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“Hai Zhang” Don’t Follow Me, I’m Lost  
à la Galerie Voies Off, Arles

du 13 janvier au 3 mars 2013



http://www.voies-off.com

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Crédit pour toutes les images :
© Hai Zhang. Don't Follow Me, I'm Lost.

extrait du communiqué de presse :

Direction artistique : Christophe Laloi
Exposition dans le cadre de rester partir, le voyage impossible
une programmation coproduite par Marseille-Provence 2013

L’exposition de Hai Zhang à la Galerie Voies Off, Don’t Follow Me, I’m Lost, est le premier évènement de la programmation « Rester Partir, le voyage impossible »
Rester Partir, le voyage impossible est un projet artistique pluridisciplinaire développé par Voies Off et coproduit par Marseille-Provence 2013, en collaboration avec des structures serbes, turques et égyptiennes. Ce projet se déploie tout au long de l’année 2013, proposant des expositions et des projections de photographie, la réalisation d’une vidéo d’artistes et des résidences.
La thématique du projet Rester Partir est humaine. Elle est l’occasion d’une recherche esthétique, plastique et philosophique sur les mouvements de l’âme, du corps et des sociétés. Elle tentera d’aborder ce paradoxe qui atteste d’une frontière, parfois extérieure, souvent intérieure, qui se résume dans l’opposition de ces deux mots : rester / partir.

Don’t Follow Me, I’m Lost
Aujourd’hui, se promener dans les villes chinoises est magique. Le taux métabolique accéléré de leur développement a transformé les villes chinoises en de vastes collages de fragments rapidement accumulés au cours des dernières décennies. En tant que photographe, il m’est devenu impossible de photographier la Chine contemporaine sans en capturer les contrastes. Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment ?
L’apparent contraste dans une même photographie d’une maison isolée au milieu des décombres d’autres et de l’ombre portée d’un gratte-ciel ne peuvent renseigner sur le fait que le propriétaire de l’immeuble a bénéficié de plusieurs millions de dollars de compensation pour la démolition dont témoigne les décombres, et que ce même propriétaire, une fois l’argent versé a prestement déménagé à Hong Kong. Les populations que ses actes ont rendues sans abri sont essentiellement constituées de travailleurs migrants qui ne pouvaient payer que le loyer d’une chambre dans un des bâtiments maintenant démolis.
La foule des rendus sans logis fut dispersée par les forces de police. Certains s’essayèrent au marché noir des billets de train qu’ils revendaient avec marge. Alors qu’ils étaient à nouveau réprimés par la police, tout le monde oubliait que c’étaient ces mêmes travailleurs migrants qui venaient de perdre leurs emplois dans une proche usine. La pauvre chambre exigüe au lit de fortune pouvait sembler totalement insalubre, mais en fait elle constituait le dernier refuge des enfants des travailleurs rendus à présent sans travail et sans emploi. Un mois après que j’eus pris une photographie d’une de ces familles de cinq, elle avait emménagé dans une chambre de vingt mètres carrés qui ne pouvait abriter qu’un seul lit partagé par tous.
La photographie apparaît inadéquate à rendre compte de la complexité de tels faits. M’est-il possible de saisir une définition, le sens de la réalité chinoise contemporaine à travers une tentative de catalogage de portraits de ma propre société ? Au-delà de son aspect de documentaire, de preuve visuelle, la photographie ne devrait-elle pas se contenter de soulever des questions, plus de questions, au lieu d’essayer de donner des réponses ? Cela constitue-t-il une ambition impossible à réaliser ? Au détour des images que j’ai prises jusqu’à présent, j’ai peur de réaliser que je me débats au milieu d’illusions et de fantasmes. Ainsi donc je dois poursuivre mon voyage, aller plus profondément, plus loin, jusqu’à ce que je me retrouve complètement perdu.
L’agent de sécurité assis au pied d’un mur en ruine, et qui se détourne de mon objectif, a l’air tout aussi vulnérable qu’un enfant, que l’enfant qui court tout en me regardant intensément dans les yeux. Qui est plus fragile ? Pourquoi est-ce que l’horizon sublime des gratte-ciels vu de ma chambre d’hôtel cinq étoiles ne m’émeut pas plus que cette maison isolée dans les décombres ?
Une foule en prière dans un monastère bouddhiste au matin du Nouvel An chinois constitue sans doute le seul mouvement de masse spontané autorisé en Chine. Dans le contexte d’une croissance inégalée du consumérisme en Chine, sommes-nous devenus plus en quête de spiritualité, où sommes-nous simplement rendus plus anxieux par l’idée d’un futur que nous sommes apparemment incapables de prédire ?
Par un chaud après-midi d’été, je suis entré dans une maison luxueuse. Une jeune femme étonnamment belle se tenait devant une fenêtre contemplant l’océan. Elle tourna la tête et me regarda longuement.
Le silence était total. Je l’ai entendue distinctement prononcer ces mots : « Ne me suivez-pas, je suis perdue. » Dans ses yeux j’ai lu le même regard perdu que j’avais rencontré d’innombrables fois durant les quatre années de mon périple photographique.
Hai Zhang, 13 décembre 2012
[Traduction © Bruno Chalifour, 2012]

Hai Zhang a étudié et pratiqué l’architecture en Chine et aux États-Unis. La photographie ayant toujours été essentielle dans sa vie personnelle et professionnelle, il décide de s’y consacrer pleinement en 2008. Ses préoccupations pour la condition humaine l’amènent à explorer des sujets intimes et personnels, autant que de vastes projets concernant la société dans son ensemble.
Depuis 2008, ses photographies s’attachent à présenter la constante et tentaculaire évolution du paysage urbain chinois. Dans le même temps, il se concentre sur un projet à long terme au Etats-Unis intitulé To Kill A Mockingbird, qui a présenté lors de l’exposition America Through A Chinese Lens au Museum of Chinese in America de New York.
Hai Zhang a obtenu la bourse de recherche en architecture Rafael Vinoly de 2009 à 2010. Ses oeuvres ont été exposées dans des musées, galeries et lieux culturels de New York, du Kansas, de Washington, en Chine, en Turquie et au Costa Rica. Il a enseigné dans de nombreuses institutions artistiques et culturelles à New York, en Turquie et à Pékin. Actuellement, il vit entre New York et la Chine.