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“Oscar Oiwa” Rio, Tokyo, Paris : des villes, des Jeux
à la Maison de la culture du Japon, Paris

du 18 septembre au 14 décembre 2019



www.mcjp.fr

 

© Sylvain Silleran, présentation presse de l'exposition, le 17 septembre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Oscar Oiwa dans son atelier. Photo courtesy: Oscar Oiwa Studio, NY.
2/  Makiko Tanaka, Jeu aquatique, 2019. Aquarelle sur papier, 21,5 x 25 cm.
3/  Camille Fontaine, Le fond de la piscine - Centre aquatique, 2019. Huile sur toile, 100 x 100 cm, photo : Kyoko Kasuya.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Après son imposante rétrospective cet été au 21st Century museum of Contemporary Art de Kanazawa (Japon), Oscar Oiwa est invité par la Maison de la culture du Japon à Paris à réaliser une œuvre autour des trois villes olympiques : Rio, Tokyo et bientôt Paris. Les trois panneaux emplissent des murs entiers : du feutre noir et du fusain déroulent sur de longues bandes de papier un récit poétique de trois villes. Paris, Tokyo, Rio apparaissent comme un assemblage de bribes de mémoire auxquelles se mêlent des songes fleuris.

S'éloignant des aspects sombres et parfois désespérés explorés précédemment dans sa peinture, Oscar Oiwa distille ici une nostalgie douce, une tendresse pour ces trois villes et leurs histoires. L'immédiateté du dessin, de ce trait liquide, dansant et aérien comme une fumée crée une connexion instantanée. On rentre dans ces portraits de villes comme dans une bande dessinée, on y lit mille histoires, la grande, les règnes et les révolutions, et puis aussi les petites pièces de théâtre des quartiers. Des labyrinthes des rues et ruelles naissent les vraies âmes des cités ; les vapeurs odorantes des cuisines s'élèvent et colorent de leurs saveurs les monuments, les statues et les symboles. Au bout de cette longue fresque, seul au milieu d'un mur, il y a, dans un cadre modeste, un dessin au crayon sur papier. Cette tête de Zeus en est le dessin préparatoire, il nous révèle que les trois panneaux, en plus de se suivre horizontalement, se superposent verticalement en un immense portrait du dieu grec. Oiwa outrepasse joyeusement l'hospitalité qui lui est offerte par le commissariat d'Aomi Okabe en réalisant une œuvre encore plus monumentale que celles dont il est coutumier, si monumentale même qu'elle a été découpée en trois parties pour pouvoir entrer dans l'espace d'exposition. On réalise alors que tout se lie : du ciel de Paris nait le mont Fuji, la tour Eiffel se prolonge en tour de Tokyo, Les cheveux et de la barbe de Zeus mêlent orchidées parisiennes, Sakura japonaises, pins millénaires et fleurs de frangipanier brésiliennes dans une grande jungle tombant comme une cascade.

En face, quelques petits tableaux viennent rythmer cette longue immersion, des respirations colorées, intimes dialoguant avec le gigantisme du paysage. Des gâteaux dans la vitrine d'une pâtisserie comme les cinq anneaux olympiques, des chaussures dans l'entrée d'une maison tokyoïte, un gymnase de boxe dans un vieux quartier, une buvette de plage sont de jolies petites choses simples, des petites douceurs sentimentales. Loin de ses superbes et furieux élans cinématographiques, Oscar Oiwa exprime ici une discrète affection bienveillante, un bonheur du quotidien si proche et familier qu'il n'y a qu'à tendre la main pour le saisir. Une beauté aussi, mais qui sait avec virtuosité réserver quelques histoires à qui sait prendre le temps de regarder le tableau, de chercher ce qui s'y cache pourtant à la vue de tous.



Deux plasticiennes résidant à Paris ont été invitées à dialoguer sur cette thématique des jeux olympiques, proposant deux univers complémentaires :

Makiko Tanaka se promène dans un univers féérique d'aquarelle. Tout y est aquatique, lumineux, onirique. Les athlètes y sont des fées, des anges évoluant avec grâce dans des superpositions de voiles et de rideaux, surpris en plein ébats dans un boudoir parfumé. L'histoire des civilisations et des jeux semble être un album de science-fiction chamanique. Les esprits de la nature, la mémoire des grands hommes ne sont rien sans la sensualité qu'ils inspirent aux vivants, en témoigne la cuisine, les doriyaki, les onigiri, les biscuits aux haricots rouges sucrés venant nourrir les sportifs.

Camille Fontaine regarde l'univers du sport en tant que territoire, structure abstraite géométrique. Les pelouse et les gradins du stade, la structure en acier d'une toiture, le carrelage de la piscine sous les mouvements de l'eau ou la terre battue rouge d'un court de tennis sont rendus à leur solitude de forme inoccupée. Les athlètes ne sont pas encore là ou déjà plus là. Cet espace vide est l'avant, l'après, Il est beau, propre et neuf mais il est déjà abandonné avant même d'être rempli de vie, de mouvement et de clameurs.



Oscar Oiwa, peu importe ce qu'il a à raconter, tant qu'il est un homme debout qui dessine sur un mur d'un trait noir intemporel, il retrouve l'ancestral et le sacré de l'acte de dessiner et nous offre cette immensité. Qu'en dire sinon que c'est absolument fantastique ?

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Aomi Okabe, directrice artistique - Maison de la culture du Japon



La Maison de la culture du Japon à Paris présente sa nouvelle exposition temporaire intitulée « Oscar Oiwa. Rio, Tokyo, Paris : des villes, des Jeux ».

Artiste brésilien d’origine japonaise, amateur de la culture française, Oscar Oiwa est un peintre voyageur, au croisement des cultures. Passionné de sport, il puise dans ces trois villes - auxquelles il est personnellement lié et qui ont pour point commun d’avoir accueilli ou d’accueillir prochainement la grande fête du sport - matière à interroger le monde d’aujourd’hui. Avec ses dernières créations, Oscar Oiwa invite le visiteur à plonger dans son univers mi-réaliste mi-fantastique, où pointent parfois l’humour et la nostalgie.

L’exposition réunira des dessins et des peintures à l’huile, consacrés à 3 villes ayant pour point commun d’accueillir les JO, spécialement réalisés par Oscar Oiwa pour cet événement. L’artiste jouit à ce jour d’une belle carrière internationale qu’il se devait de poursuivre à Paris, à l’aube d’accueillir les Jeux 2024. Alors qu’une importante rétrospective est organisée cet été au musée d’Art contemporain du XXIe siècle de Kanazawa, l’exposition de la MCJP se tiendra au même moment que la présentation d’une installation de l’artiste au Hangar, centre d’art de Bruxelles.

Les oeuvres d’Oscar Oiwa représentent d’un point de vue aérien divers événements ou transformations de l’environnement qui menacent l’humanité (guerres, terrorisme, réchauffement climatique, destruction de la nature, etc.), et montrent d’une manière allégorique des villes vouées au chaos et une nature qui devrait être un lieu de ressourcement. Pour son exposition à la MCJP, Oscar Oiwa présentera trois nouveaux immenses dessins monochromes de 6,7 mètres de long, ainsi que des peintures récentes où l’on perçoit les métaphores des trois villes olympiques.

L’exposition donne aussi la parole à deux artistes plasticiennes résidant à Paris : la Japonaise Makiko Tanaka et la Française Camille Fontaine. Les oeuvres de ces trois artistes évoquent de façon très personnelle les trois grandes métropoles olympiques dernièrement concernées.