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“Les Mille et Une Nuits” page 756  
à l'Institut du Monde Arabe, Paris

du 27 novembre 2012 au 28 avril 2013



http://www.imarabe.org

 

 

© Anne-Frédérique fer, vernissage presse, le 26 novembre 2012.

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légendes de gauche à droite
1/  Léon Bakst, Dessin de costume pour la danse sacrée du Dieu Bleu, reproduit en couverture du programme souvenir de la 7ème saison des Ballets russes, Paris, 1912. Aquarelle, mine graphite, rehauts de peinture et or sur papier. H. : 43 cm ; l. : 28 cm. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne, CCI, © Centre Pompidou, MNAM‐CCI, Dist. RMN / Droits réservés.
2/  Adrien Dauzats, Mosquée d’Al‐Azhar au Caire, Paris, 1831. Huile sur toile, H. 100 ; l. 80 cm, Paris, Assemblée nationale, dépôt du musée du Louvre © RMN‐Grand Palais / Philipp Bernard.
3/  George Barbier, Ida Rubinstein et Vaslav Nijinsky, France, 1913. Aquarelle originale, H. : 30,6 cm ; l. : 24,5 cm, Collection privée, Paris, © IMA / Nabil Boutros.


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt :

 

C'est autour de l'un des recueils de contes les plus célèbres que l'Institut arabe a choisi de construire sa nouvelle exposition, et à texte extraordinaire, moyens extraordinaires. Trois cent cinquante œuvres, dont certains manuscrits très anciens, ont ainsi été réunies, recueillies auprès de soixante-deux musées nationaux et internationaux et de collections particulières. En résulte une incroyable diversité d'objets et de formes artistiques, qui démontre l'importance que le texte des Mille et une nuits a pu avoir sur la culture mondiale.

Une source incroyable d'inspiration
Deux salles lui sont consacrées. La première s'attarde sur l'histoire du texte à proprement parler et de sa transmission. Cette partie de l'exposition est donc prétexte à la présentation de magnifiques manuscrits arabes, certains datant du XVème siècle, dont l'élégante calligraphie et la finesse des illustrations fascinent le visiteur. Certaines très belles éditions françaises et britanniques les accompagnent, illustrées par des lithographies particulièrement soignées. Un corpus d'une telle richesse mérite bien un bel écrin. La deuxième salle, beaucoup plus vaste, s'organise autour des thèmes les plus importants du texte : l'amour, la magie et les créatures fantastiques, le personnage de Shéhérazade, bien sûr, mais aussi la ville et le palais, la guerre et les voyages, représentés par une profusion d'œuvres artistiques mais aussi d'objets en tout genre. Peintures, photographies et gravures partagent ainsi l'espace avec des objets du quotidien, comme ce tapis de style damascain du XVIème siècle ou ce bol au chameau datant du IXème siècle. De nombreux extraits d'œuvres cinématographiques jalonnent aussi le parcours, du film de Richard Wallace, Sindbad le marin (1947), à celui de Pasolini, Il fiore delle mille e una notte (1974), en passant par l'adaptation en dessin animé réalisée par Ozamu Tezuka et Eichii Yamamoto en 1969, Senya Ichiya Monogatari. Quinze contes sont proposés à l'écoute grâce à des casques mais sont aussi diffusés tout au long de l'exposition, afin que le visiteur puisse s'imprégner de la magie du texte. C'est donc une véritable caverne d'Ali-Baba qui se déploie sous ses yeux.

Une histoire intemporelle et universelle
L'objectif de l'exposition n'est pas au fond de nous faire découvrir de nouvelles œuvres. Il s'agit surtout ici de révéler l'importance que les Mille et une nuits ont pu avoir sur tous les domaines de l'art, de l'imagerie incroyable que le texte a suscité et qu'il continue de susciter. Ainsi les peintures d'Adrien Dauzats, représentatives du mouvement orientaliste du XIXème siècle, côtoient-elles un dessin de Picasso, Sans titre, dit Shéhérazade (1968), un automate de Roullet-Decamps, Zulma (1890), et des dessins de costumes réalisés par Léon Bakst pour le ballet Shéhérazade de 1912. Si le texte prend bien ses racines en Orient, l'iconographie est, elle, profondément occidentale. Se dessine alors un Orient fantasmé, rêvé par les artistes qui se sont emparés du corpus des Mille et une nuits et de sa magie, véritables sources d'inspiration, et qui ont participé au fil du temps à la construction d'un imaginaire oriental. Ces œuvres et ces objets, par leur impressionnante diversité, témoignent de la fascination qu'exercent les contes et leur univers envoûtant sur les esprits, même à notre époque. Vecteur de mythologies et de représentations fantasmagoriques étrangères aux Occidentaux, le texte des Mille et une nuits a traversé les époques et les distances pour devenir un véhicule culturel unique et mondial.

