contact rubrique Agenda Culturel :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


“HORS PISTES” un autre mouvement des images  
au Centre Pompidou, Paris

du 18 janvier au 3 février 2013



http://www.centrepompidou.fr

© Anne-Frédérique Fer, le 18 janvier 2013.

783_HORS-PISTES_1783_HORS-PISTES_2

Légendes de gauche à droite :
1/  © Teri Wehn Damisch.
2/  © Elise Florenty et Marcel Türkowsky.


{m4vremote width="640" height="480"}http://www.francefineart.org/videos/video-beaubourg/Hors-Piste.m4v{/m4vremote}

Interview de Géraldine Gomez,
par Pierre Normann Granier, à Beaubourg, le 17 janvier 2013. © FranceFineArt



Texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

Le monde est un marché
Au centre du plateau de l'exposition trône un camion graffé, taggé, un de ces camions des marchés qui annonce des étalages de marchandises. Ici ce sont des chômeurs, exclus, qui se font scanner et reproduire en petites figurines par les imprimantes 3D de Mohamed Bourouissa. Ils voient ainsi leurs effigies devenir œuvre d'art/marchandise et réintégrer la société en étant vendues sur le marché de Montreuil. Illustration d'une société marchande où pour exister il faut se vendre et où même le travail est devenu un marché.
De même les centaines de statuettes des monuments du monde, marchandises/souvenirs collectionnées et mises en scène par Teri Wehn Damisch prennent réalité sous sa caméra et racontent l'histoire d'un nouveau monde. Là aussi le monde se recompose au travers de la marchandisation du souvenir, les objets devenant des monuments à part entière.

Mise en scène
Notre monde nous est présenté comme une collection de petits objets dérisoires par leur taille qui ont besoin d'être filmés et projetés sur un écran pour exister. Les maquettes de Jennifer et Kevin McCoy racontent une fête foraine, une scène de rue, un désert, et de multiples caméras en font un film, monté et projeté en simultané sur de grands écrans. La reproduction du réel en figurines se met en scène elle-même à son tour en étant filmée et génère un nouveau réel en changeant d'échelle.
Autre inversion de rapports, dans l'installation de Pierre-Yves Boisramé, une cabine de téléphérique reste fixe tandis que ce sont les montagnes qui défilent autour, projetées sur des écrans. Le sujet de mise en scène s'efface, est-ce le spectateur ou bien le monde autour de lui qui en est le centre?

Changements d'échelle
De caméras miniatures aux projections géantes, image inversée de notre civilisation observant le monde sur de minuscules écrans de téléphones, c'est notre rapport au réel et à l'image qui est bousculé en questionnant les dimensions et les échelles.
Cécile Babiole démonte des objets reproduits en miniatures et en mélange les échelles: un bouton 'play' devient aussi grand que le ghettoblaster dont il est issu, et la taille minuscule de ses reproductions transforme des objets usuels, guitare, magnétophone ou appareil photo en bijoux précieux.
Le disque dur papier de David Guez explore l'objet numérique jusqu'à son niveau atomique. Les 0 et les 1 du code binaire du film 'La Jetée' de Chris Marker sont imprimés pour être archivés, code génétique d'un objet virtuel, dont l'incongrue réalité physique interroge l'existence et le statut de l'information dématérialisée.

Toutes ces installations nous tendent le miroir ironique d'une société en train d'être profondément transformée par la technologie des réseaux et où notre relation à l'autre est fabriquée et mise en scène en temps réel au travers d'écrans.


extrait du communiqué de presse :

commissariat : Géraldine Gomez, programmatrice

Rendez-vous incontournable et foisonnant de l’image en mouvement, HORS PISTES repart en 2013 à la découverte des nouvelles formes de l’image contemporaine :  films et images projetées, images exposées, images performées, et explore cette année le thème de la MINIATURE.

