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“La photographie en cent chefs-d’oeuvre” page 736    
à la BnF François-Mitterrand, Paris

du 13 novembre 2012 au 17 février 2013



http://www.bnf.fr


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interview des commissaires Sylvie Aubenas et Marc Pagneux, le 12 novembre 2012 à Paris.© Samuel Hense, © FranceFineArt

 


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légendes de gauche à droite
1/  Joseph Philibert Girault de Prangey (1804-1892), Athènes, 1842, Palmier près de l’église Saint Théodore. Daguerréotype pleine plaque. 24 x 18 cms, Ancienne collection du comte Charles de Simony, BnF, Estampes et photographie.
2/  Lewis Baltz (né en 1945), A Fos-sur-Mer. Mission photographique de la DATAR1986. Tirage argentique. 27 x 41 cms, Don 1988, © DATAR, BnF, Estampes et photographie.
3/  Eugène Druet (1868-1917), Vaslav Nijinski dans “La danse siamoise” des Orientales, dimanche 19 juin 1910. Tirage argentique d’après négatif sur verre au gélatinobromure d’argent. 38,5 x 26 cms, don de la famille Néville-Blanche N3 Nijinski, BnF, Estampes et photographie.


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt :


La Bibliothèque nationale de France présente jusqu'au 17 février 2013 cent œuvres issues de ses propres collections, qui couvrent 150 ans de photographie. La plus ancienne, Feuille de Vigne, essai de William Henry Fox Talbot, date de 1839 et la plus récente a été prise à Fos-sur-Mer par Lewis Baltz lors de la mission de la DATAR en 1986.

Une démarche inédite
Le propos de l'exposition n'est pas de retracer l'histoire de la photographie, non plus que de présenter les cent plus belles photographies, ce qui serait irréalisable, surtout lorsque l'on sait que les collections de la BnF en comptent des milliers. Le choix, forcément subjectif, ne se porte pas uniquement sur des œuvres de grands auteurs, comme Henri Cartier Bresson, mais laisse place à des clichés d'amateurs, de scientifiques ou bien d'artistes qui n'appartiennent pas au monde de la photographie, tels Émile Zola ou Jacques Prévert. L'absence de certains photographes peut alors surprendre. S'ils ont été délaissés, c'est pour mieux mettre en avant des clichés qui, peut-être, présentent un plus grand intérêt. Chacun d'entre eux est en effet représentatif de son genre, de son époque. Leur seul point commun, en plus d'être des originaux, demeure alors la beauté de leur tirage. C'est donc l'image qui compte ici, et non l'auteur. Il s'agit de questionner la notion de chef-d'œuvre lorsqu'elle est appliquée à un média aussi récent que la photographie et qui, de fait, échappe à toute tentative de classement, au contraire d'arts plus anciens comme la peinture. L'exposition rappelle aussi que, dans un monde saturé d'images, la photographie, la vraie, au-delà de ses nombreuses reproductions, demeure une œuvre matérielle qui possède des caractéristiques, un grain, un format, qui lui sont propres.

Le jeu des correspondances
Mais comment organiser ces cent photographies si, par leur diversité, elles échappent à toute classification ? La scénographie de l'exposition ne peut, on l'a vu, pas être chronologique puisqu'elle n'a pas pour vocation de raconter l'histoire de la photographie. Elle n'est pas thématique non plus ; la trop grande variété des sujets l'en empêche. Cependant, le parcours de l'exposition n'est pas dénué de logique, loin s'en faut. Il se construit selon des associations ou des correspondances qui peuvent être esthétiques, formelles ou intellectuelles. Un seul élément suffit parfois à lier deux photographies voisines, comme le mouvement de courbure d'un corps de femme, qui établit un étrange parallèle entre le Grand nu renversé en arrière de Man Ray et L'éventail d'Arturo Bragaglia, ou, au contraire, à les opposer. L'association de l'affiche pour le désarmement des nations, de l'affichiste Jean Carlu et du photographe André Vigneau, et de l'incroyable photographie de Diane Arbus, Exasperated Boy with Toy Hand Grenade, en est ainsi un exemple frappant. La succession des œuvres, parce qu'elle est soumise à la libre interprétation du spectateur, parce qu'elle le pousse à s'interroger sur ce qu'il voit, les met alors naturellement en valeur. Des projections murales de citations d'écrivains, d'artistes ou de journalistes illustrent chaque photographie, leur conférant ainsi une nouvelle dimension poétique.


