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“L’Art en guerre France 1938-1947” de Picasso à Dubuffet   
au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

du 12 octobre 2012 au 17 février 2013



http://www.mam.paris.fr

 

 

Photo 1 : © Anne-Frédérique Fer. Photo 2 et 3 : Vue de l’exposition l’Art en guerre au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 2012, Photo © Pierre Antoine.

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légendes de gauche à droite
1/  Eugène-Robert Pougheon, Le serpent, avant 1930. Huile sur toile. Musée National d’Art Moderne, Centre Pompidou, Paris. © Musée La Piscine (Roubaix), Dist. RMN / Arnaud Loubry. Eugène-Robert Pougheon © DR.
2/  Douanier Rousseau, La Guerre, 1893-1894. Huile sur toile. Musée d’Orsay, Paris. © RMN (Musée d'Orsay) / Droits réservés.
3/  Félix Joffre, L’Athlète, 1938. Plâtre patiné. Musée d’art et d’industrie de Roubaix. © Musée La Piscine (Roubaix), Dist. RMN / Alain.

 

extrait du communiqué de presse :


 

Directeur : Fabrice Hergott
Commissaires : Jacqueline Munck et Laurence Bertrand Dorléac

 


L’exposition du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris montre comment les artistes ont modifié en profondeur les contenus et les formes de l’art en France de 1938 à 1947, dans un contexte menaçant d’oppression et de pénurie. Près de 400 oeuvres de plus de 100 artistes sont présentées en une dizaine de séquences fortes complétées par de nombreux points documentaires et filmiques inédits.

 

En introduction, l’Exposition internationale du Surréalisme de janvier 1938 apparaît comme prémonitoire au moment de la montée des périls, avant même les accords de Munich et « sous l’angle du sombre » et de « l’étouffant » défini par André Breton et Marcel Duchamp. Certains de ses exposants seront bientôt arrêtés alors que les autres tenteront de s’exiler sans que ce soit toujours possible.

Après la drôle de guerre et la défaite de la France, avec l’Occupation nazie et l’instauration du régime de Vichy, jusque dans les nombreux camps d’internement et les prisons en France, on crée encore : des oeuvres de survie traduisent l’énergie désespérée d’artistes qui adaptent leur processus de création et leurs matériaux - cire, ficelle, pierre, papier à musique ou d’emballage, etc. (Bellmer, Brauner, Ernst, Freundlich, Gotko, Gumichian, Hamelin, Kolos-Vary, Lévy, Nussbaum, Payen, Prieto, Rosenthal, Salomon, Soos, Springer, Taslitzky, Warszawski, Wols…).
Les artistes sont condamnés à s’adapter aux nouvelles réalités des années noires et, pour certains d’entre eux, à la clandestinité dans les refuges : à Marseille, Grasse, Sanary ou Dieulefit (Arp, Brauner, Sonia Delaunay, Hausmann, Magnelli, Masereel, Räderscheidt, Steib, Taeuber, Tita …). Dans la partie la plus visible de la scène parisienne, dominent les maîtres référents, Matisse, Picasso, Bonnard, Rouault, et les « jeunes peintres de tradition française » qui s’en réclament (Bazaine, Estève, Fougeron, Lapicque, Manessier, Singier…). L’ouverture partielle du Musée national d’art moderne, en 1942, au Palais de Tokyo, permet de saisir le goût timoré de l’époque expurgée de ses « indésirables » : juifs, étrangers, anticonformistes, etc. Par contraste, la galerie Jeanne Bucher est l’une des rares exceptions à présenter (sans publicité) des pièces d’artistes jugés « dégénérés » par la propagande totalitaire en Allemagne mais aussi en France. (Klee, Domela, Kandinsky, De Staël…).
Quant à Picasso, l’audace est intacte : interdit d’exposition et reclus dans son atelier des Grands-Augustins, il multiplie les chefs-d’oeuvre : L’Aubade, le Grand nu, les Têtes de mort, les dessins érotiques, Tête de taureau ou sa pièce de théâtre Le désir attrapé par la queue.

Entre 1944 et 1947, les oeuvres de l’après-guerre répondent à la violence faite aux corps et aux esprits depuis des années. Cette partie de l’exposition questionne la redéfinition des grands mouvements modernes, les uns assurent la « Reconstruction » — autour du Parti communiste français (Fougeron, Herbin, Pignon…) et du renouveau de l’Art sacré —, les autres empruntent une ligne de fuite radicale : tachisme, informel, art brut, lettrisme, récupération de déchets ou d’objets rejetés par la guerre. Tout témoigne de l’irrépressible décompression psychique à l’oeuvre comme seule réponse à l’histoire (Atlan, Bissière, Debré, Fautrier, Giacometti, Hartung, Leduc, Masson, Richier, Riopelle, Soulages, Schneider, Tal-Coat…). Le premier vrai scandale après la Libération est déclenché en 1946 par l’exposition Dubuffet à la galerie Drouin : Mirobolus, Macadam et Cie. Hautes Pates, mis en relation avec tout ce qui compte alors en matière d’art « autre » chez les naïfs, les anonymes dans les asiles ou chez tous les « anartistes » (Artaud, Bryen, Chaissac, Corbaz, Duf, Forestier, Hyppolite, Michaux, Miro, Pujolle, Villeglé, Wols…).