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“Xiao Fan Ru - 茹小凡” Passage
à la galerie RX, Paris

du 29 juin au 20 septembre 2019



www.galerierx.com/fr/expositions/xiao-fan-ru

ruxiaofan.com

 

Vues de l'exposition "Passage" de Xiao Fan Ru à la galerie RX. Courtesy de l’artiste et de la galerie RX.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Xiao Fan Ru, Série Bambou, Passage, 2019. Huile sur toile, 130 cm x 97 cm. Courtesy de l’artiste et la galerie RX.
2/  Xiao Fan Ru, Série Bambou, Vent fort, 2018. Triptyque, huile sur toile, 147 cm x 97 cm x 3. Courtesy de l’artiste et la galerie RX.
3/  Xiao Fan Ru, Série Bambou, Après la pluie, le beau temps, 2018. Huile sur toile, 200 cm x 160 cm. Courtesy de l’artiste et la galerie RX.

 


texte de Liyu Yeo, rédacteur pour FranceFineArt.

 

La dernière exposition de Ru Xiaofan à la galerie RX aborde le récit du voyage et de la vie de l’artiste de la Chine jusqu’en France. L’exposition s’appelle Passage et synthétise la notion de l’initiation et de la transformation dû au temps. La traduction littérale du mandarin inclus l’idée de traverser une barrière d’eau pour surpasser les obstacles de la vie, tout comme dans le bouddhisme Zen, on obtient l’éveil par la pratique et l’expérience directe. L’exposition est une réflexion spirituelle basée sur l’expérience d’une vie bien vécue.

La forêt de bambous est le fil conducteur de l’exposition où se déroule divers drames et de curieuses expériences. Le bambou est hautement symbolique dans la culture chinoise. C’est l’un des « quatre gentilshommes » de la peinture classique chinoise. Ru rend ainsi hommage à ses racines artistiques. Historiquement le bambou est comme le roseau de la tradition européenne qui ploie mais ne se rompt pas.

Une personne cultivée est supposée être comme le bambou, intègre, ferme mais néanmoins flexible vis-à-vis de l’adversité.

Un triptyque est inspiré par les Sept Sages chinois dans la forêt de bambous. C’est une histoire chinoise célèbre, où sept intellectuels et artistes voulant échapper aux intrigues, à la corruption et à l’atmosphère étouffante de la vie de la cour de la période stressante des Trois Royaumes (3 siècle avant JC) se réfugient dans une forêt de bambous. Ru continue la tradition chinoise, et ces Sept Sages sont une source continue d’inspiration et d’influence dans la poésie, la musique, l’art et dans toute la culture à travers les siècles.

Traditionnellement, les Sages se rassemblent dans un bosquet de bambous où ils profitent et font l’éloge d’une vie simple et rustique, loin de la politique de la cour. Les Sept Sages sont connus pour s’engager dans le Qingtan qui est une pure conversation spirituelle où l’on aborde et débat librement de métaphysique et de philosophie. Dans la peinture de Ru, les Sept Sages ont différentes attitudes lorsqu’un orage imminent va traverser ce paysage stérile. Au premier plan, un sage s’accroche à un parapluie soufflé par la tempête, tandis que d’autres au second plan observent avec fatalité des papiers emportés et dispersés par le vent. À l’arrière-plan, un intrigant personnage semble flotter en suspension au milieu d’un plan d’eau. La largeur de l’étang peut suggérer qu’il est condamné à ne pas pouvoir le traverser.

Ce suspense fait écho au titre de l’exposition. Pour Ru, l’obstacle est vécu comme une expérience enrichissante et même nécessaire pour grandir et atteindre l’éveil.

Les peintures de Ru sont remplies de symboles orientaux et occidentaux comme des testaments de son expérience bi-culturelle. Dans la peinture « Time Tider » Piero della Francesca a inspiré Ru pour peindre le paysage occidental panoramique de l’arrière plan. Le premier plan, par contraste, est une forêt de bambous étiolée parsemée de bambous cassés. Deux enfants jouent dans ce paysage terrestre. Sur la gauche, un bateleur fait des bulles de savons qui remplissent le paysage nu. Les bulles de savon à la dérive parmi les bambous ajoutent une certaine joie de vivre, même si ces bulles sont de nature éphémère. La peinture semble suggérer que même dans un environnement dur et sans espérance, il y a tout de même un espoir dans un futur proche qui est suggéré par ce paysage luxuriant et lumineux.

Avec « Passage » Ru philosophe sur le cycle de la vie. Dans la perspective bouddhiste, souffrir et surmonter les épreuves font partie de notre existence fugace. Mais il y a toujours l’espoir et le salut au bout de la route.

Ru Xiaofan est née à Nanjing en 1954, il a d’abord été éduqué dans la tradition picturale chinoise avant d’entreprendre la peinture occidentale en arrivant en Europe. Il vit en France depuis 35 ans et a exposé maintes fois en Chine et en Europe. Ru aura une exposition personnelle au Musée Guimet en 2020, montrant un tout nouveau travail de céramique.

Liyu Yeo