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“Nil Yalter” TRANS/HUMANCE
au MAC VAL, musée d'art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine

du 5 octobre 2019 au 9 février 2020



www.macval.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite presse avec Nil Yalter, le 3 octobre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Nil Yalter, La femme sans tête ou la danse du ventre, 1974. Vidéo noir et blanc, son, durée 24’47. Courtesy Nil Yalter.
2/  Nil Yalter, C’est un dur métier que l’exil, 1983 - 2012. Affiche réalisée à partir de photographies numériques. Courtesy Nil Yalter.
3/  Nil Yalter, La Communauté des travailleurs turcs à Paris, détail, 1976-1977. Dessins et photographies, dimension variables. Collection Reydan Weiss.

 


2821_Nil-Yalter audio
Interview de Fabienne Dumont et Frank Lamy, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Vitry-sur-Seine, le 3 octobre 2019, durée 12'38". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Fabienne Dumont et Frank Lamy,
assistés de Julien Blanpied et Ninon Duhamel




Le MAC VAL inaugure une exposition originale de Nil Yalter, artiste internationalement reconnue pour son engagement et sa création « multistylistique », allant de la vidéo à la peinture, du collage à la photographie, de la performance à l’installation. Artiste militante née en 1938, le critique d’art Georges Boudaille écrivait d’elle en 1979 : « Nil Yalter se veut un instrument, un amplificateur, en faveur de thèmes quasi obsessionnels : la situation de tous les travailleurs immigrés et la situation de la femme dans toutes les sociétés ».

Ses oeuvres, ses formes découlent d’un matériau documentaire ou sociologique. Elle explore, par les moyens de l’enquête de terrain et de l’entretien, les conditions de vie de populations ou de personnes exclues : travailleurs et travailleuses immigré.e.s, communautés exilées, femmes, prisonnières… Nil Yalter donne la parole à des individus qui expriment leur difficulté à vivre quotidiennement une situation d’exil dans un quartier, une ville, un pays, ou au sein de la société.

« TRANS/HUMANCE » est la première exposition muséale et d’envergure consacrée à l’oeuvre de Nil Yalter. Elle fait suite à celle que le FRAC Lorraine lui a consacrée en 2016 et est imaginée en complémentarité de la rétrospective récente organisée au Museum Ludwig à Cologne et au Hessel Museum of Art à Annandale-on-Hudson, New York. Des tableaux constructivistes des années 1960 aux récents développements de l’oeuvre, elle propose un parcours rétrospectif abordant, dans une perspective féministe et marxiste, les questions d’immigration, de genre et de classe. La discrimination est le moteur de cet oeuvre multimédia alliant dessin, vidéo, peinture, performance, texte, photographie ou objets. Cette exposition est l’occasion de publier la première monographie de l’artiste en langue française.

Nil Yalter a reçu le prix AWARE 2018. Catalogue de l’exposition à paraître pour le vernissage.



Nil Yalter par Fabienne Dumont

« Photographie du parcours de Nil Yalter, une artiste franco-turque, née en 1938, l’exposition « TRANS/HUMANCE » crée des liens entre différentes périodes, des tableaux constructivistes des années 1960 à deux oeuvres conçues pour le MAC VAL (Niqab Blues, 2018-2019 et Gitanes, 2019), en passant par les projets sociocritiques des années 1970-1980. L’accrochage reconstitue pour la première fois l’exposition cruciale « C’est un dur métier que l’exil » (ARC, 1983), dans laquelle hommes et femmes témoignent de leurs conditions de vie et de travail dans les ateliers textiles clandestins du Faubourg Saint-Denis. De nombreuses oeuvres sont présentées en intégralité, comme la vidéo Katran (1978), où un syndiqué explique les brimades subies. Les oeuvres saisissent la construction des villes nouvelles, où sont logées les personnes qui travaillent dans les usines (Chicago, 1975), dont les luttes concrètes pour améliorer leurs existences se mêlent à leurs croyances. L’exposition s’attache ainsi aux oeuvres importantes pour l’histoire de l’immigration en France dans les années 1970-1980, mais aussi aux perspectives féministes et marxistes portées par l’artiste. Son engagement féministe est mis en avant, de La Femme sans tête ou La Danse du ventre (1974) à Lapidation (2009), en passant par un dispositif interactif, Histoire de peau (2003).

« TRANS/HUMANCE » plonge le public dans des paroles fortes, qui touchent autant notre sensibilité que notre désir de connaissance rationnelle. Emblématiques des luttes et des désirs d’une époque, les pièces entrent en résonance avec la nôtre, même si l’influence de l’ethnographie et des événements politiques et sociaux les ancrent dans des lieux et des histoires particulières. Dans cet ensemble multimédia, les images en mouvement sont associées à des dessins, des photographies argentiques et des Polaroids, des peintures, des collages de matériaux et des textes, qui s’adaptent aux nouvelles techniques informatiques dans les années 1990-2000.

« TRANS/HUMANCE » offre un magnifique panorama des soixante années de création d’une artiste majeure de la scène internationale. »

Texte de Fabienne Dumont*, co-commissaire de l’exposition


*Fabienne Dumont est historienne de l’art, enseignante à l’ENSAD-Nancy et critique d’art, spécialiste des questions féministes, de genre, queer et des masculinités dans l’art contemporain. Sa thèse est devenue un livre, Des sorcières comme les autres – Artistes et féministes dans la France des années 1970 (PUR, 2014), elle a dirigé une anthologie de textes anglo-américains, La rébellion du Deuxième Sexe – L’histoire de l’art au crible des théories féministes anglo-américaines (1970-2000) (Les presses du Réel, 2011) et co-dirigé deux projets collectifs, L’histoire n’est pas donnée – Art contemporain et postcolonialité en France (PUR, 2016) et À l’Ouest toute ! Travailleuses de Bretagne et d’ailleurs (Les presses du réel, 2017).