PENSER HORS PISTES
par Géraldine Gomez et Charlène Dinhut programmatrices de Hors Pistes
Cette page donnait jusqu’à présent l’occasion d’inviter des personnalités extérieures au Centre Pompidou à exprimer leur regard sur Hors Pistes. Il nous semblait intéressant de laisser libre court, à partir de la matière que nous proposons, à des pensées diverses et variées. De part le titre de la manifestation et ses contenus singuliers, chaque texte a provoqué des pensées poétiques et fantaisistes. « Hors Pistes dessine un cercle, un rond avec des épines, des histoires trébuchantes », écrivait la journaliste Judith Perrignon en 2009.
L’année dernière, nous avions fait une première incartade à cette tradition. Il s’agissait de marquer un tournant dans la programmation en salle : l’abandon d’une sélection composée uniquement des films les plus récents des artistes au profit de séances « Focus », qui réunissent chacune plusieurs films d’un même artiste. C’est un choix qu’il nous paraît nécessaire de poursuivre. Car l’artiste et son travail sont ainsi davantage mis en lumière et sa démarche y est présentée dans toute sa richesse.
Pour cette édition, nous nous octroyons de nouveau ces quelques lignes. Tout d’abord pour revenir sur l’exposition, qui formule une proposition thématisée, au contraire de la programmation en salle.
Cette exposition prend place dans le Forum -1 du Centre Pompidou ; un espace aussi complexe que passionnant : il n’est ni un véritable lieu d’exposition, ni uniquement un lieu de passage. C’est un espace gratuit, ouvert, lieu de repos, de rendez-vous. Un espace changeant, polyvalent, une surface composée d’un préau et d’un coeur visible de haut, telle une arène. En somme, le Forum -1 prend des airs de place publique, retrouvant les origines du Centre Pompidou. Nous avons chaque année profité de la nature de ce lieu unique pour créer des environnements autour de thématiques choisies. Le Forum -1 est devenu tour-à-tour « Le Stade de l’art », « Le Silence des bêtes » et, en 2013, « À la loupe ». Cette exposition-ci permet à tous de découvrir des installations articulant miniature et image contemporaine. Elle transforme le Forum -1 en un lieu magique fait d’automates, de mini-plateaux de cinéma, de films métamorphosés en livres. Et l’espace expose sa fonction de place publique grâce à l’artiste Mohamed Bourouissa, présent chaque jour pour discuter avec les visiteurs du statut de l’artiste.  
En salle, nous prolongeons et augmentons l’aventure de l’année dernière. La programmation est plus importante et plus variée. Les séances « Focus » font la part belle aux essais, notamment autour de l’urbanité et de l’histoire, mais l’on y trouve également de la fiction, de l’animation, de la performance filmée, du documentaire. Nous avons également souhaité intégrer une dimension de dialogue : plusieurs artistes échangent avec des personnalités d’une autre discipline – écrivains, critiques, musiciens, chanteur.
Hétérogène, le programme d’Hors Pistes 2013 est d’une grande richesse. Nous avons hâte de vous retrouver pour cette édition.

L’EXPOSITION À LA LOUPE
Hors pistes choisit cette année un sujet intimement lié à l’image et qui s’en joue : la MINIATURE.
En effet, le mouvement qu’elle implique : gros plan, plan large, plan rapproché, zoom arrière, zoom avant, sont autant de changements d’échelle propres à la grammaire du médium.
L’image transforme le petit en grand, un minuscule décor devient une gigantesque ville, un infime mouvement se métamorphose en une immense bataille et un petit personnage devient un colosse, telle est la magie de l’image, de Méliès à Kubrick.

