Interview de Ursula Biemann, artiste, et de Claire Hoffmann, responsable de la programmation des arts visuels du Centre culturel Suisse et commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 février 2020, durée 15'55". © FranceFineArt.
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extrait du communiqué de presse :
commissaire de l’exposition : Claire Hoffmann, responsable de la programmation des arts visuels du Centre culturel Suisse
Avec une approche de chercheuse, Ursula Biemann (1955, Zurich) imagine des essais sous forme de vidéos et de textes qui explorent le lien entre la politique et l’environnement. Son dernier film, Acoustic Ocean, est une expédition dans les profondeurs de l’océan Arctique à la recherche de communications interespèces sous forme de poésie science-fictionnelle.
Dans cette narration semi-fictionnelle, l’aquanaute — interprétée par la chanteuse et activiste du peuple des Samis (Nord de la Scandinavie), Sofia Jannok — tente de capter les sons d’animaux et de micro créatures sous-marins. Mêlant ainsi dans le récit, la mémoire de cette vie stockée dans l’eau et la perspective d’un futur climatique incertain.
La tâche de l’aquanaute est de sonder l’espace acoustique océanique et autres formes d’expression biologiques à l’aide de toutes sortes d’hydrophones, micro-paraboliques et divers appareils d’enregistrement. Etant donné la pénombre abyssale qui règne dans les eaux profondes, les manifestations sonores représentent des moyens de communication, de navigation et de survie essentiels pour la plupart des espèces.
Tourné dans les îles Lofoten au nord de la Norvège, Acoustic Ocean est une quête constituée d’un assemblage d’éléments humains, marins, mécaniques, organiques, climatiques et digitaux parfaitement interdépendants. Un fil techno-organique semble relier le corps de l’aquanaute avec l’environnement sonore qu’elle explore. Dans ce voyage scientifique, aucune forme de distance critique entre la chercheuse et son sujet, ils grandissent ensemble. Les hydrophones se répandent comme des tentacules sur la roche sombre, s’appropriant des caractéristiques des créatures abyssales. Cette figuration posthumaine et féministe suggère une porosité et une connexion entre le corps humain, l’eau et les nombreuses formes de vie qu’elle contient.
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