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“Etudes sur l’empathie” article 2874
à la Fondation d'entreprise Ricard, Paris

du 3 décembre 2019 au 25 janvier 2020



www.fondation-entreprise-ricard.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Charlotte Laubard, le 2 décembre 2019.

2874_empathie
Velvet, 2019. HD video, 12min, (Color, sound), Original music by Ariel Garcia and Luc Müller. Images by Xavier Ripolles and Vanessa Safavi. Produced by Vanessa Safavi with the additional support of Fonds Culturel Fribourg Switzerland. Courtesy the artist, ChertLüdde Berlin and the Breeder, Athens.

 


2874_empathie audio
Interview de Charlotte Laubard, professeure et responsable du Département des Arts visuels de la HEAD – Haute Ecole d’Art et de Design à Genève, et commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 décembre 2019, durée 12'33". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Charlotte Laubard, Professeure et responsable du Département des Arts visuels de la HEAD – Haute Ecole d’Art et de Design à Genève.
Scénographie : HEAD—Genève, Valentin Dubois




Lou Cohen, Pauline Coquart, Deborah Joyce Holman, Lauren Huret, Juliet Lakhdari, Anne Le Troter, Douna Lim / Théo Pesso, Thomas Liu Le Lann, Marie Mottaz, Vanessa Safavi, Davide-Christelle Sanvee, Galaxia Wang, Eva Zornio.

Etudes sur l’empathie emprunte son titre à un projet de recherche de l'artiste Eva Zornio qui prend la forme d’une enquête. L’exposition rassemble les oeuvres de quatorze d’artistes issu·e·s de la HEAD—Genève. Chaque oeuvre y esquisse un rapport singulier à l’empathie, et amène le public à s’interroger sur la capacité qu’elle aurait à en susciter.

Empathie. Le mot est partout. On déplore de nos jours son absence face à la tragédie des migrants et à la généralisation progressive des discours de haine. Elle est devenue un critère qualitatif mesurable par des tests dans la conduite des ressources humaines en entreprise. On l’invoque pour se rassurer devant la prochaine immiscion de l'intelligence artificielle dans tous les interstices de notre vie sociale. Depuis la découverte des neurones miroirs, elle est un des sujets d'étude favoris des sciences cognitives.

L’empathie n’est pas synonyme de contagion émotionnelle, de compassion ou d’altruisme. Elle désigne cette capacité à ressentir l’état affectif d’autrui afin d’y réagir de manière appropriée. C’est une compétence sociale ancrée dans les structures profondes de notre système nerveux. On a cru pendant longtemps que c’était un phénomène volontaire et rationnel, qui reposait sur les inférences logiques et les croyances qu’on avait des individus. Or depuis une dizaine d’années, les sciences affectives développent une approche inédite. Chercheuses et chercheurs décrivent un mécanisme sensori-moteur pré-conscient qui nous permet d’avoir accès aux états émotionnels des autres et ce de façon automatique. C’est en reproduisant à l’identique les émotions observées chez autrui qu’une personne pourrait comprendre et agir dans la situation sociale : je fais face à une personne en colère, mon corps rejoue sa colère à l’identique, cela me fait agir en conséquence. Ce qui s’avère encore plus troublant : que l’état émotionnel et cognitif d’autrui soit observé en direct ou qu’il soit représenté importe peu, les zones cérébrales activées demeurent les mêmes. A une époque de remise en question de la division séculaire entre corps et esprit, l’attestation scientifique d’une cognition qui serait incarnée (« embodied cognition ») arrive à point nommé. Dans le champ esthétique, elle oblige à reconsidérer entièrement l’effectivité qu’auraient les représentations visuelles sur nous. Sur le plan politique, elle plaide pour une meilleure prise en considération des affects dans la conduite de nos vies interconnectées.

Charlotte Laubard





Charlotte Laubard

Elle est la co-fondatrice de la Société suisse des Nouveaux commanditaires, association chargée de développer en Suisse le protocole participatif de commande publique artistique. Elle y agit en qualité de responsable et de médiatrice. Elle a dirigé de 2006 à 2013 le CAPC, Musée d’art contemporain à Bordeaux. Elle y a élaboré une riche programmation avec une cinquantaine d’expositions temporaires et plus de 200 événements pluridisciplinaires. Commissariat d’expositions de grande envergure au CAPC telles que «Sigma, festival d’avant-garde 1965-96» (2013), la rétrospective «Michel Majerus» (2012), et «Jim Shaw, Left Behind» (2010), Charlotte Laubard a également assuré la direction artistique de l’édition 2017 de la Nuit Blanche à Paris regroupant une trentaine de projets avec l’ambition de «Faire oeuvre commune». Elle est la commissaire du Pavillon Suisse de la Biennale de Venise en 2019.