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“Mathieu Mercier” page 757  
à la Fondation d'entreprise Ricard, Paris

du 27 novembre 2012 au 12 janvier 2013



http://www.fondation-entreprise-ricard.com

 

 

© Anne-Frédérique fer, le 27 novembre 2012.

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légendes de gauche à droite
1/  Mathieu Mercier, "pliage", 2012, (détail) papier noir, environ 100 X 65 X 16,5 cm.
2/  Mathieu Mercier, "sans titres", 2009, acier peint, 60 X 70 X 10 cm.
3/  Mathieu Mercier, "pantone-25,7M", 2012, 110 x 156 cm, impression numérique sur papier baryté.


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt :

 

Du 27 novembre 2012 au 12 janvier 2013, la Fondation d'entreprise Ricard présente seize productions de l'artiste français Mathieu Mercier, lauréat du prix Marcel Ducamp en 2003, dans un superbe appartement de type haussmannien. Les deux vastes salles qui lui sont consacrées entrent en parfaite résonance avec son art à la fois minimaliste et conceptuel.

Jeux d'optique et d'illusions
Pour cette exposition, Mathieu Mercier a visiblement beaucoup travaillé sur le jeu du regard et de la perception visuelle. L'espace même de présentation participe à la construction de l'œuvre. Les obstacles inhérents à la structure d'un bâtiment, au lieu d'être contournés ou ignorés, s'y intègrent naturellement. Les piliers qui se dressent au centre de la salle en sont un parfait exemple. Ils entourent la colonne centrale, coffrée et peinte de la même couleur, qui perd ainsi son caractère de composant architectural pour devenir un élément de l'œuvre. L'intérieur même dialogue avec l'extérieur de l'immeuble par le biais des formes et des matériaux. La composition des scans (Sans titre (Scan poussière), 2012) entre en résonance avec le verre de la verrière extérieure tandis que les montants des hautes fenêtres sont à mettre en parallèle avec les piliers gris, le tout établissant un étrange effet de symétrie. Mais le jeu sur le regard se fait aussi au sein même des œuvres directement présentées. Le chapeau (Sans titre, (Chapeau)) qui paraît accroché au mur est en réalité une impression photographique. De même reconnait-on la différence des couleurs dans la construction en papier découpé (Sans titre (Loupe), 2007-2012) et pourtant l'œil, lui, s'obstine à y voir l'illusion d'un grossissement, d'un effet de loupe.

Un art conceptuel
L'exposition se fonde sur le jeu du regard et de l'illusion mais aussi sur tout un réseau de correspondances, d'échos et d'oppositions. Correspondances entre les formes, les matériaux et les couleurs, d'abord. Les rayures grises et blanches du chapeau répondent ainsi aux lignes noires et blanches présentes sur les cinq photographies du verre d'eau (Sans titre (Verres 1 à 5), 2012). Mais aussi, et surtout, correspondance de sens. Dans la première salle, les piliers et la grille (Sans titre (Grille), 2009), mis en relation avec les scans à poussière sur lesquels se dessine un étrange motif végétal, peuvent créer l'image d'une forêt, tandis que la poussière elle-même rappelle les fleurs du pantone (Sans titre (Scan Pantone 25,7M), 2012), comme si celles-ci avaient fané. L'art qui nous est ainsi proposé est donc un art conceptuel. Les œuvres sont œuvres parce qu'elles établissent des liens entre elles, qu'elles déclenchent un processus de réflexion. Si les productions peuvent tout d'abord laisser perplexe, plusieurs parcours sont nécessaires pour construire du sens et comprendre les rapports qu'elles entretiennent. En l'absence de cartel ou de titre qui présenterait chacune d'entre elles, livré à lui-même, le visiteur est obligé de s'interroger sur des œuvres qui ne se livrent pas au premier regard afin de leur conférer une signification, la sienne propre.

Audrey Parvais

 


 

 

extrait du communiqué de presse :

 

Depuis Sans Titre 1993-2007 au Musée d'art Moderne de la Ville de Paris en 2007, Mathieu Mercier n'avait pas eu d'exposition personnelle en France. Après un premier come-back au Crédac en janvier dernier, la Fondation d'entreprise Ricard consacre son espace de novembre prochain à janvier 2013 à un nouveau projet de l'artiste.

«Mathieu Mercier développe depuis le début des années 1990 une pratique protéiforme et mouvante, à la limite des catégories esthétiques que nous sommes tentés de lui assigner pour la cerner. Son œuvre semble se construire avec méticulosité, selon une logique aussi implacable qu'insaisissable.
À première vue, les sculptures et les installations de Mathieu Mercier interrogent la place dans l'art de l'objet du quotidien dont l'aspect utilitaire a soigneusement été dissous. Ainsi, un questionnement central de son travail réside dans le statut incertain de l'objet dont la valeur d'usage a été repensée et détournée du réel pour le situer aux frontières de l'abstraction.
Cependant, l'essentiel n'est pas tant cet équilibre potentiellement indéfinissable que la compréhension de la démonstration qui est à la source de l'œuvre. Chaque œuvre de Mathieu Mercier peut être comprise comme la matérialisation synthétique de l'ensemble des données d'un problème - au sens scientifique du terme - auquel il s'est longuement confronté sans trouver de solution satisfaisante, et qu'il nous soumet avec toute l'ambiguïté d'un questionnement demeuré en suspens. L'œuvre n'en est pas moins aboutie. À l'issue de ce processus spéculatif dont chaque étape a été mûrement pesée, elle s'incarne avec une rigueur formelle qui tient de l'épure.
La démarche de Mathieu Mercier peut être saisie dans la relation parfaite à laquelle il est parvenu, entre une pensée non-linéaire lentement mise au point et son incarnation dans une œuvre où la ligne prédomine. Il nous soumet ainsi une œuvre dont sa présence semble exclue, mais dont le sens et l'enjeu sont avant tout à rechercher dans la synthèse mentale qu'elle matérialise. ». Marie Chênel, août 2012.

Mathieu Mercier (né en 1970) vit et travaille à Paris. Lauréat du Prix Marcel Duchamp en 2003, il a bénéficié de nombreuses expositions personnelles en France et à l’international. En 2007, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lui consacrait une première exposition rétrospective, intitulée «Sans titres, 1993-2007», présentée ensuite à la Kunsthalle de Nürnberg. Il est représenté par la Galerie Mehdi Chouakri (Berlin), Galleria Massimo Minini (Brescia) et Galerie Lange&Pult (Zürich).