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“Willem Bastiaan Tholen (1860-1931)” Un impressionniste néerlandais
à la Fondation Custodia, Paris

du 21 septembre au 15 décembre 2019



www.fondationcustodia.fr

 

© Pierre Normann Granier, présentation presse de l'exposition, le 20 septembre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Willem Bastiaan Tholen (1860-1931), Au bord du fossé. Huile sur toile marouflée sur panneau, 32 × 33 cm. Collection particulière, Dordrecht. © Photo P. den Ouden, Van den Dool Sliedrecht.
2/  Willem Bastiaan Tholen (1860-1931), Les Soeurs Arntzenius, 1895. Huile sur toile, 38,3 × 58,8 cm. Museum Gouda, Gouda, inv. 55498. © Photo Tom Haartsen.
3/  Willem Bastiaan Tholen (1860-1931), Paysage fluvial, 1882. Huile sur toile, 97 × 149,5 cm. Museum Gouda, Gouda, inv. 10683. © Photo Tom Haartsen.

 


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Interview de Rhéa Sylvia Blok,
conservatrice à la Fondation Custodia et co-auteur du catalogue de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 septembre 2019, durée 12'09". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires de l’exposition :
Richard van den Dool, artiste, typographe et collectionneur
Marieke Jooren, conservatrice du musée MORE
Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia




La Fondation Custodia présente, en collaboration avec le Dordrechts Museum aux Pays-Bas, une importante rétrospective aux œuvres de Willem Bastiaan Tholen (1860-1931). Ce peintre impressionniste néerlandais n’a encore jamais été exposé en France.

Artiste prolifique, Tholen s’essaya à des sujets très divers. Si ses paysages et ses marines sont plus familiers aux amateurs, ce sont ses vues urbaines et ses intérieurs qui surprennent davantage. Le peintre s’intéressa surtout à l’atmosphère, aux couleurs et à la lumière. Ses tableaux, esquisses à l’huile, dessins et estampes mettent en évidence un artiste soucieux de rendre fidèlement la nature, tout en représentant souvent des motifs inattendus, ou en ayant recours à des compositions originales. Si son œuvre s’apparente aux tableaux du mouvement naturaliste appelé École de La Haye, mais aussi à ceux des impressionnistes d’Amsterdam, Tholen bénéficia de moins d’attention qu’ont pu en recevoir certains de ses contemporains. Cette rétrospective sera l’occasion de faire découvrir l’artiste en proposant un choix d’une centaine d’œuvre qui témoignent de son talent.

L’exposition s’ouvre sur les œuvres de jeunesse de l’artiste. En 1880, Tholen visita pour la première fois le village isolé de Giethoorn, non loin de Kampen où il enseignait alors le dessin. Tholen fut le premier artiste à étudier ce village atypique avec ses canaux et ponts où pratiquement tous les déplacements se font par bateau. Ses vues de Giethoorn, ainsi que ses premiers tableaux des environs de Kampen, montrent encore l’influence de son maître Constantin Gabriël (1828-1903). Après un séjour de quelques mois en 1879 chez ce peintre néerlandais de l’École de La Haye installé à Bruxelles, les deux artistes se fréquentèrent régulièrement. Gabriël et Tholen n’hésitaient pas à découvrir les tourbières autour de Kampen en petit bateau. Ils y effectuèrent maints dessins et esquisses à l’huile en plein air pour ensuite élaborer des tableaux de plus grands format dans l’atelier. C’est avec ces vastes paysages et ces vues pittoresques de Giethoorn que Tholen connut ses premiers succès.

Ainsi, en 1883, Tholen envoya à l’Exposition internationale de Munich un grand tableau d’un paysage fluvial, probablement des alentours de Kampen, sous le titre de Paysage hollandais. C’est sans doute encore ce tableau qui fut montré au Salon de Lyon en 1884 et qu obtint la médaille de bronze. Si ses premières peintures s’inscrivent dans la tradition de l’École de La Haye avec ses paysages atmosphériques aux teintes grises, plusieurs de ses tableaux de Giethoorn, qu’il visita surtout en été, montrent des couleurs plus vives et ensoleillées.

En 1885, l’artiste Willem Witsen (1860-1923), invita Tholen à Ewijkshoeve. Tholen avait rencontré Witsen lors de son année académique (1876-1877) à l’École des Beaux-Arts d’Amsterdam (Rijksakademie van Beeldende Kunsten). Ewijkshoeve, située dans les forêts, était la propriétés de la famille Witsen et fut un point de rencontre important entre artistes, écrivains et musiciens. Parmi les habitués fguraient des artistes de la génration de Witsen. Le dénominateur commun de ce groupe est qu’il s’épanouit durant les années 188à – d’où l’appellation ultérieure de “peintres des années quatre-vingt”. Malgré leur admiration pour les peintres de l’École de La Haye, considérés alors comme les tenants de l’art moderne du pays, ils aspiraient à un style plus personnel et sensible et cherchaient à traiter des sujets modernes, souvent urbains.