Audrey Parvais

 


 

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat
Sylvie Aubenas, directeur du département des Estampes et de la photographie, BnF
Marc Pagneux, expert et collectionneur


« Les chefs-d’oeuvre sont des objets bienfaisants qui prennent sur eux, pour l’essentiel, la charge d’activer la relation esthétique et qui, de surcroît, nous persuadent qu’il leur est tout naturel de nous rendre ce service » Jean Galard, « Une question capitale pour l’esthétique » dans Qu’est-ce qu’un chef-d’oeuvre ?, Gallimard, 2000.

Explorer la notion de chef-d’oeuvre appliquée à un médium aussi foisonnant et divers que la photographie, tel est le propos de cette exposition qui dévoile cent images issues des collections de la BnF. Choisies pour leur beauté, la perfection de leur tirage ou leur provenance, ces pièces, toutes d’auteurs différents, composent un parcours où les grands noms de la photographie des XIXe et XXe siècles côtoient des anonymes.

« Choisir parmi les trésors photographiques que conserve la Bibliothèque est un exercice difficile auquel notre collection se prête avec bonheur. Photographies d’art, documentaires, scientifiques, images issues de fonds d’écrivains ou de savants, de fonds de journaux ou de théâtre, images de cinéma... aucune autre institution française ne rassemble une telle variété, des origines de la photographie à nos jours.»
Bruno Racine, président de la BnF.

De la plus ancienne pièce présentée, un essai de William Henry Fox Talbot de 1839, à la plus récente de la sélection, une image prise à Fos-sur-Mer en 1986 par Lewis Baltz, les cent photographies exposées questionnent le concept de chef-d’oeuvre. Quelle photographie peut prétendre accéder à ce statut ? Une grande image d’un grand auteur ? Sans nul doute, mais tout autant une photographie scientifique qui atteint la perfection dans son domaine ou un tirage anonyme ancien qui anticipe de façon étonnante sur l’art des XXe et XXIe siècles.

Portraits, paysages, nus, reportages, publicité, photographie scientifique, tous les genres sont représentés à travers le regard de grands noms de la photographie : Eugène Atget, Félix Nadar, Frantisek Drtikol, Diane Arbus, Raoul Hausmann, Henri Cartier-Bresson, Man Ray, Franco Fontana, William Eggleston, Claude Levi-Strauss, Brassaï, Julia Margaret Cameron, André Kertesz, Bill Brandt, Gustave Le Gray, Gilles Caron...
Des photographies anonymes ou d’autres, plus étonnantes encore, réalisées par des écrivains tels Emile Zola, Victor Segalen ou Jacques Prévert font également partie des trésors sélectionnés pour l’occasion.
La beauté formelle et la qualité du tirage - toujours exceptionnelle - font l’intérêt des photographies exposées, de même que leur mode d’entrée dans les collections de la Bibliothèque, qui participe de l’histoire de chaque image : don de l’auteur ou de sa famille, dation, acquisition parfois très précoce telle la photographie mythique de Mai 68 de Gilles Caron acquise en grand tirage dès septembre de la même année. Ces modes d’entrée sont en filigrane une histoire de la constitution de la collection de la BnF.

Loin d’écrire une histoire de la photographie, le parcours de l’exposition se déroule d’image en image au fil de rapprochements et de correspondances esthétiques et formelles. Ni chronologique ni thématique, la déambulation s’ouvre ainsi sur l’essai de Talbot de 1839 pour se clore au gré d’associations visuelles sur un autoportrait d’Emile Zola.