contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


“Manuel Álvarez Bravo” Un photographe aux aguets   
au Jeu de Paume, Paris

du 16 octobre 2012 au 20 janvier 2013



http://www.jeudepaume.org

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 15 octobre 2012.

705_Alvarez_1705_Alvarez_2705_Alvarez_3

légendes de gauche à droite
1/  Manuel Álvarez Bravo, La hija de los danzantes, (La Fille des danseurs), 1933, épreuve au platine-palladium tardive. Collection Colette Urbajtel / Archivo Manuel Álvarez Bravo, s.c.. © Colette Urbajtel / Archivo Manuel Álvarez Bravo, s.c.
2/  Manuel Álvarez Bravo, La buena fama durmiendo, (La Bonne Renommée endormie), 1938, épreuve gélatino-argentique tardive. Collection Colette Urbajtel / Archivo Manuel Álvarez Bravo, s.c.. © Colette Urbajtel / Archivo Manuel Álvarez Bravo, s.c.
3/  Manuel Álvarez Bravo, Retrato desagradable, (Portrait désagréable), 1945, épreuve gélatino-argentique tardive. Collection Colette Urbajtel / Archivo Manuel Álvarez Bravo, s.c. © Colette Urbajtel / Archivo Manuel Álvarez Bravo, s.c.

extrait du communiqué de presse :

Commissaires :
Laura González Flores et Gerardo Mosquera

“Quand on parle de photographie, comment aborder l’invisible, l’indicible ? Il ne fait plus aucun doute désormais que la qualité magique et surréelle attribuée à la photographie d’Álvarez Bravo est une construction rhétorique ; essentiellement, un contrepoint entre ce qui se trouve dans l’image et ce qui ne s’y trouve pas. C’est en ce sens que l’oeuvre d’Álvarez Bravo peut se comprendre comme une dialectique de la vision : un imaginaire rempli de motifs où il y a une tension entre ce qu’on montre et ce qu’on cache.”
Laura González Flores, “Manuel Álvarez Bravo. Syllabes de lumière“


Loin des stéréotypes d’un surréalisme exotique et d’une vision “folklorique” de la culture mexicaine, l’exposition que le Jeu de Paume consacre à Manuel Álvarez Bravo restitue une vision contemporaine du travail de ce photographe mexicain bien connu du public français.

Développée durant huit décennies, l’oeuvre photographique de Manuel Álvarez Bravo (Mexico, 1902-2002) constitue un jalon essentiel de la culture mexicaine du XXe siècle. À la fois étrange et fascinante, sa photographie a été souvent perçue comme le produit imaginaire d’un pays exotique, ou comme une dérive excentrique de l’avant-garde surréaliste.
L’exposition veut dépasser ces lectures. Sans nier le lien avec le surréalisme ou les clichés liés à la culture mexicaine, cette sélection de 150 images vise à mettre en lumière un ensemble spécifique de motifs iconographiques dans le travail de Manuel Álvarez Bravo : les reflets et trompe-l’oeil de la grande métropole ; les corps gisants réduits à de simples masses ; les volumes de tissus laissant entrevoir des fragments de corps ; les décors minimalistes à l’harmonie géométrique ; les objets à signification ambiguë…
L’exposition porte ainsi un nouveau regard sur cette oeuvre, sans la restreindre à un ensemble d’images emblématiques avec leur lecture stéréotypée. Cette approche dévoile des aspects peu connus de sa photographie, d’une pertinence et d’une actualité remarquables.
Des images qui se muent en symboles ; des mots qui deviennent des images ; des objets qui agissent comme des signes ; des reflets qui deviennent des choses. À la manière de “syllabes” graphiques, ces thèmes reviennent de façon récurrente dans sa production photographique, de la fin des années 1920 au début des années 1980, imprimant à son oeuvre une intention et une structure du regard bien éloignées de la rencontre fortuite du “réel merveilleux” mexicain. Au contraire, sa production constitue un discours poétique à part entière, autonome et cohérent, patiemment élaboré au fil du temps.
Or c’est justement cela, le temps, qui donne son unité au tissu imaginaire de la photographie d’Álvarez Bravo. Derrière ces images aussi poétiques que troublantes, telles des hiéroglyphes, se cache une intention cinématique permettant de rendre compte de leur qualité formelle, mais aussi de leur nature séquentielle : ne pourrait-on pas voir les photographies d’Álvarez Bravo comme les images fixes d’un film ?
L’exposition évoque cette hypothèse en confrontant ses images les plus célèbres à de courts films expérimentaux des années 1960, provenant de ses archives familiales. Sont également exposées une série d’images tardives à caractère cinématique, et une sélection de tirages couleurs et de Polaroïd. En partageant avec le public le processus d’expérimentation d’Álvarez Bravo, ce projet entend montrer que la qualité poétique de ses images procède d’une recherche permanente autour de la modernité et du langage. Sujette à l’ambiguïté sémantique, mais sous-tendue par une syntaxe graphique forte, sa photographie est une synthèse unique de l’expression locale mexicaine et du projet moderne. Dès lors, son œuvre illustre bien la construction multiple du modernisme à partir d’une pluralité de visions, de poétiques et d’arrière-plans culturels, et non d’une pratique centrale.