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“Phill Niblock, une rétrospective” Nothin’ but Working
au Musée de l'Elysée, Lausanne

du 30 janvier au 12 mai 2013



http://www.elysee.ch

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Légendes de gauche à droite :
1/  © Phill Niblock. De la série Streetcorners in the South Bronx, 1979. Présentée au Musée de l’Elysée.
2/  © Phill Niblock, De la série Underground Gallery Exhibition, 1966. Présentée au Musée de l’Elysée.
3/  © Phill Niblock, Japan89, 1989. Présentée Circuit.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat de l’exposition
Une exposition de Mathieu Copeland, sur une proposition de Circuit
Coordonnée pour le Musée de l’Elysée par Lydia Dorner

 

Né en 1933, Phill Niblock propose depuis plus de 50 ans au travers d’un « Art Intermedia » une oeuvre pluridisciplinaire. Associant musique minimaliste, art conceptuel, cinéma structurel, art systématique ou encore politique, Niblock s’active à transformer notre perception et notre expérience du temps.
Sur une proposition de Circuit, les photographies, films, installations et l’intégralité de sa musique enregistrée sont réunis au sein de cette première exposition rétrospective consacrée à l’entier de l’oeuvre de Phill Niblock. Cette exposition de Mathieu Copeland est présentée conjointement à Circuit, centre d’art contemporain et au Musée de l’Elysée à Lausanne.
Reconnu comme l’un des grands compositeurs expérimentaux de notre époque, Phill Niblock débute sa carrière artistique comme photographe. Originaire d’Indianapolis, passionné de jazz, il s’installe à New York en 1958. Niblock débute la photographie en 1960 et pendant quatre ans se spécialise dans les portraits des musiciens de jazz tels que Charles Mingus, Billy Strayhorn et Duke Ellington, qu’il accompagne fréquemment en enregistrement et en concert. Au milieu des années 1960, il passe de la photographie au film et, au contact de la chorégraphe et fondatrice d’Experimental Intermedia, Elaine Summers, devient caméraman pour les danseurs et chorégraphes du Judson Church Theater, dont Yvonne Rainer et Meredith Monk. A partir de 1968, Niblock se consacre à la musique et compose ses premières pièces qui doivent — comme le précise l’artiste — être écoutées à fort volume pour en explorer les surharmoniques (overtones).
Depuis le milieu des années 1960, son oeuvre photographique réalisée en argentique dépeint l’architecture et l’urbanisme new-yorkais. La séquence et l’agencement des vues proposent une cartographie du lieu et de l’objet photographiés, tels que les édifices abandonnés de Welfare Island (aujourd’hui Roosevelt Island) en 1966, le quartier désaffecté au sud du Bronx en 1979 ou les façades du district de SoHo Broadway en 1988. A partir de 1966, Niblock s’engage dans une réflexion sur la production d’images en mouvement au travers de séries de films et suites de diapositives. Produit entre 1966 et 1969, Six Films, une suite de courts métrages sonores réalisés en 16 mm, annonce sa démarche expérimentale au travers de portraits d’artistes et musiciens, dont Sun Ra et Max Neuhaus.
Dès 1968, l’artiste expérimente l’association de ses productions visuelles à son oeuvre musicale pour créer des compositions architecturales et environnementales. La série des Environments, recréée au Musée de l’Elysée par l’artiste pour la première fois depuis sa dernière présentation en 1972, extrait, par l’image, la réalité de plusieurs environnements, tout en créant un environnement temporaire dense et intense d’images projetées, de musique et de mouvements dans l’espace du musée.

En parrallèle, l’exposition à Circuit, centre d’art contemporain, Lausanne
Présentée pour la première fois dans son intégralité, rééditée et remasterisée par l’artiste pour la rétrospective, la série de films The Movement of People Working (Le mouvement des gens qui travaillent) dépeint le travail humain dans sa forme la plus élémentaire. Filmé entre 1973 et 1991 en 16 mm couleur, puis en vidéo, dans des lieux comme le Pérou, le Mexique, la Hongrie, Hong-Kong, l’Arctique, le Brésil, le Lesotho, le Portugal, Sumatra, la Chine et le Japon — avec plus de 25 heures de film en tout, The Movement of People Working se concentre sur le travail pris comme une chorégraphie de mouvements et de gestes, sublimant la répétition mécanique et pourtant naturelle des actions des travailleurs. Phill Niblock explique avoir commencé The Movement of People Working « par nécessité, car ma musique s’accompagnait de danse simultanée, et c’était trop laborieux et trop onéreux de tourner avec tout ce monde. Alors j’ai fait ces films, que je pouvais projeter pendant que je jouais. »
Les films sont accompagnés par la collection de lentes compositions musicales évolutives de Niblock, à l’harmonie si minimaliste, composées entre 1968 et 2012. Le volume sonore utilisé lors de la diffusion de ces longs drones en offre une expérience viscérale, et vient animer les harmoniques toutes scintillantes, palpitantes. Ses partitions, présentées dans l’exposition sous forme de photostats réalisés pour son exposition personnelle à l’ICA de Londres en 1982, sont les instructions de mixage du compositeur – celles-ci ne sont pas utilisées par le musicien lors de la performance, il joue avec les enregistrements, se déplaçant dans l’espace, en créant parfois des correspondances de tonalités sur l’enregistrement ou alors en créant des dissonances. Il en résulte un mouvement constant de rythme/pulsation battement, et des harmoniques changeantes en continu lors de ses déplacements dans l’espace. La superposition des tons vient faire écho à la répétitivité de l’activité des ouvriers ; sur chaque écran, la succession des films (qui changent tout au long de la journée), combinée avec un programme aléatoire qui choisit au hasard différentes compositions musicales, résultent en un renouveau permanent des formes, proposant sans cesse de nouvelles juxtapositions de son et d’images.
The Movement of People Working tient un propos fort, politique et social, que le titre met bien en évidence et qui se manifeste par la proximité avec les travailleurs. En cela, cette série de films peut faire écho au travail de certains cinéastes comme Jean-Luc Godard et Chris Marker qui, dès 1967, donnèrent la caméra aux ouvriers en leur expliquant les rudiments techniques du cinéma afin qu’ils puissent réaliser leurs propres films. Dans un fascinant retournement de la situation, plutôt que de faire de la fiction ou du pur documentaire, certains ouvriers formèrent les groupes Medvedkine et décidèrent de se filmer en train de travailler.