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“La photographie en France” 1950-2000    
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 14 novembre 2012 au 13 janvier 2013



http://www.mep-fr.org

 

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 13 novembre 2012.

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légendes de gauche à droite
1/  Izis, 1er mai, Place Victor Basch, Paris, 1950. © Manuel Bidermanas, Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris.
2/  Jean-Claude Gautrand, Assassinat de Baltard, Paris, 1971. © Jean-Claude Gautrand.
3/  Philippe Salaün, La vie de château, 1973. © Philippe Salaün, Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris. Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris.


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt :

 

La Maison de la Photographie présente en ce moment une exposition qui retrace l'histoire de la photographie en France des cinquante dernières années, de 1950 à la fin des années 1990. L'on y retrouve bien sûr certains des photographes français les plus importants, mais aussi des artistes étrangers qui ont activement participé à son évolution. Les grands courants de la photographie y sont ainsi représentés, de Henri Cartier-Bresson à Patrick Tosani.

Un cheminement temporel, des procédés multiples
L'exposition s'étend sur deux étages et quatre salles, chacune d'entre elles couvrant deux décennies de photographie. Comme son nom le suggère, elle en esquisse l'histoire et c'est donc très naturellement que le parcours se construit de façon chronologique. Immédiatement, un premier constat s'impose : les sujets traités et les formats sont aussi variés que les artistes sont nombreux, français comme étrangers. Aux côtés du célèbre Baiser de l'Hôtel de Ville de Robert Doisneau (1950) ou de l'étudiant pourchassé du Mai 1968 de Gilles Caron, se retrouvent des auteurs peut-être plus confidentiels comme Jean-Paul Goude ou Jean Larivière. Ici, la photographie de mode côtoie le photojournalisme à dimension sociale et la mission de la DATAR. La scénographie épouse, d'une salle à l'autre, l'évolution des pratiques photographiques. Ainsi n'est-il pas rare de croiser au début de l'exposition un beau cliché accompagné de l'article avec lequel il est paru originellement - la presse consistant alors le support privilégié pour la diffusion des images. Mais ce mode de présentation disparaît au fur et à mesure que la photographie acquiert son autonomie. L'on constate aussi au fil du temps un progressif recul du noir et blanc au profit de la couleur, qui finit par occuper presque tout l'espace consacré aux années 1990.

La photographie, une histoire de perception
Chaque courant ayant marqué l'histoire de la photographie en France est représenté, chaque décennie, illustrée par les pratiques photographiques qui l'ont définie. Les années 1950, caractérisées par le courant humaniste, font ainsi la part belle à des artistes comme Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau mais aussi Jean Dieuzaide (Le Brai, 1956-60). Les années 1960 et 1970, qui voient l'apogée du photojournalisme, présentent des clichés qui évoquent les grands événements historiques qui les ont ponctuées (Manifestation pacifique à Washington en 1967, de Marc Riboud, contre la guerre du Vietnam). À partir des années 1990, la photographie devient plus conceptuelle, comme le Masque n° 4 (1998) de Patrick Tosani. L'on passe alors d'une œuvre clairement issue d'un magazine, illustration d'un article, à une œuvre qui se suffit à elle-même, qui n'a pas d'autre propos que d'exister pour elle-même. L'exposition met ainsi en avant la multiplicité des formes, des sujets et des procédés de la photographie. Au travers de ces images qui ont marqué leur époque, elle démontre que la photographie, art protéiforme, témoignage de l'évolution du monde, a subi une constante métamorphose, que d'abord perçue comme un média populaire elle est désormais considérée comme une pratique artistique à part entière.

Audrey Parvais

 


 

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires : Gilles Mora et Alain Sayag
Exposition présentée dans le cadre du Mois de la Photo 2012

 

En 1950 la paysannerie représente encore en France le tiers de la population active, la voiture populaire est la deux-chevaux et la publicité se nomme réclame. La photographie s’impose massivement dans les pages des magazines, timidement sur les murs des villes, largement dans la vie quotidienne comme un art populaire, “moyen” comme l’écrit Pierre Bourdieu. Cinquante ans plus tard le paysage est bien différent, la ville a définitivement envahi les campagnes, le mode de vie urbain s’est généralisé et uniformisé.
La photographie est toujours présente mais l’apogée semble passée, les magazines disparaissent les uns après les autres, la publicité s’anime sur les écrans et la photographie est surtout regardée comme une pratique artistique. Elle est partout et donc nulle part, aussi qu’en reste-t-il ? Quelles images ont marqué ce demi-siècle écoulé ?
C’est ce parcours que propose l’exposition à travers les multiples visages de la photographie : photographie de presse, de mode, de publicité, de décoration telle qu’on la trouve dans les magazines ou sur les quais de métro, photographie à prétention artistique qui règne dans les pages des livres ou en grand format sur les cimaises des galeries ou des musées. Ces pratiques diverses aux supports variables dessinent une histoire rarement contée, celle d’un media dans sa diversité et sa richesse, dans son historicité aussi. Les noms célèbres abondent : ceux de la grande vague humaniste : Henri Cartier-Bresson, Izis, Ronis, Dieuzaide ; ceux de la radicalité artistique : Boltanski, Fleischer, Tosani ; ceux de la photographie narrative et personnelle : Plossu, Roche, Klein ou Depardon, mais aussi des noms beaucoup moins souvent retenus comme ceux de Hamilton, Jonvelle, Goude ou Larivière.
Les commissaires, Gilles Mora et Alain Sayag, ne récusent pas une certaine subjectivité — comment s’en affranchir quand on a participé plus ou moins activement à cette histoire — mais leur souhait est que cette manifestation ouvre le débat sur cette pratique hybride qu’est aujourd’hui celle de la photographie.