Installations
La dizaine d’installations proposée joue sur la transformation du réel par l’image tout en exposant le processus même de cette transformation.
Entre autres, Jennifer et Kevin McCoy revisitent les trucages propres au cinéma avec  Eternal Return et Traffic Series et leur dizaine de caméras braquées sur trois grandes maquettes : un désert, un bal et un embouteillage.
David Guez présente le Disque dur papier : un dispositif unique permettant le stockage de données numériques sur un support « papier » via la miniaturisation du code informatique des fichiers et propose pour Hors pistes le disque dur papier du code informatique du film La Jetée de Chris Marker.
Avec L’Utopie d’August Sander, Mohamed Bourouissa qui scanne des humains - et plus  particulièrement les demandeurs d’emploi - pour les réduire à de petites statuettes en résine, scanne des artistes venus s’interroger avec lui sur le statut d’artiste. Mohamed Bourouissa  est présent durant tout le festival avec son camion et propose de scanner les artistes présents  et de s’interroger ainsi ensemble et à la vue de tous sur le statut de l’artiste.
Cécile Babiole avec Miniatures - Kits audiovisuels présente une composition musicale réalisée sur la base de sons produits par une imprimante 3D qui chapeaute une mise en scène de minuscules sculptures rendant hommage à la culture audiovisuelle populaire.
On peut découvrir une installation totalement inédite de la documentariste Teri Wehn Damisch avec d’une part sa collection amateur de plus de trois cents miniatures de monuments du monde entier, fruit de nombreuses années de collecte, et d’un film, « Je me souviens », réalisé pour l’ occasion.
Dans l’espace de projection de l’exposition, à noter les films du photographe italien Olivo Barbieri réalisés à l’aide d’une nouvelle technique photographique qui permet de ne maintenir le focus que sur certaines parties de l’image prise (logiciel Tiltshift, disponible sur les smart¬phones) : un monde filmé d’en haut avec beauté et étrangeté.

Conférences
Worlds in Time où Jennifer et Kevin McCoy présentent l’ensemble de leur travail dans une conférence magistrale.
L’art à l’échelle nanoscopique proposée par Olga Kisseleva, artiste-chercheur à l’Institut Acte Cnrs, avec Chloé Pirson (historienne de l’art), Nikki Baccile (chercheur), Margherita Balzerani (commissaire d’exposition et critique d’art) et Stéfane Perraud (artiste) qui réfléchiront ensemble sur le nano-monde que les artistes nous donnent à voir.

Performances
Eva Meyer Keller propose avec Death is Certain un jeu de massacre régressif, transgressif et franchement réjouissant où elle inflige à des cerises une trentaine de façons de périr, comme autant de petits meurtres exécutés en direct !

LES FOCUS ARTISTES
Le Centre Pompidou propose une sélection internationale d’artistes défendus par Hors Pistes dont la démarche artistique novatrice a marqué l’année écoulée. Une séance est consacrée à chaque artiste et propose son tout dernier film ainsi que ses travaux antérieurs, en sa présence.
Quelques temps forts dans le cadre de ces focus :
Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel présentent leur dernier film : Leviathan.
Alex Pou propose La première phrase, dont la projection sera accompagnée par le chanteur Bertrand Belin.
Ben Rivers montre en avant-première The Creation as we saw it.
Sarah Vanagt dont le travail est parcouru par l’Histoire présente en avant-première The Wave, (coréalisé avec Katrien Vermeire).
Barry Doupé dont les films d’animation à l’esthétique approximative comptent parmi les plus  étonnants de la création contemporaine montre en avant-première The colors that combine to make white are important.
Raphaël Siboni et Fabien Giraud présentent une programmation travaillée par une problématique double : la puissance toujours plus importante de la machine et les mondes qui existent hors  de l’homme, sans même qu’il puisse parfois les voir.
Gaëlle Boucand a choisi de dialoguer avec l’écrivain Mathieu Larnaudie, qui viendra lire des extraits de deux de ses livres « La constituante piratesque » et « Les Effondrés »
Erik Bullot offre aux festivaliers son dernier film Faux amis, réalisé en 2011 avec un groupe d’étudiants américains de l’Université de Buffalo, autour des situations d’ambiguïté linguistique entre le français et l’anglais à travers la catégorie des faux amis.
À suivre aussi :
Justin Bennett, Luke Fowler, Go Shibata, Redmond Entwistle, Denis Savary, Anthony Gross, Marie Reinert, Stephan Lugbauer et Beatrice Gibson.


LA SOIRÉE D’OUVERTURE
le 18 janvier 2013 à 20h
Hors pistes invite la performeuse américaine Laura Heit à orchestrer la soirée d’ouverture. Issue  de la très dynamique scène de Portland, l’artiste propose The Matchbox Shows, un jeu d’échelle à partir de boîtes d’allumettes qu’elle manipule.
Ainsi, derrière une table, elle donne vie à son cabaret miniature : un ami mort, un dompteur de tigres, un perfectionniste, un fantôme… Un spectacle miniature, simultanément projeté sur un écran géant derrière la table, dont les détails deviennent alors pleinement visibles.