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“Gilles Caron” le conflit intérieur
au Musée de l'Elysée, Lausanne

du 30 janvier au 12 mai 2013



http://www.elysee.ch

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Légendes de gauche à droite :
1/  Gilles Caron. Guerre civile au Biafra, Nigéria, novembre 1968 © Fondation Gilles Caron.
2/  Gilles Caron, Transport d’une victime de la famine due à la guerre civile au Biafra, Nigéria, juillet 1968 © Fondation Gilles Caron.
3/  Gilles Caron, Bataille de Dak To, Viêt Nam, novembre - décembre 1967 © Fondation Gilles Caron.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition
Michel Poivert, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Jean-Christophe Blaser, Conservateur, Musée de l’Elysée

 

Mémoire visuelle d’une époque, Gilles Caron (1939-1970) a relaté par l’image la chronique des grands conflits contemporains (guerres des Six Jours, du Viêt Nam, au Biafra et en Irlande du Nord, Mai 68, répression du Printemps de Prague...) Il finira par payer cet engagement de sa vie, lors d’un reportage au Cambodge.
Mobilisé comme parachutiste lors de la guerre d’Algérie, témoin des brutalités infligées aux civils, il a cherché, en se lançant dans le photojournalisme, à passer de l’autre côté de la barrière pour faire comprendre la situation de populations prises dans l’engrenage de la guerre. Une expérience dont il ne ressortira pas apaisé moralement. Parti avec une vision héroïque de la photographie de guerre, Gilles Caron finira par s’interroger sur la finalité de son métier : peut-on se contenter d’un rôle de témoin, de spectateur? Il est l’un des premiers dans la profession à présenter les symptômes d’un conflit intérieur, d’une crise morale. L’un des premiers à pratiquer une forme d’introspection désillusionnée qui mène le reporter à retourner progressivement la caméra vers lui-même, devenir l’objet du récit photographique.
Pendant la guerre des Six Jours et au Viêt Nam, au début de sa carrière, son intérêt se porte sur des figures inactives —militaires ou prisonniers— absorbées dans leurs pensées, en train de lire, d’écrire ou de méditer. Pendant la guerre du Biafra, Caron se révèle très sensible à la condition des enfants et autres victimes. En Mai 68 et en Irlande du Nord, il accorde beaucoup d’attention à ces acteurs emblématiques que sont les lanceurs de pavés ou de cocktails Molotov, incarnations de la guérilla urbaine. Son inventivité n’apparaît jamais mieux qu’à l’occasion des reportages réalisés dans les combats de rue, où son objectif transforme les manifestations en véritables chorégraphies.
Reporter de guerre, régulièrement confronté à des situations extrêmes, Caron n’est pas pour autant indifférent au spectacle des sixties, à la Nouvelle Vague et à la jeune scène musicale. Il lui arrive de travailler comme photographe sur les plateaux de Godard ou de Truffaut et même comme photographe de mode. Ce détour par le cinéma et la mode peut sembler très différent du reste de son travail. Il n’est cependant pas sans laisser de traces dans son langage formel, comme en témoignent ses reportages des manifestations au Quartier latin ou en Ulster.
L’exposition s’achève sur un portrait anti-héroïque du photoreporter. Cette conclusion, capitale pour l’histoire du photojournalisme, démontre que la conscience de Caron et d’autres photoreporters devient à la fin des années 1960 une conscience malheureuse. Culpabilité, narcissisme, parodie ou ironie… on ne sait plus vraiment quelle image ils se font finalement d’eux-mêmes.

 

 

Regroupant 150 images et documents d’archives provenant de la Fondation Gilles Caron, de la collection du Musée de l’Elysée et de collections privées, l’exposition propose un parcours en six temps permettant de redécouvrir l’un des plus importants photoreporters du 20e siècle :

1 - Héroïsme
La conscience de l’événement
Surnommé le « Capa français » par Henri Cartier-Bresson, Caron  offre sur les différents théâtres d’opération militaire des preuves de  son audace et de ses qualités de reporter.

2 - Regard intérieur
L’Homme aux prises avec l’Histoire
Cette partie illustre les choix récurrents de Caron pour des figures absorbées, fragilisées par l’événement : prisonniers militaires, victimes civiles, soldats représentés en train de réfléchir et de lire, en train de contempler et de guetter, soit pour une iconographie de l’inaction inédite.

3 - Douleurs des Autres
Figures et icônes compassionnelles
Il s’agit ici de montrer la profonde sensibilité du photographe face à la douleur des autres. Le cas des enfants faméliques, la figure de l’enfance sacrifiée par les conflits marque le début d’une iconographie compassionnelle moderne.

4 - Révolte
Manifs et guérillas : l’icône du lanceur
Dans ses portaits de révoltés (ouvriers, paysans, étudiants), Caron accorde une importance particulière à la figure du lanceur : David contre Goliath. Cette représentation des corps au combat s’offre comme une chorégraphie qu’il décline de Paris, en Mai 68 à Londonderry et à Prague.

5 - Nouvelle Vague
Passion de la jeunesse sixties
Caron donne une représentation de la jeunesse qui passe aussi  bien par les égéries sixties (les actrices, les chanteuses) que par la rue et les universités. De plus, il connaît l’expérience des reportages sur les tournages de Truffaut et Godard.

6 - La dernière image
Le reporter comme objet du reportage
Après le Biafra et le Tchad, le doute s’installe. L’objectif de l’appareil se retourne vers le reporter et ses confrères. Les images de reportage documentent l’acte même du photoreporter. C’est un portrait en demi-teinte, anti-héroïque, que Caron nous livre du métier de photojournaliste.