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“Hans Hartung” La fabrique du geste
au Musée d’Art moderne de Paris

du 11 octobre 2019 au 1er mars 2020



www.mam.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 10 octobre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Hans Hartung, T1934-2, 1934. Huile sur toile, 120 x 87 cm. Collection particulière, Suisse. © ADAGP, Paris, 2019. Photo Olivier Junod.
2/  Hans Hartung, T1973-E12, 1973. Acrylique sur toile, 154 x 250 cm. Fondation Gandur pour l’Art, Genève© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. © ADAGP, Paris, 2019. Photo : Sandra Pointet.

 


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Interview de Odile Burluraux, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 octobre 2019, durée 16'13". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Odile Burluraux
Assistante de l’exposition : Julie Sissia




“Il s’agit d’un état émotionnel qui me pousse à tracer, à créer certaines formes, afin d’essayer de transmettre et de provoquer une émotion semblable. Quant à moi, je veux rester libre. D’esprit, de pensée, d’action. Ne pas me laisser enfermer, ni par les autres, ni par moi‑même. C’est cette permanence têtue qui, tout au long de ma vie, m’a permis de continuer, de poursuivre ma voie. De ne pas me trahir, ni trahir mes idées.” Hans Hartung, Autoportrait (1976), Dijon, Les presses du réel, 2016

À l’occasion de sa réouverture après une année de travaux de rénovation, le Musée d’Art Moderne de Paris présente Hans Hartung, La fabrique du geste du 11 octobre 2019 au 1er mars 2020.

La dernière rétrospective dans un musée français datant de 1969, il était important de redonner à Hans Hartung (1904-1989) toute la visibilité qu’il mérite. L’exposition porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’oeuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction.

Acteur d’un siècle de peinture, qu’il traverse avec une soif de liberté à la mesure des phénomènes qui viennent l’entraver – de la montée du fascisme dans son pays d’origine l’Allemagne à la précarité de l’après-guerre en France et à ses conséquences physiques et morales – jamais, il ne cessera de peindre.

Le parcours de la rétrospective comprend une sélection resserrée d’environ trois cent oeuvres, provenant de collections publiques et particulières françaises et internationales et pour une grande part de la Fondation Hartung-Bergman. Cet hommage fait suite à l’acquisition du musée en 2017 d’un ensemble de quatre oeuvres de l’artiste.

L’exposition donne à voir la grande diversité des supports, la richesse des innovations techniques et la panoplie d’outils utilisés durant six décennies de production. Hans Hartung, qui place l’expérimentation au coeur de son travail, incarne aussi une modernité sans compromis, à la dimension conceptuelle. Les essais sur la couleur et le format érigés en méthode rigoureuse d’atelier, le cadrage, la photographie, l’agrandissement, la répétition, et plus surprenant encore, la reproduction à l’identique de nombre de ses oeuvres, sont autant de recherches menées sur l’original et l’authentique, qui résonnent aujourd’hui dans toute leur contemporanéité. Hans Hartung a ouvert la voie à certains de ses congénères, à l’instar de Pierre Soulages qui a toujours admis cette filiation.

L’exposition est construite comme une succession de séquences chronologiques sous la forme de quatre sections principales. Composée non seulement de peintures, elle comprend également des photographies, témoignant de cette pratique qui a accompagné l’ensemble de sa recherche artistique. Des ensembles d’oeuvres graphiques, des éditions limitées illustrées, des expérimentations sur céramique, ainsi qu’une sélection de galets peints complètent la présentation et retracent son itinéraire singulier.

Afin de mettre en relief le parcours d’Hans Hartung, en même temps que son rapport à l’histoire de son temps, cette exposition propose des documents d’archives, livres, correspondances, carnets, esquisses, journal de jeunesse, catalogues, cartons d’invitations, affiches, photographies, films documentaires, etc.

Figure incontournable de l’abstraction au XXe siècle, Hans Hartung ne se laisse pas pour autant circonscrire dans ce rôle de précurseur historique, car sa vision d’un art tourné vers l’avenir, vers le progrès humain et technologique, vient nous questionner aujourd’hui encore. Le parcours met en tension et en dialogue ces deux aspects complémentaires qui constituent le fil rouge de cette exposition.


Un catalogue comprenant une quinzaine d’essais et une anthologie de textes est publié aux Éditions Paris Musées.






Hans Hartung

Né à Leipzig en 1904, Hans Hartung est considéré comme l’un des chefs de file de la peinture abstraite. Son parcours débute en 1922 avec ses premières aquarelles qui frappent par leur pure expressivité, alors même qu’Hartung ignore les théories de Kandinsky, dont il ne découvre l’oeuvre que quelques années plus tard. C’est le début d’une carrière qui durera près de soixante-dix ans et sera rythmée par d’incessantes innovations formelles et techniques.

Les années 1930, marquées par une vie de plus en plus précaire et quasi-nomade entre la France, l’Allemagne, la Norvège ou encore l’Espagne, sont aussi celles durant lesquelles Hartung met en place son vocabulaire formel. S’émancipant du cubisme et restant à distance du surréalisme, il commence alors à produire ses peintures en reportant, selon la technique de mise au carreau, ses petits formats exécutés spontanément sur papier, selon un procédé qu’il emploiera jusqu’en 1960. Présenté comme le chef de file d’une peinture gestuelle, lyrique et émotionnelle, il se passionne pourtant aussi pour l’astronomie, les mathématiques, et sa peinture ne se comprend pleinement qu’en tenant compte de cette part rationnelle.

Hans Hartung reçoit à partir des années 1950, alors qu’il est âgé d’une quarantaine d’années, un accueil critique très favorable. Il participe à de nombreuses expositions et est rapidement considéré comme le chef de file de l’« Art Informel ». En 1960, il se voit décerner le Grand Prix International de peinture de la Biennale de Venise. De grandes rétrospectives lui sont consacrées en Europe et aux États-Unis, avec une exposition monographique au Metropolitan Museum de New-York en 1975. Les années 1960 marquent un tournant. En recherche de nouvelles expériences, il renouvelle littéralement son oeuvre, par l’utilisation d’une large panoplie d’outils qui lui servent à griffer, gratter la surface de la toile.