contact rubrique Agenda Culturel :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


“LARTIGUE 1894-1986”  l’émerveillé  
au Château de Tours, Jeu de Paume Hors les Murs, Tours

du 24 novembre 2012 au 26 mai 2013



http://www.jeudepaume.org
http://www.tours.fr

754_Lartigue_1754_Lartigue_2754_Lartigue_3

légendes de gauche à droite
1/  Jacques Henri Lartigue, Bibi au restaurant d’Eden Roc, Cap d’Antibes, 1920. Plaque autochrome stéréoscopique. Format 6 x 13 cm, © Ministère de la Culture-France/AAJHL.
2/  Jacques Henri Lartigue, Le jour des Drags aux courses à Auteuil, Paris, 23 juin 1911. Tirage gélatino argentique, © Ministère de la Culture-France/AAJHL.
3/  Jacques Henri Lartigue, Renée, Biarritz, août 1930. Tirage gélatino argentique, © Ministère de la Culture-France/AAJHL.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire
Martine d’Astier, directrice de la Donation Jacques Henri Lartigue


“Depuis que je suis petit, j’ai une espèce de maladie : toutes les choses qui m’émerveillent s’en vont sans que ma mémoire les garde suffisamment”, constate Lartigue (Courbevoie, 1894 - Nice, 1986) dans son journal de l’année 1965. Émerveillement et mémoire qui flanche, passion pour la vie et blessure secrète devant l’impermanence des choses, il n’en faut pas plus à Lartigue pour glaner et collectionner pendant 80 ans ces milliers d’instants fugitifs dont il saura nous montrer la beauté. L’exposition présente, en grands formats, plus de 100 photographies qui ont contribué à construire la célébrité de Lartigue.
Elles ont été choisies dans les 135 grands albums qu’il a mis en page et légendés (un journal en images qui couvre le XXe siècle avec ses 14 423 pages), et sont complétées par des citations extraites de son journal et une sélection de fac-similés de documents (albums, agendas illustrés de croquis, journal manuscrit, plaques négatives et positives), permettant d’approcher la démarche de Lartigue au plus près.

La photographie, Lartigue l’a apprise dès 1900 au contact de son père qui lui offre son premier appareil photographique, à l’âge de 8 ans en 1902. Dès lors, il n’a de cesse de photographier sa vie d’enfant rythmée par les voyages en automobile, les vacances en famille et surtout par les inventions de son frère aîné surnommé Zissou.
Les deux frères sont passionnés par l’automobile, l’aviation et tous les sports alors en plein essor. Jacques les enregistre grâce à son appareil photographique. Il continuera adulte à fréquenter les manifestations sportives et à pratiquer lui-même quelques sports réservés à l’élite : ski, patinage, tennis, golf...
Cependant, pour cet enfant si soucieux de retenir le temps qui passe, la photographie est insuffisante. Comment en effet, tout dire et tout retenir dans une image prise en quelques secondes ? C’est pourquoi parallèlement, il entreprend la rédaction d’un journal qu’il poursuivra toute sa vie.
1963. C’est au Museum of Modern Art de New York que Jacques Henri Lartigue (qui a déjà 69 ans) expose pour la première fois 43 des quelques 100 000 clichés réalisés au cours de sa vie. La même année, le magazine Life lui consacre un portfolio qui fait le tour du monde. A son grand étonnement, Lartigue le dilettante devient du jour au lendemain l’un des grands noms de la photographie du XXe siècle, lui qui se croyait peintre.

Le “piège d’ange“, ou la photo sans appareil
À huit ans, Jacques Lartigue invente un rituel qui lui permettra de survivre à son hypersensibilité – mélange d’angoisse et de bonheur de vivre, de conscience aiguë du monde qui l’entoure et du temps qui passe.
“Comme spectateur, je m’amuse bien. Mais, ce matin, j’avais quand même un peu envie de pleurer en les regardant, quand tout à coup une idée s’est mise à danser dans ma tête, une invention féerique, grâce à laquelle plus jamais je ne pourrai être ennuyé ou triste: j’ouvre les yeux, puis je les ferme, puis je les rouvre, je les écarquille, et hop! J’attrape l’image avec tout: la lumière, l’ombre, le plein et le vide, les couleurs! La vraie taille! Et ce que je garde c’est du vivant qui remue, qui palpite et qui sent. Même le bruit et le silence qui sont dans les choses. Ce matin j’ai pris beaucoup d’images avec mon piège d’oeil… Mon invention est un merveilleux secret…“
C’est sa seconde invention d’enfant pour lutter contre le temps qui passe. Mais quelques jours plus tard, quand il tente de restituer ce qu’il croit avoir conservé: “Oh, comme je me sens malheureux ce matin!... Désolé, ennuyé, furieux […] un peu comme désespéré: j’ai voulu regarder ma moisson, je croyais pouvoir tout mettre sur du papier […] Non, même avec mes crayons de couleurs, ça ne va pas…“
Pour consoler son fils, Henri Lartigue qui pratique lui-même la Photographie en amateur, lui offre son premier appareil photographique en 1902, tout en l’initiant à la prise de vue et aux mystères de la chambre noire.
“Toutes les choses jolies, curieuses, bizarres ou intéressantes me font tant de plaisir que je suis fou de joie ! D’autant plus que je peux en retenir beaucoup, grâce à la photo ! J’ai une collection épatante ! Commencée depuis l’âge de sept ans ! Une collection que je peux tout le temps augmenter. Maman dit : quand t’arrêteras-tu ? Tu me ruines !... Pourtant, je ne fais pas tirer tous les papiers que je voudrais...Sans le lui dire, j’ai décidé de continuer presque jusqu’à dix-huit ans ! Si elle le savait !“ (Journal, Paris, octobre 1907 - MSM, p.71)
Dès lors, le petit Jacques n’a de cesse de photographier sa vie d’enfant rythmée par les vacances en famille et surtout par les inventions de son frère aîné, Maurice, surnommé Zissou.

Deux films sont projetés : Un portrait complice réalisé par son ami François Reichenbach en 1980, et Le Siècle en positif, portrait romancé à partir des photographies de Lartigue, réalisé en 1999 par Philippe Kohly.