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“Carte blanche à Yan Pei-Ming” page 702   
à la Galerie des Gobelins, Paris

du 15 octobre 2012 au 20 janvier 2013



http://www.mobiliernational.fr

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, présentation par Marc Bayard, Conseiller pour le développement culturel et scientifique au Mobilier national et de l’artiste Yan Pei-Ming, le 15 octobre 2012.

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 Yan Pei-Ming, Nom d'un chien ! - Un jour parfait, 2012, triptyque, huile sur toile, 400 x 280 cm/panneau ; Photo : André Morin ; Courtesy : Galleria Massimo De Carlo, Milan et David Zwirner, New York.

extrait du communiqué de presse :


Direction artistique de la Carte blanche : Marc Bayard


Carte blanche à Yan Pei-Ming dans le cadre de l'exposition Poussin et Moïse. Histoires tissées

LES CARTES BLANCHES
La question du format, et de son implication sur le spectateur, est au coeur des invitations de la Carte Blanche.
Yan Pei-Ming, dans un triptyque au format spectaculaire, montré pour la première fois à Paris, s’inspire du thème de la crucifixion.
Pierre Buraglio, pour sa part, réalise des oeuvres intimes questionnant les thèmes de l'Ancien Testament. La signification du texte biblique refait surface dans une interprétation contemporaine qui s’appuie sur la réduction du format.
Les deux artistes reprennent ainsi chacun à leur manière la question du format et de la destinée humaine qui est présente dans l'exposition Poussin et Moïse. Histoires tissées (depuis mai 2012) actuellement à la Galerie des Gobelins. La peinture de Poussin, intime, et de format modeste, a été transposée pour former un imposant style narratif et décoratif dans le cadre de la commande des tissages aux Gobelins vingt ans après sa mort.
Peintres modernes et contemporains, tous prenant appui sur la Bible, de manière directe ou détournée, dialoguent à travers le temps.

CARTE BLANCHE À YAN PEI-MING
NOM D'UN CHIEN ! - UN JOUR PARFAIT

Yan Pei-Ming est un peintre et, comme il se doit, il utilise la couleur pour représenter un sujet. Dans cet apparent travail traditionnel, (du point de vue de l'art occidental), l'artiste a su tirer bénéfice de son origine chinoise. La bichromie, mais surtout la texture de la matière picturale, constituent le fondement de son art. Plus précisément, ses sujets sont indissociables du matériau : les paysages, les portraits, les scènes représentés sont comme de la glaise, imprégnés par la couleur, fixés à jamais dans la pâte. Pei-Ming a jusqu'à présent représenté des sujets qui s'incarnaient dans la couleur, comme soudés l'un à l'autre, la couleur emprisonnant le sujet, le recouvrant comme un voile de matière.
Or, dans Nom d'un chien ! - un jour parfait, Yan Pei-Ming innove à double titre.
Le personnage représenté émerge de la couleur. Il est en lévitation, suspendu, aérien, sans support, perdu dans l'étendue de la couleur. C'est une oeuvre de rupture, nouvelle dans la production de l'artiste. Est-ce lié au sujet représenté ? L'artiste a souvent interrogé la figure du condamné à mort, de cet instant suspendu où la vie attend la mort. Dans cette suspension du temps, l'artiste exprime révolte et renoncement, refus et acceptation, point fermé, tête renversée et bras ouverts, tête abandonnée. Telles les allégories de la Renaissance qui représentaient les âges de la vie, Pei-Ming traduit ces deux moments de la vie, sursaut, force vitale et déchéance, inertie de la fin. Ici, le trouble provient de l'absence de référence clairement visible : sommes-nous devant un condamné, devant le Christ sur la croix, avant d'expirer ? Ou sommes-nous en présence d'un acte de sursaut ? De défiance face à la vie ?
Le format n'y est pas pour rien. La hauteur démesurée du triptyque, comme certaines des tapisseries présentées dans l'exposition des Gobelins (Poussin et Moïse : histoires tissées) théâtralise le temps suspendu. L'artiste est un habitué du gigantisme, mais ici, autre innovation, il déploie la scène en verticalité et non en horizontalité, comme dans ses productions précédentes.
Le spectateur assiste à une dramaturgie, devient acteur d'un temps à la fois décomposé et suspendu. La composition en trois panneaux construit cet enchevêtrement et la taille de l'œuvre écrase l'observateur, tout en relevant le doute de la question posée par l'artiste : condamné ou en quête de plénitude ?

BIOGRAPHIE DE YAN PEI-MING

Né à Shanghai en 1960, Yan Pei-Ming arrive à Dijon en 1980 où il intègre l'école des Beaux-arts. Rendu célèbre par ses portraits de Mao traités en grisaille sur de grands formats traduisant avec fougue les traits de ses modèles, l'artiste décrit sa pratique de la peinture comme « une attaque, une détermination qui a un sens à la fois spirituel, moral mais aussi critique ». Pensionnaire à la Villa Médicis en 1993, il va alors concevoir une oeuvre monumentale, s'inspirant d'un conte chinois, Les 108 brigands, composé des portraits de son entourage à Rome et des visiteurs qu'il a reçus. C'est ainsi qu'il mêle avec talent l'histoire et l'actualité.
Dans sa production plus récente, il s'est confronté à des oeuvres des maîtres du passé : Andrea Mantegna, Léonard de Vinci, Goya ou Jacques-Louis David.