Audrey Parvais



 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général :
Badr‐Eddine Arodaky, Directeur général adjoint
Aurélie Clémente‐Ruiz, Directrice des expositions
Commissariat de l ’exposition :

Élodie Bouffard, Anne‐Alexandra Joyard Assistées de Pierrette Besse

 

Les Mille et Une Nuits constitue le plus extraordinaire recueil d'histoires « étonnantes et surprenantes » – ainsi qu'on les qualifiait autrefois – de toute la littérature. Accaparé un temps par l'Europe, qui en donna toute une série de traductions dans plusieurs langues, à commencer par le français, l'ouvrage a ensuite rejoint la place sans égale qui est la sienne au firmament de la culture universelle.
Ce livre « sans fin » ou « avec toutes les fins », a une histoire aussi curieuse, riche et prodigieuse que les péripéties des contes qu'il recèle et dont les sources sont, elles aussi, multiples. Véhicule de mythologies et de croyances propres à l'Orient, cet ouvrage populaire est un témoin culturel unique. Il est à l'origine d'une multitude d'images de l'Orient – vraies et fausses –, de clichés, façonnés par l'Occident, qui composent une sorte de « thésaurus » dans lequel n’ont cessé de puiser les imaginations de générations entières d’artistes et de créateurs qui, tout à la fois, s’en nourrissent et viennent à l’enrichir encore… Ce chef d'oeuvre de la littérature mondiale constitue ainsi un lien exceptionnel entre Orient et Occident.
Quelques trois cents cinquante oeuvres permettent au visiteur d'approcher d'aussi près qu'il est possible le personnage de la sublime Shéhérazade, sans laquelle n'existeraient pas les Nuits insignes qui font l'objet de cette exposition et dont certains des plus anciens manuscrits seront montrés pour l'occasion. On suit l’ouvrage, depuis sa genèse et les origines indopersanes qui sont les siennes, en passant par les contes arabes du IXe siècle jusqu’à Antoine Galland qui fut l’auteur de sa première traduction dans une langue européenne.
Si le texte des Nuits nous vient à l’évidence d’Orient, leur iconographie, d’une richesse proprement infinie, a en revanche sa source en Europe et en Occident. Tous les arts, tous les genres ont sacrifié la passion des Mille et Une Nuits, du théâtre à la mode, de la musique au cinéma, de la peinture à l’opéra, de la photographie à la littérature… générant plus d’images qu’aucune autre oeuvre de l’esprit serait‐on tenté de penser, n’a jamais généré. Haroun al‐Rachid, Shahriyâr et Shéhérazade, Sindbâd et Aladin : on retrouve là tous les personnages des Nuits et les villes qui leur ont servi de décor, dans des évocations qui empruntent à toutes les disciplines artistiques. Aujourd’hui, c’est sur le net et dans la publicité que leurs plus récents avatars prennent vie avec une vigueur intacte.
Porté par la voix des contes, aux rythmes des Nuits succédant aux Nuits, le visiteur aura accès à tous les songes, les illusions, les fantaisies et les chimères qu’a généré depuis un millénaire l’histoire d’un livre à nul pareil. Des clefs lui seront offertes, clefs qui lui permettront d’accéder à un univers que chacun croit déjà connaître mais dont personne n’a jamais aperçu la fin.
Cette exposition a l’ambition de révéler tous les aspects de ce qui compose Les Mille et Une Nuits, en mettant en valeur le texte et son histoire unique, en le présentant en tant que témoin culturel, véhicule de mythologies et de croyances propres à l’Orient, mais également pour ce qu’il est pour l’Occident, c’est‐à dire l’origine d’une multitude d’images rêvées.