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“Bohèmes” page 680
au Grand Palais, Paris
du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013



http://www.rmngp.fr

© Pierre Normann Granier, vernissage presse, le 25 septembre 2012.

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légendes de gauche à droite
1/  Kees van Dongen, (1877-1968), La Gitane (la curieuse), Vers 1911. Huile sur toile, 54x45 cm. Paris, Centre Pompidou. Musée National d'art moderne/Centre de création Industrielle. Legs Georges Grammont 1959. Legs à l'Etat français pour dépôt au Musée de l'Annonciade, St Tropez. © RMN / Gérard Blot / ADAGP, Paris 2012.
2/  Charles Amable Lenoir, Rêverie, 1893. Huile sur toile, 119,9x143 cm. Collection particulière. © Mille / Realis.
3/  Attribué à Théodore Géricault, (1791-1824), Portrait d'un artiste dans son atelier, 1812. Huile sur toile, 147x114 cm . Paris, Musée du Louvre . © RMN (Musée du Louvre) / Gérard Blot.

extrait du communiqué de presse :


commissaire : Sylvain Amic, directeur des musées de Rouen
scénographie : Robert Carsen


Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Paris et Fundación Mapfre, Madrid.

Chantée, filmée, versifiée, exaltée, cent fois déclarée morte et toujours renaissante, la « bohème » fait partie des mythes modernes. Née au milieu du XIXe siècle, entre Romantisme et Réalisme, elle accompagne une profonde transformation du statut de l’artiste. Désormais, le jeune talent ne se place plus sous la protection de quelque prince : il est ce génie solitaire, misérable et incompris qui anticipe les convulsions de la société. Des poètes (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine…), aux artistes (Courbet, Van Gogh, Satie, Picasso…) nombreux sont les grands hérauts de la modernité qui ont donné un visage à ce phénomène. Rebelles à toute convention, batteurs de pavé, mangeurs de vache enragée, amateurs de femmes et de boissons ils ont, pour des générations d’apprentis artistes, allumé le rêve d’une gloire rédemptrice, qui ne se gagne qu’au risque de l’oubli et de la mort. A travers la littérature et la presse, le théâtre et l’opéra, la bohème a très vite acquis une popularité immense ; elle a pénétré l’imaginaire collectif, et lié à jamais l’image de Paris au Quartier latin et à Montmartre.

Depuis une vingtaine d’années, des travaux portant sur l’histoire des marginalités, des migrations et des nomades ont renouvelé l’analyse de ce phénomène. Le mythe de la bohème s’inscrit désormais dans l’histoire, infiniment plus riche et plus complexe, du rapport des peuples européens à la nation rom. Appelé Égyptien à l’époque classique, puis désigné des noms les plus divers, gitans, manouches, cagots, le bohémien devient, peu après son apparition en Occident au XVe siècle, un héros de roman (Cervantes le premier) et un sujet de prédilection pour les artistes (Callot, Vouet, Georges de la Tour). Le mystère de ses origines, son langage longtemps incompréhensible, son rapport intime à la nature, sa capacité de dire l’avenir, en font un personnage de légende. Ses apparitions et disparitions soudaines alimentent le fantasme d’une vie sans attaches, sans règles, intense et sensuelle. L’artiste, fasciné, a trouvé en lui son maître en liberté.
Bohémiens et bohèmes ont dès lors partie liée. Figures de la liberté, de l’errance, ils partagent marginalité et misère. Insaisissables, habiles, initiés à d’inaccessibles secrets, définitivement irréductibles à la norme, ils troublent, provoquent et enchantent notre société sédentaire. C’est au même vocable de bohémien que l’on a recours pour désigner la vie de bohème naissante. C’est un même emblème de liberté irrépressible que le régime nazi veut abattre en visant les tsiganes et les artistes modernes.
Par des mises en relation nouvelles autant que sur les croisements entre les disciplines (peinture, littérature, photographie, musique), en s’appuyant sur plus de deux cents oeuvres alliant découvertes inédites et prêts exceptionnels (La Diseuse de bonne aventure, Georges de la Tour, Metropolitan Museum New York, L'Absinthe, Edgar Degas, musée d’Orsay, Paris, Coin à Montmartre, Vincent van Gogh, Van Gogh Museum, Amsterdam, La Gitane, Van Dongen, MNAM, Paris…), cette exposition ambitionne d’apporter un éclairage nouveau sur cette histoire commune.
Servie par une scénographie de Robert Carsen qui, après le succès de Marie-Antoinette, revient au Grand Palais, Bohèmes est une exposition à vivre comme une expérience. Sur le long ruban de la route que l’on emprunte dès l’entrée, le visiteur traverse les siècles et croise les représentations les plus pittoresques du peuple errant. Puis il est admis dans l’univers du peintre, sa mansarde, son atelier, ses refuges, pour achever sa course dans les cafés de Montmartre. Lorsqu’au sortir du cabaret il reprend son chemin, le visiteur se trouve comme dégrisé devant l’inauguration de la salle tsigane à l’exposition Art dégénéré de Munich, en 1937.

À travers un voyage de cinq siècles et une quinzaine de thèmes, Bohèmes éclaire un phénomène qui, de Léonard à Picasso, traverse toute l’histoire des arts et des sociétés, et résonne encore dans notre monde contemporain. Comme l’opéra de Puccini, cette exposition se veut un grand rendez-vous populaire, mêlant la fantaisie et la gravité, le spectacle et la mélancolie, la misère et la gloire.