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“Antoine d'Agata” anticorps
au Bal, Paris

du 24 janvier au 14 avril 2013



http://www.le-bal.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, avec la présence des commissaires et de l'artiste, le 23 janvier 2013.

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© Antoine d’Agata, Sao Paulo, 2006. Magnum photos, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris.

 


Texte de Mireille Besnard pour FranceFineArt « La violence comme anticorps »

C'est la proposition d'Antoine d'Agata dont l'œuvre est présentée au Bal jusqu'au 14 avril 2013, dans une exposition, Anticorps, qui se veut une plongée dans le monde de cet artiste, à travers son écriture polymorphe, faite de sons, de textes et d'images.

Un espace de mots
Anticorps est un voyage en deux temps, depuis une salle du rez-de-chaussée à demi-vide, vers celle du sous-sol, aux murs intégralement tapissés des images de l'artiste. Au rez-de-chaussée, quelques palettes d'affiches proposent, telles des marchandises brutes, textes et images de d'Agata. Un fond sonore fait des voix de femmes fondues dans un murmure multilingue envahit la pièce. La traduction de ses murmures est projetée sous forme de sous-titres sur un fond qui reste noir. Ainsi, la salle fait figure d'espace de proposition, rempli de mots où le visiteur pourrait visualiser ses propres images.

Des murs d’images
Puis c'est la plongée dans la pièce du bas, vers les murs d'images de d'Agata, telle une immersion, un peu angoissante, dans le corps, la tête de l'artiste. Des photos tout format, tout support, de l'affiche à l'œuvre encadrée, accolées l'une à autre, sans interstice de respiration, se présentent à nous tel un gigantesque polyptique, où s'entremêlent sans ordre apparent, séries du jour et séries de la nuit. Finie la dichotomie légendaire de l'artiste, photos diurnes et nocturnes sont toutes présentes à nos yeux, enfin réunies.

L’antre du monde
Des images souvent inédites, parfois d'auteurs anonymes, sont mêlées aux photographies que l'on connait mieux, celles des expériences extrêmes de
la « danse du sexe et de la mort », avec ces corps-cris, ces corps-chiffons. On trouve pêle-mêle des paysages meurtris par la guerre, par les politiques publiques, des espaces enclavés, des corps enfermés dans une identité figée, des charniers, des corps à la limite de la jouissance et de la mort. Dans ce trop-plein d'images, c'est à nous de faire notre propre chemin, notre propre lecture, de trouver peut-être un sens. D'Agata nous met en contact direct avec la violence du monde, pour nous en protéger, peut-être.

En tout cas, il y a toujours la possibilité de remonter, de quitter cet espace, et là à la surface, ces femmes à travers leur voix sont soudainement présentes. Les textes imprimés sur fond rouge prennent un autre sens. L'espace n'est plus vide. Alors, on peut sortir, probablement abasourdis et confus, mais déjà avec une autre compréhension du monde de d'Agata.

Anticorps est aussi un livre publié aux Editions Xavier Barral. Par ailleurs, Antoine d’Agata prépare un long métrage qui devrait être diffusé sur Arte en 2013.

 

 

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires : Fannie Escoulen et Bernard Marcadé


Le projet Anticorps d’Antoine d’Agata est composé d’une installation au BAL et d’un livre publié en janvier 2013, aux éditions Xavier Barral, d’environ 2 400 photographies.

 

Antoine d’Agata investi LE BAL en ce début 2013, dix ans après sa première exposition marquante à la Galerie Vu. Dix ans de plus pour une oeuvre qui ne compte finalement que vingt années derrière elle. Dix ans de confrontation, d’immersion toujours plus radicale dans l’épaisseur du monde, ses plaies béantes et ses marges incandescentes. Dix ans d’une lente mutation de son langage vers plus d’abstraction, plus de noirceur, plus d’épure, sans inflexion dans l’exigence qu’il adresse à son oeuvre, qu’il s’adresse à lui-même. Une exigence de vie, de temps, un engagement face à la violence du monde qui l’obsède et le traverse.
Fannie Escoulen et Bernard Marcadé se sont plongés dans un corpus d’images de dizaines de milliers d’images, et de textes aussi. Avec Antoine d’Agata, ils ont pris à bras le corps une matière foisonnante, sédiments infinis de situations provoquées et de scénarios fortuits, une mine inépuisable dans laquelle il a fallu tailler. L’installation au BAL rend compte de l’ampleur de l’oeuvre, des enjeux qui la fondent et de la position d’un homme qui va donner à l’expérience extrême de lui-même et de l’autre un pouvoir de révélation. Cette dérive assumée, consciente, délibérée, ultime dispositif de résistance, donne naissance à l’oeuvre pour ne faire qu’un seul et même objet, cet objet-corps qu’il utilise pour dire l’aliénation contemporaine. L’innombrable, l’indicible, la stupeur, l’extase, le mutisme, de telles figures trahissent le rapport que l’oeuvre d’Antoine d’Agata entretient avec la mort, cette limite à laquelle il s’adresse et contre laquelle il est dressé.
Autour de l’exposition, des rencontres, débats, performances, lectures… afin d’éclairer cette oeuvre dense, nourrie de nombreuses références - littéraires, philosophiques, esthétiques - et des passeurs aussi, qui témoigneront de leur rencontre avec Antoine d’Agata. Enfin, un cycle de cinéma, proposé par un autre compagnon de route, Philippe Azoury, invitera à découvrir un univers cinématographique commun avec Antoine d’Agata.
Diane Dufour, directrice du Bal

ANTOINE D’AGATA
Né à Marseille en 1961, Antoine d’Agata quitte la France en 1983 pour une dizaine d’années. Alors qu’il séjourne à New York en 1990, il s’inscrit à l’International Center of Photography où il suit notamment les cours de Larry Clark et de Nan Goldin. En 1993, il revient en France et interrompt son travail de photographe durant quatre ans. En 1998 paraissent ses premiers ouvrages, De Mala Muerte et Mala Noche. L’année suivante, il rejoint la galerie Vu à peine créée par Christian Caujolle. En 2001, il reçoit le prix Niepce. En septembre 2003 est inaugurée à Paris l’exposition 1001 Nuits, qu’accompagne la sortie de deux ouvrages, Vortex et Insomnia. Il intègre l’agence Magnum en 2004, publie son cinquième livre, Stigma, et tourne son premier court-métrage, El Cielo del muerto. L’année suivante paraît Manifeste. En 2006, il tourne son deuxième film, Aka Ana, à Tokyo. Parmi ses livres récents, on trouve Ice, et Position(s), sortis en 2012.
Sans port d’attaches depuis 2005, Antoine d’Agata photographie à travers le monde et prépare parallèlement le projet Anticorps, composé d’une exposition-installation, présentée en avant-première au BAL en janvier 2013, et d’un livre aux éditions Xavier Barral.
Il prépare son troisième film (Independencia Productions en association avec Arte la Lucarne, sortie mi 2013).
Antoine d’Agata est représenté par la galerie Les Filles du Calvaire qui lui consacrera une exposition du 15 mars au 27 avril 2013.