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“Arno Gisinger” TOPOÏ
au Centre Photographique d'Île-de-France, Pontault-Combault

du 19 janvier au 31 mars 2013



http://www.cpif.net

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, présentation de l'exposition par Arno Gisinger, le 18 janvier 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  © Arno Gisinger, Série Vétérans, 2007.
2/  © Arno Gisinger, Série Invent arisiert, 2000.
3/  © Arno Gisinger, Série Messerschmithalle, 1995.

 


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Interview de Arno Gisinger,
par Pierre Normann Granier à Paris, le 25 janvier 2013. © Samuel Hense, © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Arno Gisinger développe depuis quinze ans une pratique artistique qui lie photographie et historiographie. Inspirés par la pensée allemande de l’entre-deux-guerres et les méthodes de la nouvelle histoire, ses projets proposent une relecture contemporaine de l’écriture de l’histoire et des lieux ou non-lieux de mémoire. Son travail met à l’épreuve la représentation visuelle du passé à travers ses différentes formes et figures : témoins, objets, lieux, images. La fonction de l’archive, le statut du document et la parole du témoin sont au coeur de ses préoccupations artistiques.
La monographie d’Arno Gisinger au Centre Photographique d’Ile-de-France est constituée de travaux majeurs des dernières années (Oradour, Invent arisiert, ou encore Konstellation Benjamin) mis en résonance avec une production réalisée spécifiquement pour le lieu.
Ce projet fait l’objet d’une coproduction européenne réalisée avec le Museum für Photographie Braunschweig en Allemagne, la Landesgalerie Linz en Autriche et le PhotoforumPasquArt à Bienne en Suisse. Il est accompagné d’une importante publication à paraître aux éditions Trans Photographic Press (Paris) et Bucher Verlag (Autriche).

 

« Le domaine des antichambres » par Clément Chéroux
Extraits choisis du livre monographique d’Arno Gisinger Topoï, à paraître aux éditions Trans Photographic Press (Paris) et Bucher Verlag (Autriche).

Photogénie de la mélancolie
« Il est possible de réunir mes différents travaux autour des notions d’absence et de présence, ou de sur-absence et de sur-présence1 » explique Arno Gisinger. Si cette dialectique de l’absence et de la présence intervient dans la manière dont l’artiste négocie à l’image sa propre posture d’auteur, elle est aussi à l’oeuvre dans le traitement de ses sujets. Beaucoup de ses photographies sont vides de toutes présences humaines. Il n’y a plus âme qui vive à Oradour-sur-Glane. Les rues de Nuremberg semblent avoir été désertées. Les lieux autrefois fréquentés par Walter Benjamin ne semblent plus peuplés que de fantômes. Mais à chaque fois, l’absence a le pouvoir de convoquer ceux qui autrefois hantaient ces lieux ; elle ne rend que plus criante leur disparition. Il en va exactement de même avec les objets. Les montres calcinées d’Oradour dont certaines se sont arrêtées à l’heure même du crime, un siège de l’ancienne synagogue de Hohenems qui n’existe plus que sous sa forme photographique, les meubles des familles juives de Vienne spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale, tous ces objets évoquent le souvenir de leurs propriétaires disparus. Ces images de lieux ou d’objets mettent l’absence en évidence. Elles fonctionnent selon la rhétorique de la perte et du manque et témoignent de la disparition de ceux qui vivaient dans ces lieux, comme de ceux auxquels appartenaient ces objets. Elles laissent imaginer la manière dont ils habitaient intimement ces espaces ou le rapport qu’ils entretenaient avec leurs affaires personnelles. Les photographies d’Arno Gisinger sont en fait des portraits in absentia. Ils tirent parti d’une certaine photogénie de la mélancolie. Dans quelques-unes de ses séries, Arno Gisinger semble cependant avoir délibérément cherché à repeupler ses images, c’est-à-dire, en un sens, à réincarner l’histoire. (...)Il y a bien une présence, mais ce n’est pas la bonne. L’absence en devient, de ce fait, encore plus palpable. Dans ce registre de la présence inopportune, la série Plan américain est particulièrement aboutie. Pour aborder les attentats du 11 septembre 2001, Arno Gisinger a adopté une approche différente de celle qu’il utilise habituellement. Plutôt que de photographier ce qui reste, il s’est cette fois-ci intéressé à ce que la tragédie avait produit, ces innombrables objets souvenirs fabriqués après l’événement et qui reproduisent tous une seule et même image, celle des trois pompiers hissant le drapeau américain dans les décombres encore fumantes du World Trade Center. Arno Gisinger a d’abord collecté des dizaines de ces artefacts commémoratifs. Puis il a demandé à un homme d’une soixantaine d’années originaire de New York de poser pour lui avec ces objets à la main. Le malaise domine la série. L’homme regarde ces souvenirs avec une certaine perplexité. Il les examine et les soupèse. Il n’ose jamais vraiment se les approprier. Il les repousse parfois loin de lui, puis les reprend, sceptique. Par ses gestes et son comportement, il incarne la gêne que nous éprouvons à l’égard de ces objets mémoriels. (...)

1.Arno Gisinger, « Regardez avec moi … », entretien avec Étienne Hatt, 8 mars 2006 accessible sur Vite Vu, le blog de la Société française de photographie : www.sfp.asso.fr/vitevu/index.php/2006 / 03 /08 /47-entretien-avec-arno-gisinger