos réalités et les modifient. JJ Levine



Laure Tiberghien
/ Suite…
Lauréate Prix Découverte Louis Roederer 2019
Lumière des roses, Montreuil, France

Le travail de Laure Tiberghien s’inscrit dans un courant d’expérimentation que l’on peut faire remonter au début de l’histoire de la photographie mais il ne procède en rien d’une quelconque fascination technologique. L’image obtenue sans appareil, par la conjugaison de la chimie, de la lumière et du temps, est un révélateur du monde matériel, mettant ici en lumière l’épiderme des choses, non leur peau visible mais leur surface sensible. Avec ses images, Laure Tiberghien capte les transformations du visible dont elle nous donne à comprendre le mouvement et les altérations. Chacune de ses pièces est l’objet d’une savante composition où les couleurs sont agencées après avoir été auparavant testées et disposées comme sur une palette pour obtenir les rapports de tons souhaités. Toutes ces opérations qui mènent à des pièces forcément uniques, supposent un long travail en chambre noire, l’usage de filtres et la mise en place de dispositifs qui n’ont rien de mécanique et permettent d’obtenir une image maîtrisée tout en laissant la place à l’accident et au hasard. Gilles A. Tiberghien



Alys Tomlinson
/ Les fidèles
Lauréate Prix du Public Prix Découverte Louis Roederer 2019
Hackelbury Fine Art, Londres, Royaume-Uni

Les Fidèles explore la vie de Vera, une nonne chrétienne orthodoxe dont le portrait constitue un élément central et puissant de la série Ex-Voto. Pendant plusieurs années, Alys Tomlinson a parcouru les lieux de pèlerinage en Europe, photographiant pèlerins, paysages et objets, ainsi que les marques laissées dans ces sites sacrés. Les images d’Ex-Voto fournissent un vaste arrière-plan à Les Fidèles. Cette exposition, composée à la fois de photographies et de vidéos, permet d’approfondir la description de ce qu’est une vie de foi. Les Fidèles combine des portraits de nonnes au couvent, des photographies prises dans des lieux de pèlerinage en France, en Irlande et en Pologne, et des images fixes et animées de la série Vera.



Shinji Nagabe / La République des Bananes
Galeria da Gávea, Rio De Janeiro, Brésil
Commissaire de l’exposition : Felipe Abreu.

Plusieurs événements récents à travers le monde semblent nous avoir mis dans un état de suspension de la réalité. La République des Bananes est une réponse à cet état de désillusion et de désenchantement politique et social. Le réalisme surréaliste de la série est basé sur des faits existants, mais extrapolés au même niveau de fantaisie que tant de discours récents. L'état créé par Shinji Nagabe se trouve sous le joug d'un dictateur cruel et populiste. La banane est utilisée pour aveugler et censurer, alors que des groupes de résistance s’en servent pour fabriquer des armes et des bombes artisanales. Cette réponse viscérale ouvre la voie à une guérilla entre les rebelles et le gouvernement à la vision rétrograde et conservatrice. Les transformations sociales et politiques récemment vécues dans tant de pays se retrouvent dans La République des Bananes. Le plongeon dans cette république fictive et sa fantaisie tropicale acide nous fait réfléchir sur le rôle de chacun dans les directions choisies pour nos communautés et celles que nous serons amenés à choisir dans le futur.



Meryl McMaster / Aussi vaste que le ciel
Galerie Stephen Bulger, Toronto & Pierre-François Ouellette Art Contemporain, Montréal, Canada

La façon dont nous expérimentons le temps qui passe façonne notre relation au monde. Ma conscience du temps provient de la superposition de deux approches distinctes – l’une est une voie linéaire qui part dans les deux directions depuis le présent, l’autre est récurrente et cyclique. Cette dualité fait partie de mon éducation et résulte du fait d’être née dans une famille à la fois occidentale (britannique/néerlandaise) et autochtone (Plains Cree). De nombreux lieux que j’ai visités revêtaient des significations particulières pour mes ancêtres. J’ai été attirée par les lieux des récits anciens, dans les prairies canadiennes du centre et du Sud, et sur les rives des premières colonies, dans les provinces maritimes canadiennes. Mon but était de me reconnecter à ceux qui m’ont précédée afin de me présenter à la terre sur laquelle ils vécurent. J’en suis venue à considérer ces paysages comme des immenses capsules temporelles de savoir enfoui. Fouler ces anciens sentiers, faire l’expérience de la diversité des panoramas et apprendre de la sagesse de mes ancêtres : c’est de cela dont traite Aussi vaste que le ciel. Meryl McMaster



Hanako Murakami
/ Conception
Galerie Taka Ishii, Tokyo, Japon
Commissaire de l’exposition : Pascal Beausse.

Hanako Murakami s’intéresse de longue date à la matériologie autant qu’à l’histoire de la photographie, à la conception scientifique autant qu’à la dimension prospective et intellectuelle qui vit naître l’idée de photographie à travers les premières expérimentations. L’artiste a mis en oeuvre une recherche appliquée qui l’a emmenée aux sources des écrits et matériaux de Niépce et Daguerre. L’exposition ne se présente pas pour autant comme une somme de connaissances. Hanako Murakami souhaite plutôt donner une dimension tangible aux expérimentations de Niépce puis à leur aboutissement par Daguerre. Sous ses aspects d’examen rationnel de la matérialité des plaques de daguerréotypes et de présentation systématique de la nomenclature de tous les noms possibles de ce qui ne s’appelait pas encore « photographie », cette exposition offre aux spectateurs le sentiment troublant d’être les contemporains de l’invention de l’idée de photographie. Pascal Beausse