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“Sara Imloul” Lauréate Prix Levallois 2019
à la Galerie de L’Escale, Levallois

du 4 octobre au 23 novembre 2019



www.prix-levallois.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Sara Imloul, le 4 octobre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sara Imloul, série Passages, La jambe de bois, 2015-2018. © Sara Imloul.
2/  Sara Imloul, série Passages, Les grenades, 2015-2018. © Sara Imloul.
3/  Sara Imloul, série Passages, La vague, 2015-2018. © Sara Imloul.

 


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Interview de Sara Imloul,
par Anne-Frédérique Fer, à Levallois, le 4 octobre 2019, durée 15'04". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Direction artistique :
Catherine Dérioz et Jacques Damez — Galerie Le Réverbère, commissaires du Prix



L’exposition présentée à la Galerie de L’Escale de Levallois du 4 octobre au 23 novembre 2019 présente le travail des trois photographes primés : Sara Imloul (France), Prix Levallois, Karina Bikbulatova (Russie) Mention Spéciale et Zishaan A Latif (Inde), Prix du Public.

“Souvent la photographie reste liée à sa capacité de figer le temps dans un instant qui serait un présent sublimé. Les trois lauréats du Prix Levallois 2019 Sara Imloul, Karina Bikbulatova, Zishaan A. Latif ne sont pas dans cette recherche du présent, ils cherchent les remous du temps en cristallisant la mémoire du passé et les rêves du futur. Leur point de rencontre est leur onirisme, ce lieu anonyme où l’on devient maître de ses rêves jusqu’à les mettre en images.



Sara Imloul — avec Passages, (2015-2018, série primée), Das Schloss (2014), Le Cirque Noir (2008-2011), et Négatifs (2012) — parcourt les obscurités d’une mélancolie inscrite dans les objets et les lieux. Ce n’est pas un simple recensement, c’est l’obstinée recherche de l’écho de ses bruissements intérieurs, de sa part d’ombre qui jamais n’en produira. Cette archéologie n’est pas qu’intime, elle met en résonance les formes plastiques des avant-gardes modernes avec une technique des prémices de l’invention de la photographie, le calotype. Pour Sara Imloul la photographie n’est pas un acte : c’est une superposition de temps, celui de l’écriture et du dessin dans ses carnets, de la recherche des objets, des modèles, de la mise en scène, de la prise de vue, des retouches sur le négatif papier, le tout pour trouver sa propre durée. Chaque photographie est un reliquaire, un autel de son culte animiste, elle jalonne son parcours intérieur de cadres sombres, où la magie opère. Ce sont de petits phares pour ne pas disparaître au monde.


Karina Bikbulatova
, elle aussi, a choisi le noir et blanc pour plonger au coeur d’un secret familial digne d’une légende. Elle traite d’un fait de famille tellement improbable que la fiction est immédiatement de plain-pied. Deux soeurs qui ne savent pas leur lien passent, tous les ans, leurs vacances ensemble, et du fait du hasard de leur famille d’adoption, appartiennent à des milieux aux antipodes. Nous sommes projetés dans un scénario de cinéma : Karina Bikbulatova nous installe dans l’ambiance et l’esthétique de la Nouvelle Vague. L’Avventura de Michelangelo Antonioni, avec son temps distendu et la présence obsédante de ces visages et d’un paysage sans cesse en perspective, fait pour nous toile référentielle à la série de Karina. Ses personnages sont des incarnations, elle les met en place dans l’espace : ce n’est pas une mise en scène mais bien une mise en place, elles ne jouent rien, elles sont. Leur intériorité nous met au seuil de l’absence, nous ne participons pas, nous sommes spectateurs d’une histoire à dormir debout. Surtout ne pas fermer les yeux au risque de tout perdre, le combat du noir et du blanc est la métaphore de la disparition.


Zishaan A. Latif se sert de la couleur et de ses camaïeux pour évoquer la dissolution et l’impitoyable disparition sous les eaux de certains territoires de l’Inde. Il n’a pas opté pour un méticuleux recensement des érosions dues au changement climatique, il traite de son inquiétude par métaphore. Il nous inonde et nous noie dans ses images comme inexorablement on tombe dans nos rêves de chute. La carte, le paysage, les humains sont des signes de l’asphyxie du monde ; ce n’est pas un rêve mais le cauchemar qu’il annonce. Sous une apparente beauté plastique, une rumeur sourde et angoissée s’installe, les regards et les postures deviennent des interrogations qui, par un effet miroir, nous renvoient au rôle de ceux qui regardent les photographies.


Les trois lauréats 2019 cherchent un autre de la réalité dans leur approche esthétique, mais pour autant ils sont confrontés au besoin de comprendre. L’onirisme est pour eux un choix qui ouvre la voie à la fiction pour mieux saisir leur réel.”

Catherine Dérioz et Jacques Damez, Directeurs artistiques et commissaires du Prix.






Sara ImloulPassages. Lauréate Prix Levallois

Selon Edmond Jabès : « Il y a une mémoire plus ancienne que les souvenirs (…) : une mémoire qu’un geste, une parole, un cri, une douleur ou une joie, une image, un événement peut réveiller. Mémoire de tous les temps qui sommeille en nous et qui est au coeur de la création. »

Avec ma chambre photographique, j’ai procédé à des fouilles pour constituer un reliquaire intime. Une archéologie intérieure. Là où les frontières se distordent, où l’au-delà rôde pour faire le cadre sur un monde entre deux eaux.

J’ai plongé au dedans, dans un monde souterrain, dans un songe enfoui où se mêlent racines et souvenirs rêvés. Et c’est à nouveau de frontières et de perceptions dont il est question. J’ai fait émerger objets symboliques et bribes de corps pour recréer, dans la crypte de l’atelier, fragments de rites, bestiaire, inventaire de vestiges. Images mentales.

Passages c’est aussi photographier pour passer de l’image-mentale à l’image-objet. Et par cet acte laisser une trace, la preuve tangible de nos passages et de nos franchissements d’un monde à l’autre, de l’Ombre aux Images.

Sara Imloul est née en 1986 et vit à Paris. En 2008, elle entame sa première série Le Cirque noir en découvrant le calotype, elle travaille à la chambre 4x5, expérimente dans son laboratoire des techniques personnelles, en retouchant au pinceau avec ferricyanure, encre, crayon et réalisant des collages. Elle crée un univers intimiste où se joue le théâtre d’un monde en noir et blanc, fait d’obscur et de lumières. En 2012, elle présente Cirque noir à la galerie Polka, et en 2015 publie son livre Das Schloss aux éditions Filigranes. www.saraimloul.com