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“L'apparition des images” page 798
à la Fondation d'entreprise Ricard, Paris

du 29 janvier au 09 mars 2013



http://www.fondation-entreprise-ricard.com

 

 

© Anne-Frédérique Fer, le 29 janvier 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Meris Angioletti, Danza Macabra, 2012 (détail). Courtesy de l’artiste et de la galerie SCHLEICHER/LANGE.
2/  Diogo Pimentao, Documented description, 2012. Courtesy de l’artiste et de la galerie Yvon Lambert, Paris.
3/  Dominique Blais, Ring, 2012. Production La BF15. Vues d'exposition "D'une seconde majeure ou mineure", La BF15 espace d'art contemporain Lyon, France 2012, Courtesy Dominique Blais & Galerie Xippas, Paris.

 

extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Audrey Illouz


Avec Meris Angioletti, Eric Baudelaire, Dominique Blais, Juliana Borinski, Blanca Casas Brullet, Joseph Dadoune, Jacob Kassay, Lisa Oppenheim, Diogo Pimentão, Sébastien Rémy, Simon Starling.

Dans son essai Sur les Traces de Nadar, Rosalind Krauss analyse une image réalisée par Nadar et son frère montrant le mime Charles Debureau avec un appareil photographique « mimant l'enregistrement de sa propre image » (Charles Debureau, 1854). Elle attire l'attention sur la nature réflexive de cette image à travers l'usage de la surface blanche créée par le costume du mime et une série de traces que constituent les ombres de la main et de l'appareil qui se détachent sur ce fond blanc. Comme elle l'écrit « ce à quoi cette photographie aspire, c'est à dépasser son statut de simple véhicule passif du jeu du mime. Elle est censée représenter la photographie elle-même en tant que miroir complexe. L'image photographique (...) met en scène dans le même temps son propre processus de constitution en trace lumineuse... ». La nature réflexive de la photographie apparaît donc à rebours constitutive de son histoire.
Cette exposition s'intéresse aux liens qui se tissent entre la nature protocolaire de la photographie argentique et la nature processuelle de pratiques post-conceptuelles. La photographie argentique relève d'un protocole méticuleux dont le développement et le tirage (révélateur, bain d'arrêt et fixateur) en laboratoire constituent des étapes nécessaires à l'apparition des images. Alors que la photographie argentique devient obsolète, sa nature protocolaire resurgit paradoxalement et génère des œuvres où la chaîne de production d'une photographie est démantelée. Les procédés physico-chimiques ne sont plus exclusivement le moyen d'apparition de l'image, mais l'objet même d'une œuvre qui peut dériver vers d'autres media (peinture, sculpture, installation...). Dans l'exposition, les œuvres de Blanca Casas Brullet, Dominique Blais ou Juliana Borinski sont emblématiques de ce détournement. Les sculptures Esborralls de Blanca Casas Brullet sont des papiers pliés rigidifiés par une couche d'argent dont la matière sert littéralement à former l'image. Dans l'installation Ring de Dominique Blais le résidu de bougie coulé dans le bronze rappelle la flamme qui se consumait devant la boîte sténopé. Au cours de la projection LCD (Liquid Crystal Display) de Juliana Borinski, une diapositive enregistre le phénomène de cristallisation en même temps qu'elle le diffuse.
Dans le destin chaotique de la photographie teinté paradoxalement dès ses débuts de positivisme et de croyance, décortiquer les constantes d'un phénomène quasi-magique, en conserver les rites, relèverait presque d'une gageure romantique. Inscrire le processus de fabrication des images dans l'image même comme une tentative de conservation (Lisa Oppenheim, Heliograms, 2011) ou au contraire comme une mise à mal d'un art éminemment reproductible (Sébastien Rémy, Monique Simonet, Spiricom, 2010) sont autant de pistes qui parcourent cette exposition où les sels d'argent n'ont pas fini d'interférer avec la matière, non plus dans le but avoué de capter le réel mais au contraire de composer avec ces particules élémentaires une alternative à sa représentation.
Audrey Illouz