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“arrrgh !” monstres de mode
à la Gaîté Lyrique, Paris

du 13 février au 7 avril 2013



www.gaite-lyrique.net

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 12 février 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Bart Hess, “Echo“, 2011, © Bart Hess.
2/  Alexis Themistocleous, “Out of this World“ collection, 2010, photo: Demetris Vattis.
3/  Manon Kündig, “Bowerbird“, MA collection Antwerp Fashion Department, 2012, © photo: Michaël Smits.



 

texte de Sylvain Silleran pour FranceFineArt

 

Les monstres ne font pas tous peur. Les créatures qui ont envahi l'espace de la Gaité Lyrique sont difformes, certes, mais elles sont joyeuses et colorées, formant une parade presque sonore tant l'extravagance des couleurs, des formes et des textures leur donne vie. L'exposition remixe mode, design et graphisme en présentant des costumes qui deviennent des sculptures, comme le collant-kalashnikov de Pierre-Antoine Vettorello ou les nuages qui marchent de Walter Van Beirendonck. Naissant d'un cocon de feutre blanc ou prolongeant le corps de tentacules et d'excroissances, le vêtement métamorphose les corps et concrétise nos rêves et nos cauchemars. Il devient par ailleurs un masque cachant les visages pour mieux brouiller nos identités.

Ces monstres naissent de nos fantasmes et nos peurs, et les détournent avec ironie, telles ces burqas portatives de Craig Green. Les personnages de Charlie Le Mindu dont les corps disparaissent sous d'imposantes masses de cheveux présentent un troublant mélange de séduction et d'effroi, soulignant combien attirance et répulsion sont liées. Ces monstres ludiques de tissu, de tricot ou de polystyrène font renaître notre part d'enfance et nous rappellent le temps où nous jouions à nous faire peur.

D'autres œuvres matérialisent les multiples avatars que nous incarnons dans notre deuxième vie, celle qui est virtuelle. Vêtements-écrans imprimés de portraits en gros plan ou motifs camouflage pour mieux disparaître. Costumes ludiques comme ceux de Cassette Playa, évoquant les pixels des personnages de jeux vidéos ou des memes internet. Les personnages de Pictoplasma, surgis d'un bestiaire de dessins animés japonais, permettent à un imaginaire fantastique de venir peupler notre quotidien. Nous sommes invités à porter et à afficher nos identités numériques en grandeur nature et c'est peut-être cela qui les rend monstrueuses.

La mode comme redéfinition de soi, de son identité, somme de tous les personnages que l'on joue. Une mode non plus prescrite par des designers autorisés mais réinventée par chacun de manière interactive. Ces monstres sont issus de l'éclatement d'une unique notion du beau en une multitude d'expressions et de sensibilités, car aujourd'hui tout le monde est un artiste et fabrique sa propre interprétation de la culture, collage global pop d'images, de logos et d'icônes. Si ces vêtements ne sont pas destinés à être portés dans la rue, ils sont la manifestation de notre imaginaire où l'individuel et le collectif sont étroitement connectés et produisent de nouveaux styles et une nouvelle esthétique.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse

 

commissaires :
Vassilis Zidianakis & Angelos Tsourapas, membres du collectif Atopos cvc.

 

La Gaîté lyrique invite le collectif grec Atopos pour ARRRGH ! Monstres de Mode, première exposition internationale de mode dédiée aux créations monstrueuses, énigmatiques ou grotesques inspirées par le phénomène du character design.

