Légendes de gauche à droite : 1/ Christian Boltanski, Monument Souvenirs, 1985-1988. Vue de l’exposition « Christian Boltanski: Lifetime », The Israel Museum, Jérusalem, 2018. Archives Christian Boltanski. Photo © The Israël Museum, Jérusalem, Elie Posner. © Adagp, Paris, 2019. 2/ Christian Boltanski, Les Regards, 2011. Vue de l'exposition «Lifetime», Jérusalem,The Iraël Museum, 2018. Archives Christian Boltanski. © The Israël Museum, Jérusalem. Photo © Elie Posner. © Adagp, Paris, 2019.
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extrait du communiqué de presse :
Commissariat : Bernard Blistène, Directeur du Musée national d’art moderne, Centre de création industrielle Avec la collaboration d’Annalisa Rimmaudo, Attachée de conservation, Musée national d’art moderne, Service des collections contemporaines.
Vaste déambulation en forme de méditation sur la vie et son cours, l’exposition de l’oeuvre de Christian Boltanski au Centre Pompidou entre le 13 novembre 2019 et le 16 mars 2020, propose un regard singulier sur l’un des principaux artistes de notre temps.
Après la première rétrospective que le Centre Pompidou lui consacrait en 1984, cette nouvelle exposition développe un parcours de 2000 mètres carrés au coeur duquel Boltanski met en scène un choix d’oeuvres par lesquelles il ne cesse d’explorer la frontière entre présence et absence.
Conjuguant mémoire individuelle et collective à une réflexion toujours plus approfondie sur les rites et les codes sociaux, Boltanski développe depuis un demi-siècle une oeuvre sensible et corrosive, tel un état de veille lucide sur nos cultures, leurs illusions et désenchantements.
Depuis ses débuts, en 1967, Boltanski scrute la vie des hommes et ce qui en subsiste après la mort, une fois qu’ils ont fait leur temps. En recourant à l’inventaire et l’archive, il développe au gré d’albums photographiques ou d’objets reconstitués comme autant de souvenirs d’enfance, un essai de reconstitution de la vie des êtres pris dans l’anonymat de leur disparition. Par le biais de « petites histoires », il met en exergue tout un chacun et personne et s’attache à la mise en forme fragile et troublante d’une mémoire collective de l’humanité.
D’envois postaux en documents mêlant fictions et vies réelles, d’évocations de l’enfance perdue à la suggestion de la mort latente, Boltanski a toujours mis en scène la fragilité de l’être. L’éphémère gouverne toute l’oeuvre et l’utilisation d’éléments voués à la conservation, à la pérennisation, tels les boîtes métalliques ou les vitrines, apparaît d’abord comme un vocabulaire plastique récurrent au coeur de ses premières oeuvres.
La pratique de Boltanski concilie ainsi le caractère dérisoire de toute action avec le désir de permanence et de préservation propre à toute civilisation. Elle témoigne aussi de l’acharnement avec lequel l’art tente de réussir à se saisir de la vie et de lutter contre l’oubli. L’art de Boltanski est d’abord un art du temps qui passe.
À partir de 1984, ses oeuvres se détachent de l’ironie et de l’humour qui les constituaient et se font plus sombres. Les Monuments, les Reliquaires, les Réserves conjuguent les thématiques du souvenir et de la disparition. Au-delà de ses travaux liés à la mémoire du monde, les oeuvres de Boltanski tendent à montrer, de manière chorale, les structures mises en place par l’homme pour faire face à la mort.
Les années 1990 voient son travail s’orienter de plus en plus vers une recherche portée par des mythes et des légendes puisant à l’imaginaire collectif. En privilégiant des projets au contenu « humaniste » comme le démontre la conception des Archives du coeur, enregistrements d’innombrables battements de coeurs, collectés, au fil du temps, à travers le monde et conservés à l’abri du temps sur l’île de Teshima, au Japon, Boltanski fait de son oeuvre une ample allégorie de l’éternité.
Dans ses oeuvres plus récentes, Boltanski explore la fatalité et questionne le hasard en construisant des dispositifs où la vie s’apparente toujours plus à une loterie. Plus près de nous encore, les immenses installations immersives de l’artiste se confrontent aux espaces du bout du monde où il aime se rendre, à la recherche de mythes enfouis qui deviennent le support de ses propres installations.
Conçue sous la forme d’un chemin et comme une oeuvre en soi, l’exposition conduit le visiteur à s’immerger au coeur d’une méditation sur la préservation de l’être. Se rapprochant du champ plastique et temporel du théâtre, domaine qu’il investit depuis plusieurs années, l’artiste dresse la scène d’une grande métaphore du cycle humain, de la naissance à la disparition.
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