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“Susan Paulsen” page 739    
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 14 novembre 2012 au 13 janvier 2013



http://www.mep-fr.org

 

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 13 novembre 2012.

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légendes de gauche à droite
1/  Susan Paulsen, Mary Currie, Wilmot, 2011 © Susan Paulsen.
2/  Susan Paulsen, Wilmot, 2009 © Susan Paulsen.
3/  Susan Paulsen, De Yampert Gin, Wilmot, 2009 © Susan Paulsen.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt :

 

La Maison Européenne de la Photographie, en plus de trois autres expositions, présente en ce moment une sélection d'une centaine de clichés de la photographe américaine Susan Paulsen. Toutes ces prises de vue, qui ont été réalisées depuis 1995, ont pour sujet Wilmot, une petite ville du sud-ouest de l'Arkansas.

Une représentation de la campagne

Le projet originel de Susan Paulsen était d'évoquer la réalité du sud agricole américain en prenant comme sujet Wilmot, petite communauté agricole de l'Arkansas, où sa grand-mère possédait une ferme familiale et où, enfant, elle a souvent passé ses vacances. L'objectif était de mettre en lumière le quotidien, la routine de ses habitants tournés vers la terre. L'artiste nous donne à voir une ville, avec ses champs, ses rues et magasins, et sa population, membres de la famille comme simples passants. Mais elle aborde aussi très simplement le travail prosaïque de la terre, photographiant un homme en plein labeur ou bien un outil, comme cette benne à coton vide qui attend de recevoir la prochaine récolte. Les images, regroupées par thèmes, la famille, la messe, les rues de la ville, se répondent et esquissent des contrastes. Aux vastes paysages américains s'opposent l'intimité de la famille et l'intérieur d'une maison. Chaque groupe de photographie est complété par un texte, écrit par la cousine de l'artiste, qui raconte une histoire, comme celle de ce magasin qui n'a pas su résister aux changements apportés par la modernité. Nourri de souvenirs personnels, le dyptique image-texte contribue à retracer l'histoire de Wilmot.

Un quotidien marqué par la poésie des souvenirs

Les photographies de Susan Paulsen, à la fois naturelles et lumineuses, sont empreintes d'une beauté sereine. Si elles évoquent simplement la banalité du quotidien et des tâches routinières, elles en révèlent surtout toute la poésie. Dans un délicat hommage aux êtres et aux lieux, elles parviennent à saisir l'essence, la personnalité de Wilmot et dévoilent l'authentique dignité de ses habitants et de leurs rapports à la terre et aux animaux. Un lien de proximité s'établit alors entre les spectateurs et cette petite communauté agricole perdue en pleine campagne américaine. Mais comment l'artiste parvient-elle à susciter chez nous cet intérêt, cette empathie pour ces gens et pour leur quotidien ? C'est peut-être parce que de ces photographies émane une douce impression d'affection et de nostalgie. À travers elles, elle explore ses souvenirs et ravive la mémoire de sa famille. Wilmot ne constitue alors plus seulement un exemple du mode de vie des campagnes du sud américain. La vision qui nous en est donnée révèle tout autant l'artiste que la ville. Susan Paulsen est parvenue à esquisser un poème à la fois profondément intime et universel.

Audrey Parvais




 

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire déléguée : Laurie Hurwitz
Exposition présentée dans le cadre du Mois de la Photo 2012

 

Depuis toujours, Susan Paulsen illustre poétiquement sa vie de tous les jours : sa famille, ses amis, son environnement et le nu. Mais si une grande partie de son travail explore son quotidien actuel — des enfants jouant au Scrabble, des roses fraîchement coupés, des chiens en train de gambader — il concerne également la mémoire et l’histoire de sa famille.
Cette exposition présente exclusivement son travail récent sur sa famille à Wilmot en Arkansas. La Maison Européenne de la Photographie dévoile une sélection d’une centaine de prises de vue de ses tantes, oncles et cousins, réalisées depuis dix ans. Conçues en séries, ses photographies de petit format en couleurs ont la beauté lumineuse des toiles de Vermeer. Elles nous offrent une vision fascinante de la vie quotidienne dans une petite communauté agricole en Arkansas.
Ses images aux couleurs feutrées et d’un flou subtil rappellent sa formation de peintre. Ainsi, à la manière d’une nature morte peinte, son travail évoque la magie du quotidien et la poétique du banal. Comme l’a écrit William Meyers dans le Wall Street Journal, “l’image est tellement naturelle, tellement limpide qu’elle semble s’être prise elle-même, ce qui est précisément le plus difficile dans des travaux artistiques.”
Ce nouveau travail est l’objet d’un livre publié par les éditions Steidl, avec une préface de George Shackelford, directeur adjoint du Kimbell Art Museum de Fort Worth, Texas.
Susan Paulsen est née à Milwaukee en 1957, elle vit et travaille à New York. Sa première exposition a été présentée à la Maison Européenne de la Photographie, à Paris, en 2004.

“Comme mon coeur, plutôt que comme mes yeux, l’appareil photographique me permet d’exprimer ce que je ressens, et non ce que je vois. La photographie m’aide à comprendre mes sentiments les plus intenses, mes intuitions les plus vives.
Au centre de ma vision se trouvent les diverses notions qui me guident : un sens de la famille sur-idéalisé, mon expérience de femme et de mère, le désir de capturer et de fixer sur la pellicule les choses et les événements anodins qui façonnent nos vies. Souvent, dans ma jeunesse, j’allais chez ma grand-mère, qui avait une ferme dans l’Arkansas : la routine de son quotidien m’intriguait. Ma mémoire est remplie d’images du passé qui évoquent des sensations bien précises. J’ai eu une enfance merveilleuse, perturbée, de temps à autre, par le comportement parfois imprévisible et difficile de ma mère et je garde précieusement des images qui me réconfortent et me sécurisent.
Mon oeuvre tend à récréer l’universalité de mes souvenirs qui résonnent, et en même temps à évoquer les relations toutes simples qui nous lient les uns aux autres, relations que souvent nous ne voyons pas, mais que nous ressentons. Il est important pour moi de remplacer ce qui a été perdu, blessé, nié. C’est une pulsion qui imprègne tout ce que je photographie, et je trouve que je n’ai nul besoin de sortir de chez moi pour prendre des photos.
J’espère que mes images touchent l’âme de ceux qui les regardent, leur transmettent un archétype de foyer, une idée du lieu, des personnages et des événements qui recréent une famille. Je souhaite souligner la poésie, la simplicité, l’éloquence d’un moment où l’on semble se complaire dans le dédain de ces valeurs.”
Susan Paulsen