Edito
« ARRRGH ! » Cri de surprise, de peur et d’angoisse ! Inquiétude refoulée qui ne demande qu’à s’échapper, mais ne parvient pas à s’exprimer. C’est la colère intérieure gardée contre nous‑mêmes ou contre les autres. Cet « Autre » s’oppose à nous, mais nous souhaitons vraiment communiquer avec lui, bien qu’il soit bizarre, différent, incompréhensible, bien qu’il ait l’air d’un Monstre à nos yeux.
Qu’est-ce qu’un Monstre? Dans la Grèce antique, à part le sens évident qu’il possède encore aujourd’hui, le mot « monstre » désignait toute chose étrange qui se devait d’être expliquée. Les Monstres n’étaient pas seulement les bêtes hideuses, surnaturelles et effrayantes, mais également des phénomènes divins et extraordinaires du monde et de l’univers qui nous entourent. Tout ce qui ne pouvait être expliqué était un Monstre.
Les Monstres de ARRRGH ! forment une exposition dédiée à la mode et extraite du dernier livre d’ATOPOS : NOT A TOY, Fashioning Radical Characters , première enquête approfondie sur l’influence croissante de la création contemporaine de personnages dans la mode. Des créateurs célèbres ou à la réputation grandissante interrogent les possibilités du corps humain et redéfinissent la relation entre le corps et le vêtement. Ils remettent en cause notre perception de la beauté (et de la laideur) en enveloppant le corps, en masquant le visage et en déformant la silhouette humaine, ils mélangent et ils bousculent les nouveaux codes de communication de l’apparence et du vêtement.

L’exposition – extrait -
Arrrgh ! Monstres de mode est la première exposition internationale dédiée aux créations monstrueuses, audacieuses ou grotesques inspirées par le phénomène du character design. 58 artistes et créateurs de mode et plus de 80 costumes et installations rassemblés en une seule et unique oeuvre d’art : Arrrgh ! Monstres de mode. Avec une grande particularité : les mannequins s’émancipent des podiums et des vitrines et ainsi, les visiteurs de la Gaîté lyrique se rapprochent d’eux, se retrouvent à la même hauteur, les distances sont abolies, pour qu'ils puissent vraiment regarder ces monstres en face et se comparer à eux. À quel point sont-ils différents ? Sont-ils plus à l’aise que nous dans leur corps et dans leur style ?
Le grand public est invité à venir visiter l’exposition, à rencontrer de nouveaux amis : des monstres directement échappés des défilés de mode, prêts à envahir Paris. Les visiteurs n'ont pas forcément peur, mais peut-être devront-ils remettre en question leur propre conception de la beauté et de l’identité. Toutes les formes de monstres sont présentés, les effrayants, les étranges, les gênants ou bien les beaux et les sexy. « La beauté naturelle » n’a pas sa place dans l’exposition Arrrgh ! Monstres de mode. Ce qui est beau et attirant de nos jours a pu être considéré comme horrible à une autre époque ou à un autre endroit. Ce qui est sain ou malsain, la définition de la beauté ou de la laideur, réside vraiment dans les yeux de celui qui regarde.
Avec Arrrgh ! Monstres de mode, la Gaîté lyrique se voit transformée, tout en respectant l'architecture du bâtiment ; cependant les monstres qui viennent tout juste de s’échapper ont laissé derrière eux un joyeux désordre : dans le monde de la mode contemporaine, le corps humain est perpétuellement transformé, métamorphosé en une créature méconnaissable, bizarre et souvent monstrueuse. Ces corps surprenants se caractérisent par l’hybridation, la transgression des limites, la parodie, l’humour et le détournement. Cette approche s’observe chez les créateurs comme chez tous ceux qui combinent la mode avec l’art et la performance. Ils recouvrent et dissimulent le visage, ils revêtent le corps humain de couleurs éclatantes, d’incroyables éléments abstraits et de silhouettes surnaturelles. Les œuvres de Walter Van Beirendonck, Jean-Paul Lespagnard, Cassette Playa, Hideki Seo ou encore Pierre-Antoine Vettorello en sont de parfaits exemples.
Arrrgh ! Monstres de mode ne considère pas seulement la mode comme un art appliqué ou une manière de communiquer. L’exposition se concentre sur la mode en tant que forme d’art visuel dont l’objectif est d’exprimer la personnalité et la relation de l’individu avec le monde. Les créations de Henri Vibskov et Charlie Le Mindu déplacent le spectateur au centre même de leur univers.