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“Eduardo Pisano, peintre espagnol” Montparnasse, terre d’asile
au Musée du Montparnasse, Paris

du 1er février au 17 mars 2013



www.museedumontparnasse.net

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse par Eric Licoys et Caroline Larroumet, le 4 février 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Eduardo Pisano, Chevaux aux gardiennes sans voiles, huile sur toile, 98x78cm. © Pisano – collection privée.
2/  Eduardo Pisano, Nature morte aux fruits, huile sur papier, 46x55cm. © Pisano – collection privée.
3/  Eduardo Pisano, Le Bain, huile sur papier, 56x46cm. © Pisano – collection privée.



Texte de Sylvain Silleran pour FrancefineArt


L'exposition s'ouvre sur un autoportrait du peintre, mais Eduardo Pisano a peint très peu de portraits, délaissant délibérément l'expression des visages pour explorer la sensualité des corps. Il peint des courbes fortes, rondes, érotiques qui se retrouvent aussi bien dans ses nus féminins que dans le mouvement d'un cheval, d'un taureau, la posture d'un torero ou le galbe de fruits dans une corbeille. Des évocations florales vives qui rappellent les bouquets de fleurs que sa mère confectionnait. Ces jaillissements de lumières et de couleurs, parfois tendant vers l'abstraction, constituent le vocabulaire de sa peinture, traits puissants et parfois brutaux, pure énergie de vie. C'est en reculant que l'on voit tous ces mots former des phrases et raconter un pays, une culture, la beauté et la force des femmes. Célébration de la vie, de la culture et témoignage d'un temps révolu, l'Espagne d'avant la guerre civile, la peinture d’Eduardo Pisano exorcise le sentiment de l'exil et revisite la mémoire de sa région natale, la Cantabrie.

Peintre de l'intériorité, c'est dans son atelier de Montparnasse qu'il peint des souvenirs d'ailleurs: paysages marins, travaux des champs, collines et montagnes, danseurs et saltimbanques. Sur un fond ocre et gris, hérité de Goya, des couleurs vives s'animent, matière épaisse, charnelle. Au fil du temps Pisano expérimentera sans relâche et libèrera sa peinture de ses influences, pour exprimer une rage de vie et de liberté qui n'est pas sans lien avec le travail d'artistes des générations suivantes comme Basquiat.

Le parti pris de cette rétrospective, à travers un classement par thèmes : nus, paysages, culture espagnole, respecte la volonté du peintre de ne pas dater ni intituler ses tableaux, laissant le spectateur libre de ses impressions et de son interprétation. Les œuvres juxtaposées forment un dialogue, confrontant différentes périodes et différentes techniques.

Car ce qui caractérise le travail de Pisano, c'est son total investissement dans son art. Ne poursuivant pas les honneurs ni la reconnaissance, il construit et déconstruit sa peinture, repoussant les limites de son expression picturale. Ici un paysage peint à grands aplats de matière tactile et organique côtoie une scène peinte avec une brosse sèche, ou l'économie de matière est magnifiée par une maitrise du tracé. L'outil et les matériaux se laissent voir, larges traits peints à la brosse, presque des aplats, dont l'assurance du mouvement donne force et énergie à l'image. Les couleurs vives envahissent l'espace, comme les rouges, jaunes et verts de ce portrait de femme portant un bouquet.

Sylvain Silleran


 

 

extrait du communiqué de presse


Président du musée : Jean Digne
Exposition conçue à l'initiative d'Eric Licoys
Chef de projet de l'exposition, Caroline Larroumet

 


Du 1er février au 17 mars 2013, le Musée du Montparnasse présente Montparnasse, terre d’asile; Eduardo Pisano, peintre espagnol première exposition de la série « Montparnasse, terre d’asile, terre d’exil ». Le musée continue ainsi d’inscrire sa programmation autour des grandes aventures artistiques de ce célèbre quartier et présente une collection inédite de peintures, dessins et monotypes du peintre de l’Ecole Espagnole de Paris, Eduardo Pisano (1912-1986).

Cette exposition qui rassemble une soixantaine d’oeuvres de l’artiste permet de redécouvrir un peintre de la génération d’Antoni Clavé, Manuel Angel Ortiz, Ginés Parra, Emilio Grau Sala, Pedro Flores. Ces artistes participèrent à l’essor de la peinture d’après-guerre à Montparnasse ainsi qu’à l’émergence d’une Ecole Espagnole de Paris. Il exposa dés 1946 des oeuvres de style cubiste aux côtés de Pablo Picasso, Hernando Vines, Oscar Dominguez, Ginés Parra puis trouve son inspiration auprès des grands maîtres de la peinture espagnole : Goya par la force de ses thèmes picturaux évoquant l'Espagne profonde (gitans, saltimbanques, toreros), Le Greco par son maniérisme lyrique et coloré , et Georges Rouault par cette force dramatique préfigurant ainsi l’émergence d'un expressionnisme dit baroque dans lequel la couleur, le trait, l'énergie et le drame constituent les éléments d'un style profondément original.

Soldat républicain pendant la guerre civile, expulsé de son pays en 1939, Pisano a subi l’humiliation des camps d’internements français, puis celle des travaux forcés par les troupes d’occupations nazies. Après un long exil, c’est à Bordeaux qu’il retrouve sa liberté. Il s’installe à Arcachon en 1945, puis à Paris en 1947.
Malgré l’exil, le peintre n’a jamais abandonné ses racines espagnoles, pas plus que son folklore : ses toiles sont ainsi habitées par des figures de saltimbanques ou de gitans, évoquées par Baudelaire, Apollinaire ou Verlaine. Pour Pisano, créer c’est se souvenir.
Cette tradition du folklore espagnol est très importante dans son oeuvre, cela lui permet de se souvenir avec bonheur de son enfance entourée de ses parents (tauromachie, flamenco, cirque…), il peint aussi beaucoup de paysages et de nombreuses natures mortes, dans lesquelles, les compositions florales dominent. Le thème des femmes nues nourrit également son travail. D’un trait sur et hardi, il esquisse des silhouettes cernées avec force. Sensuelles et solides, opulentes et vivantes, elles montrent dans ce thème bien plus qu’ailleurs, la puissance créatrice de Pisano.

Dans les années 1970, Pisano élabore une nouvelle technique qu’il appelle « monotype ». Elle lui permet d’évoluer vers l'abstraction où sa palette s'éclaircit et devient plus lisse. A la différence de ses oeuvres d’inspirations plus réalistes ou l'artiste commençait par le noir pour aller vers la couleur donnant ainsi une intensité dramatique à son travail, il crée autour du blanc qui devient alors, couleur et lumière. La couleur, disait Matisse, est une libération, Pisano, affranchi du poids de son passé, est-il en train de peindre avec plus de légèreté le retour de la démocratie dans son pays ?