À Ewijkshoeve, Tholen découvrit des motifs nouveaux et il exécuta quantité de compositions peintes, gravées ou dessinées qui surprennent par leur point de vue inattendu. Ses tableaux, réalisés durant la période 1885-1903, comptent parmi les meilleurs et les plus modernes de son œuvre. Son inspiration lui venait de son environnement immédiat, de la poésie du quotidien, les choses les plus simples devenant des sujets potentiels. Il était par exemple fasciné par le potager avec ses verrières et le peignit et le grava à l’eau-forte.

En 1886, Tholen s’installa à La Haye, où il resta toute sa vie. Avec sa femme Coba Muller (1843-1918), il habita à partir de 1890 le premier étage de la Kanaalvilla. Dans cette villa vivait également Bram Arntzenius (1850-1920) avec ses six enfants et sa femme, qui s’étaient installés au rez-de-chaussée. Tholen dessina et peignit souvent les enfants Arntzenius dans les années 1890. Un tableau les représentant est aujourd’hui considéré comme l’un de ses chefs-d’œuvre : Les soeurs Arntzenius du Museum Gouda. Le portrait informel des deux filles aînées étendus sur leur méridienne en train de lire, évoque certaines des peintures de jeunes filles en kimono que Georges Hendrik Breitner (1857-1923), peintre contemporain de Tholen, réalisait à la même époque.

Les années 1890 sont marquées par plusieurs vues de forêts, ainsi que par le surprenant autoportrait de l’artiste en train de travailler en plein air. Avec ses touches courtes et vives pour rendre les taches de lumière qui traversent le feuillage des arbres, l’œuvre est l’exemple par excellence du travail de Tholen en tant qu’impressionniste.

Pendant ces mêmes années, Tholen peignit également plusieurs vues urbaines, comme le tableau ensoleillé d’ouvriers du bâtiment à La Haye. Ici, le centre d’attention semble être le baraquement en bois clair que les ouvriers se sont construit. Le tableau ne montre pas seulement le talent d’observation de l’artiste, mais aussi comment il réussit à communiquer la beauté d’un sujet ordinaire tel qu’un chantier de construction. Cet intérêt pour le monde du travail se retrouve également dans la vue de l’intérieur d’un abattoir ou encore dans celle d’une ruelle dans laquelle un livreur discute avec une domestique.

En 1901 ; Tholen se fit construire un voilier traditionnel, l’Eudia, avec lequel il voyagea sur les lacs hollandais, le Zuiderzee (ancien golfe de la mer du Nord, aujourd’hui transformé en lac, l’Ijsselmeer) et en Zélande. À partir de c moment, il se consacra de plus en plus à des marines, ainsi qu’aux vues de villages de pêcheurs. Il est à noter que Tholen ne s’intéressait guère aux costumes et aux coutumes de ces villages qui conservaient encore leurs traditions dues à leur situation isolée, mais qu’il préféraient peindre les ports et les bateaux. Tholen utilisaient alors plusieurs cadrages originaux et serrés pour mettre en valeur des sujets aussi simples qu’un embarcadère. Il s’essaya également à des vues plus atmosphériques, comme le tableau Duc-d’Albe du port d’Enkhuizen.

La dernière partie de l’exposition est consacrée aux esquisses à l’huile et aux dessins de l’artiste. Dessinateur particulièrement doué et prolifique, il remplit quantité de carnets et fit de nombreuses esquisses en plein air. Il exécuta également beaucoup de dessins plus aboutis ainsi qu’un certain nombre d’aquarelles avec lesquelles il eut un grand succès aux expositions de la Société hollandaise des aquarellistes (Hollandsche Teekenmaatschappij) dont il était membre. Une aquarelle représente un sujet plus personnel : Tholen s’y dessina lui-même, vu de dos en train de faire une esquisse au bord du canal qui longeait sa maison. Sur l’eau, on voit l’objet de son attention : son propre voilier l’Eudia.

L’art de Tholen est intemporel. Des mouvements comme De Stjil et l’expressionnisme n’avaient pas de prise sur lui, malgré le fait qu’il continua à travailler jusqu’en 1931, année de sa mort.

La rétrospective, organisée conjointement par la Fondation Custodia et le Dordrechts Museum, contiendra une centaine d’œuvres (tableaux, dessins, estampes), provenant de musées et de collections privées néerlandais, ainsi que la Fondation Custodia.