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“Muntadas” entre/between   
au Jeu de Paume, Paris

du 16 octobre 2012 au 20 janvier 2013



http://www.jeudepaume.org

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 15 octobre 2012.

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légendes de gauche à droite
1/  Muntadas, This Is Not an Advertisement, Times Square, New York, 1985. Photographie : Pamela Duffy. © Muntadas / ADAGP, Paris, 2012.
2/  Muntadas, The Limousine Project, 1990. © Muntadas / ADAGP, Paris, 2012.
3/  Muntadas, en collaboration avec Anne Bray, Media Eyes, Cambridge (Massachusetts), 1981. © Muntadas / ADAGP, Paris, 2012.

extrait du communiqué de presse :

Commissaire, Daina Augaitis

Artiste internationalement reconnu comme l’un des pionniers de l’art conceptuel et de l’art médiatique, Muntadas (Barcelone, 1942) interroge notre façon de regarder et d’interpréter. Le Jeu de Paume, en collaboration avec le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid, consacre à cet artiste pluridisciplinaire une exposition majeure intitulée “Entre / Between” retraçant sa prolifique carrière. Depuis les années 1970, il dévoile les liens qui constituent le tissu social complexe de la vie contemporaine, par le biais de multiples médiums : performance, vidéo, photographie, installation, multimédia, publication, Internet et art public.

Son oeuvre, engagée dans une recherche approfondie et incisive sur des situations politiques et des problématiques culturelles, explore notamment des notions comme la relation entre espace public et sphère privée, les flux d’informations dans le paysage médiatique et la dynamique de l’architecture officielle.
Le titre de l’exposition “Entre / Between” évoque une position de léger retrait, un “entredeux“ dont Muntadas se sert pour aborder certains problèmes politiques et culturels de notre temps. L’ensemble de son oeuvre élabore un discours sur les systèmes visibles et invisibles de communication et de pouvoir dans une société de plus en plus dominée par le spectacle des médias de masse, l’hyperconsommation et les progrès constants de la technologie. Cependant, le travail de Muntadas ne propose pas des narrations ou des solutions possibles.
Cette exposition ne se veut pas une rétrospective complète de la carrière de l’artiste, et elle ne suit pas non plus un fil chronologique. Elle propose plutôt un itinéraire s’appuyant sur l’idée de constellation pour relier thématiquement des oeuvres de différentes périodes.
Neuf constellations articulent ainsi le vaste champ des sujets explorés par Muntadas depuis quarante ans, créant un environnement qui incite le spectateur à se poser la question : “Qu’est-ce que je regarde ?“
Les projets de Muntadas répondent généralement à des conditions particulières de temps et de lieu ; ils abordent une multitude de contextes sociaux et, faisant appel à des médiums très divers, trouvent place dans une grande variété de lieux. En conséquence, la représentation de sa pratique dans une installation muséale, dans un temps et en un lieu nouveaux génère un certain nombre de paradoxes et suscite de nouvelles traductions et réinterprétations. Mais ce processus de recadrage est précisément l’un des grands leitmotives de l’artiste.

Entre, Extrait du catalogue par Daina augaitis, commissaire
Muntadas a souvent décrit l’“entre-deux“ comme le point de départ de son travail. L’entredeux résulte de la mobilité, elle-même caractéristique de nos sociétés contemporaines. C’est un lieu ambigu, hors de tout site et de toute destination spécifique. Perçu comme une zone intermédiaire de séparation, un espace inactif, l’entre-deux constitue cependant le lieu où naissent des distinctions et des identités qui se préciseront au-delà de ses marges. Car c’est à la limite de l’“entre” que quelque chose ou quelque part commence, que de nouvelles frontières se dessinent, encore floues. Mû par une insatiable curiosité, Muntadas est un grand voyageur, qui a beaucoup séjourné dans ces zones troubles entre le départ et l’arrivée. Cette curiosité de l’inconnu lui est venue dès 1971, lorsqu’il a quitté Barcelone pour New York – il avait alors vingt-neuf ans. Outre qu’il a toujours conservé un atelier à Barcelone, il a depuis lors créé des projets, exposé et enseigné dans quantité d’endroits de la planète. Cette immersion intense et constante a fait de lui un fin observateur des similitudes caractéristiques d’une culture globale tendant de plus en plus à l’homogénéisation ; il prête attention à ces espaces intermédiaires qui, déjouant tout sentiment d’appartenance, ont tout des “non-lieux” – aéroports, centres commerciaux, etc. – décrits par l’anthropologue Marc Augé. Plus important encore : il fonde sa pratique artistique sur les mouvements et changements imprévisibles que connaît notre monde – ces transformations qui ont produit toute une littérature critique sur la “nomadisation”. S’étant depuis toujours frotté à la diversité des cultures, des langues et des idéologies, il est à même d’observer les croisements qui s’opèrent et d’exploiter le potentiel de transgression qu’induit le changement constant de situation.
L’entre-deux n’est donc pas seulement le lieu de la séparation : c’est aussi, à l’inverse, le lieu de la liaison. C’est une aire en constante extension, faite de passages et de canaux, offrant toutes les possibilités insoupçonnées que recèle l’espace non défini et non revendiqué. C’est une zone hautement active et productive, qui pourrait même avoir quelque chose d’une utopie.